Numéro coordonné par Sebastien Haissat
Selon leurs cultures, les sociétés humaines construisent des normes qui prescrivent ce que doit être un homme ou ce que doit être une femme (Mead, 1963). D’une part, la famille, principalement les parents proches, mais aussi l’entourage social de la personne, participent à la transmission d’attitudes, de comportements et d’attentes sociales qui définissent des modèles de la féminité et de la masculinité auxquels il faudrait se conformer. Une étude de Curt Hoffman et Nancy Hurst montre que les parents ont des attentes différentes selon le sexe de l’enfant : ils souhaitent davantage que leur fils soit volontaire, travailleur, intelligent et ambitieux et que leur fille soit plutôt aimable, gentille, attirante et devienne une bonne mère (Hoffman & Hurst, 1990). D’autre part, les médias contemporains, particulièrement présents dans nos sociétés de consommation, véhiculent également des stéréotypes (Biscarrat, 2013) qui exercent une influence normative culturelle. Ainsi, la télévision, le cinéma et la presse par exemple, constituent des instances de socialisation non négligeables qui agissent dans la construction des identités de genre (Julliard, Quéméner, 2014), notamment à travers les discours qu’ils véhiculent (Courbières, 2013).
Cet appel à contribution propose de réfléchir plus particulièrement sur les modèles de l’idéal féminin diffusés à travers les médias contemporains, de la littérature aux jeux vidéos, en passant par les bandes dessinées, le cinéma et les séries télévisées. On entend par idéal le fait qu’ils soient présentés comme des exemples de perfection, en raisons de leurs qualités et de leurs caractéristiques, que ces modèles soient possibles à atteindre ou non. Plus précisément, il s’agit d’engager un regard critique sur la façon dont l’idéal féminin est représenté par les médias et/ ou sur la manière dont ces représentations sont reçues par le public. Les travaux proposés pourront s’appuyer sur des personnages réels (femmes sportives, politiciennes, actrices, pop stars, etc.) ou des personnages de fiction (super-héroïnes, avatars de jeux vidéos, etc.).
Dès lors, plusieurs pistes sont envisageables pour décrire, analyser et expliquer comment ces modèles de l’idéal féminin sont exprimés dans les médias contemporains : quels messages et significations diffusent-ils ? Existe-t-il des modèles dominants, des standards ? Comment ces modèles ont-ils évolués ? Selon quelles normes ou caractéristiques sont-ils présentés comme des idéaux de référence ? Dans quelles mesures constituent-ils des guides de conduites et de savoirs pratiques ? Quelles sont ses représentations iconographiques (comment, par exemple, les héroïnes de fiction ou les pop stars sont-elles mises en scène) ? Dans quelles mesures ces modèles sont-ils rattachés à des figures mythiques et historiques ou se font-ils l’écho d’un discours idéologique sur le monde et l’ordre social ?
Une attention particulière peut également être apportée à la réception de ces modèles afin d’éviter une analyse trop empreinte de déterminisme médiatique (Hall, 1980 ; Certeau, 1980) : comment sont-ils interprétés selon les caractéristiques sociales des publics concernés ? Sont-ils vécus comme des contraintes ? Quel est le degré d’appropriation et d’intériorisation de ces modèles ? Dans quelle mesure sont-ils relativisés, bricolés, reconfigurés ou détournés ? Enfin, est-il possible d’ignorer ou de s’opposer aux diktats associés à ces figures idéales de la féminité présentées comme des sources d’inspiration, sans risquer le dénigrement, voire l’exclusion par les pairs ? Par exemple, les femmes peuvent-elles se permettre de prendre pour référence des modèles qui valorisent la combativité et la violence ou qui s’écartent des normes de beauté féminines dominantes sans risquer la stigmatisation ?
Les articles, rédigés aux normes de la revue, devront être envoyés jusqu’au 30 novembre 2019 à l’adresse suivante :
sebastien.haissat@univ-fcomte.fr
Ils ne doivent pas dépasser 50 000 (notes et espaces compris) et doivent être accompagnés d’un résumé et de cinq mots-clés en français et en anglais.
Les articles devront répondre aux normes de rédaction présentées à l’adresse suivante : http://www.revue-interrogations.org/Recommandations-aux-auteurs
Publication du numéro : décembre 2020.
Biscarrat Laetitia (2013), « L’analyse des médias au prisme du genre : formation d’une épistémè », Revue française des sciences de l’information et de la communication, n°3, juillet 2013, [En ligne] https://journals.openedition.org/rf…
Certeau Michel (de) (1990 [1980]), L’Invention du quotidien I. Arts de faire, Paris, Seuil.
Courbières Caroline (2013), « Représentations du féminin : sexe, concept et définitions », Communication & langages, n° 175, novembre 2013, pp. 141-152.
Hall Stuart (1980 [1973]), « Encoding/decoding », Culture, Media, Language : Working Papers in Cultural Studies, 1972-79, London, Hutchinson, pp. 128-138.
Hoffman Curt & Hurst Nancy (1990), « Gender stereotypes : Perception or rationalization », Journal of Personality and Social Psychology, n° 58, march 1990, pp. 197-208.
Julliard Virginie & Quemener Nelly (2014), « Le genre dans la communication et les médias : enjeux et perspectives », Revue française des sciences de l’information et de la communication, n° 4, novembre 2014, [En ligne] https://journals.openedition.org/rf…
Mead Margaret (1963), Mœurs et sexualité en Océanie, Paris, Plon.
La revue accueille également des articles pour ses différentes rubriques, hors appel thématique à contributions.
♦ La rubrique « Des travaux et des jours » est destinée à des articles présentant des recherches en cours dans lesquels l’auteur met l’accent sur la problématique, les hypothèses, le caractère exploratoire de sa démarche, davantage que sur l’expérimentation et les conclusions de son étude. Ces articles ne doivent pas dépasser 25 000 signes (notes et espaces compris) et doivent être adressés à Émilie Saunier : emiliesaunier@yahoo.fr.
♦ La rubrique « Fiches pédagogiques » est destinée à des articles abordant des questions d’ordre méthodologique (sur l’entretien, la recherche documentaire, la position du chercheur dans l’enquête, etc.) ou théorique (présentant des concepts, des paradigmes, des écoles de pensée, etc.) dans une visée pédagogique. Ces articles ne doivent pas non plus dépasser 25 000 signes (notes et espaces compris) et doivent être adressés à Agnès Vandevelde-Rougale : a-vandevelde@orange.fr
♦ La rubrique « Varia », par laquelle se clôt tout numéro de la revue, accueille, comme son nom l’indique, des articles qui ne répondent pas aux différents appels à contributions thématiques en cours ni aux rubriques précédentes. Ils ne doivent pas dépasser 50 000 signes (notes et espaces compris) et doivent être adressés à Audrey Tuaillon Demésy (audrey.tuaillon-demesy@univ-fcomte.fr) ET Laurent Di Filippo (laurent@di-filippo.fr).
♦ Enfin, la dernière partie de la revue recueille des « Notes de lecture » dans lesquelles un ouvrage peut être présenté de manière synthétique mais aussi critiqué, la note pouvant ainsi constituer un coup de cœur ou, au contraire, un coup de gueule ! Chaque note de lecture peut aller jusqu’à 12 000 signes (notes et espaces compris) et doit être adressée à Florent Schepens : schepens.f@wanadoo.fr. Par ailleurs, les auteurs peuvent nous adresser leur ouvrage pour que la revue en rédige une note de lecture à l’adresse suivante : Sébastien Haissat, UPFR Sports, 31 Chemin de l’Epitaphe – F, 25 000 Besançon. Cette proposition ne peut être prise comme un engagement contractuel de la part de la revue. Les ouvrages, qu’ils soient ou non recensés, ne seront pas retournés à leurs auteurs ou éditeurs.
Comité de rédaction, « AAC N° 31 - Penser les représentations de l’« idéal féminin » dans les médias contemporains », dans revue ¿ Interrogations ?, Appels à contributions en cours [en ligne], http://revue-interrogations.org/Penser-les-representations-de-l (Consulté le 31 octobre 2024).