Nous consacrons trois fiches techniques au protocole d’une recherche sociologique exploratoire. Or, si nous avons abordé dans le premier volet la phase d’élaboration de la question de départ et quelques ‘‘ficelles du métier’’ (comme la tenue d’un journal de terrain) [1], le second volet traite du difficile mais déterminant passage de la question de départ à la problématique de recherche.
Comme dans la précédente fiche technique, nous proposons quelques outils méthodiques, à savoir la réalisation de fiches de synthèse et d’un tableau à double entrée. Ces outils méthodiques, mobilisés dans le cadre des lectures exploratoires, constituent notamment des supports au processus de problématisation de la question de départ.
Par ailleurs, afin d’illustrer notre propos, nous allons nous appuyer sur une recherche exploratoire menée il y a quelques années par un groupe d’étudiants au sein de l’IRTS de Franche-Comté sur l’association ATTAC [2].
Dans un premier temps, nous allons présenter ce qui peut constituer le terrain précurseur d’une recherche exploratoire. Ensuite, nous allons aborder la phase des lectures exploratoires pour enfin aborder la problématisation de la question de départ sur le plan conceptuel.
Lorsque le chercheur débute une recherche exploratoire, il peut aller ‘‘flairer’’ le terrain. Il s’agit alors d’expérimenter la pertinence et la faisabilité de ses premières pistes de recherche, de sa question de départ voir simplement de son thème de recherche, si aucune question de départ n’est encore formulée. Si nous identifions cette phase avec un terme aussi familier que ‘‘flairer’’, c’est afin de clairement la distinguer de la phase de recueil et d’analyse de données (le terrain de recherche proprement dit), qui s’avère quant à elle beaucoup plus méthodique et substantielle. Nulle grille d’entretien, questionnaire ou grille d’observation ne structurent ce terrain précurseur qui ouvre la voie à la recherche et peut néanmoins être d’un vif intérêt.
Aller ‘‘flairer’’ le terrain de l’association ATTAC peut ainsi consister à mobiliser les principales modalités d’expérimentations que sont l’observation (participer à une manifestation alter mondialiste), l’analyse documentaire (lire un article de presse, visionner un film dont ATTAC est l’auteur ou le sujet) et l’entretien.
Concernant les entretiens, il s’agit en l’occurrence d’interroger des informateurs, c’est-à-dire des interlocuteurs qui sont en position de fournir des renseignements concernant l’objet d’étude. Or, trois types d’informateurs se présentent au chercheur :
On peut bien entendu entamer une recherche exploratoire sans interroger de tels informateurs mais ces premiers interlocuteurs possibles, interrogés ou observés, peuvent vous éviter de foncer sans distance critique ou sans la moindre connaissance empirique préalable dans un amas désordonné de lectures et la construction hâtive d’une problématique de recherche.
Le protocole de recherche que nous dessinons ici emprunte à la fois aux raisonnements hypothético-déductif et inductif puisque la problématisation résulte conjointement d’un travail du concept (opéré par des lectures exploratoires) et d’un travail de terrain (le terrain de recherche méthodologiquement mené pouvant être précédé d’un terrain précurseur) [5]. Concernant les lectures exploratoires, elles n’ont aucun intérêt en soi, c’est à dire indépendamment des autres phases de recherche antérieures (question de départ, terrain précurseur), conjointes (terrain de recherche) et ultérieures (problématique, hypothèse). En effet, leurs fonctions consistent :
Afin d’illustrer la participation des lectures exploratoires dans la problématisation du questionnement de recherche, nous allons de nouveau nous référer à la recherche menée par des étudiants sur l’association ATTAC. La première phase clé de leur travail de recherche a alors consisté à formuler leur projet de recherche sous la forme d’une question de départ, laquelle s’est avérée être : « Comment devient-on un militant de l’association ATTAC ? »
A partir de cette question de départ, les étudiants ont délimité leur objet de recherche en mobilisant différentes clés interrogatives qui ouvrent plusieurs pistes de recherche et organisent leurs lectures exploratoires [6].
Nous pouvons formaliser cette articulation liant la question de départ et les lectures exploratoires par le tableau suivant :
Question de départ : Comment devient-on un militant de l’association ATTAC ?
Clés interrog. | Pistes de recherche | Pistes bibliographiques |
---|---|---|
Quoi | - L’association ATTAC - Les mouvements sociaux - L’alter mondialisme |
- ATTAC, Tout sur Attac - E. Neveux, Sociologie des mouvements sociaux - E. Fougier, Dictionnaire analytique de l’altermondialisme |
Qui | - Les militants ATTAC - Les partenaires associatifs et institutionnels d’ATTAC - Les intellectuels précurseurs, fondateurs, références de l’association ATTAC et plus globalement de l’alter mondalisme - Les ‘‘victimes’’ de la mondialisation capitaliste |
- R. Wintrebert, Attac, la politique autrement ? : Enquête sur l’histoire et la crise d’une organisation militante - P. Bourdieu, Contre-feux - B. Caceres, Histoire de l’éducation populaire - P. Bourdieu (dir.), La misère du monde |
Quand | - La trajectoire biographique menant au statut de militant ATTAC en 2007 - Le contexte socio-historique de l’association et de ses différents adhérents - Emergence de la pensée alter mondialiste, de l’association ATTAC et de la plateforme ATTAC Besançon |
- M. Borde Salmona, La transmission des savoirs et les apprentissages : une théorie du nourrissage - J. Ion, La fin des militants ? - V. De Gaulejac et I. Taboada Léonetti, La lutte des places - E. Agrikoliansky, O. Fillieule, N. Mayer, L’alter mondialisme en France : la longue histoire d’une nouvelle cause |
Où | - Les différentes plateformes franc-comtoises de l’association - L’implantation d’ATTAC en France, en Europe et dans le monde - Les lieux et territoires d’intervention de l’association |
- Site internet de Attac Besançon - Site internet de Attac France - ATTAC, Pauvreté et inégalités : ces créatures du néolibéralisme |
Nous ne faisons ici que reprendre à titre illustratif quelques clés interrogatives de cette recherche exploratoire, l’essentiel étant d’appréhender les lectures exploratoires dans une posture interrogative, ce que favorisent la formulation d’une question de départ et la mobilisation de clés interrogatives [7].
Selon la formulation de la question de départ, certaines pistes de recherche s’avèrent centrales. De même, les pistes de recherches s’ouvrent sur des pistes bibliographiques qui se révèlent après lecture être des documents pivots, dotés d’une forte valeur heuristique, ou bien plutôt des documents complémentaires ou annexes. Ce faisant, les lectures exploratoires constituent une phase de recherche ordonnée et dont l’organisation est relative au questionnement de départ.
Afin de réaliser chaque lecture exploratoire de manière encore plus méthodique, nous vous proposons deux outils supplémentaires : la fiche de synthèse et le tableau à double entrée [8].
Une fiche de synthèse se réalise généralement dans le sens vertical d’une feuille format A4. Comme son nom l’indique, elle synthétise les informations présentes dans une contribution. Dans le modèle que nous vous présentons ci-dessous, nous faisons apparaître en haut à gauche la référence bibliographique de l’ouvrage faisant l’objet d’une fiche de synthèse. En haut à droite, nous pouvons indiquer la place que l’ouvrage prend parmi l’ensemble des fiches de synthèse (s’agit-il d’un document pivot, complémentaire ou annexe ?). En bas à gauche de la fiche sont indiquées des idées de titres et les mots clés de l’ouvrage. En bas à droite apparaissent de nouvelles pistes bibliographiques issues de la lecture de l’ouvrage. Le reste de la fiche de synthèse est réservé aux prises de note et citations relatives aux différentes clés interrogatives et pistes de recherche du questionnement de départ. Bien évidemment, il est extrêmement rare qu’un ouvrage traite de l’ensemble des clés interrogatives (dans l’exemple qui suit, les clés ‘‘quoi’’ et ‘‘où’’ ne sont manifestement pas abordées dans l’ouvrage). A l’inverse, lors de la rédaction de la fiche, il faut veiller à laisser un espace afin d’intégrer de possibles clés interrogatives supplémentaires qui n’avaient pas été envisagées durant la phase de formulation de la question de départ. Ainsi, la lecture de cet ouvrage a ouvert une nouvelle clé, en l’occurrence la clé ‘‘Pour quoi’’.
V. de Gaulejac et I. Taboada Léonetti, La lutte des places, 1994 | Pivot 2 |
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Clés interrogatives | Prises de notes, citations |
---|---|
Quoi | |
Qui - Les militants ATTAC - Les intellectuels précurseurs, fondateurs, références de l’association ATTAC |
- Les militants ATTAC et les maîtres à penser de l’alter mondialisme sont-ils des producteurs d’historicité ? Définition historicité p. 49 - Le militantisme est-il un acte de subjectivation pour advenir comme sujet ? Citation : « l’individu est le produit d’une histoire dont il cherche à devenir sujet » (p. 11) |
Quand - Contexte socio-historique - Trajectoire biographique, trajectoire familiale, trajectoire sociale |
- Passage d’une lutte des classes à une lutte des places - Crise du symbolique (« fin des grands récits ») - Influence du roman familial sur le militantisme ATTAC : manière de régler sa dette symbolique ? Manière de s’inventer une nouvelle famille ? |
Où | |
Pour quoi - Les significations, les finalités subjectives de leur engagement |
- Militantisme ATTAC = support identitaire, ersatz venant pallier à l’absence de « grands récits » ? - Militantisme ATTAC = stratégie identitaire, visant à concilier les identités héritées, acquises et espérées des individus (cf. Page 125) |
Idée de titre, de plan : Une histoire militante en héritage Mots clés : historicité, roman familial |
Nouvelles pistes bibliographiques : - V. de Gaulejac, La névrose de classe, 1987 - S. Freud, « Le roman familiale des névrosés » in Névrose, psychose et perversion, 1974 |
Le tableau à double entrée se réalise plutôt dans le sens horizontal d’une feuille double format A4. Il s’agit d’un outil très synthétique qui reprend l’ensemble des fiches de synthèse rédigées par le chercheur. Il offre ce faisant une vue d’ensemble des diverses lectures exploratoires. Par contre, la construction de ce genre de tableau présuppose certaines capacités synthétiques et une fiche de synthèse offre évidemment plus d’espace pour restituer et reformuler les informations d’une contribution.
Nous vous laissons découvrir la forme globale que peut prendre ce genre de tableau :
Pivot 1 | Pivot 2 | Pivot 3 | Complém. 1 | Complém. 2 | |
QUOI | |||||
QUI | |||||
QUAND | |||||
OU | |||||
POUR QUOI | |||||
Là aussi, lors de la construction du tableau, il faut laisser de l’espace pour intégrer des possibles nouvelles clés au fur et à mesure des lectures. | |||||
Titrage/Plan | |||||
Mots clés | |||||
Pistes bibliographiques |
D’autres outils de lecture et de synthèse de documents peuvent être mobilisés, le plus courant et simple d’emploi consiste à annoter, entourer, surligner ou encore souligner des mots clés, des phrases clés, des citations, des titres ou encore données statistiques au fur et à mesure de la lecture de la contribution. On peut d’ailleurs se construire un code de couleur en réservant une couleur par clé interrogative.
A noter, enfin, que l’explicitation et la synthèse des connaissances personnelles et des présupposés du chercheur relatifs à son sujet et à son questionnement de départ peuvent être méthodologiquement effectuées à partir de tels outils. Ainsi, le journal de terrain que nous avons présenté dans la fiche technique précédente peut comprendre des fiches de synthèse rédigées au fur et à mesure des lectures. De même, il peut contenir des tableaux récapitulatifs synthétisant les connaissances personnelles et les présupposés du chercheur concernant chaque clé interrogative, chaque piste de recherche de même que chaque ouvrage lu et chaque expérience de terrain.
À partir des informateurs qu’il a rencontrés ou observés (lorsqu’il est allé ‘‘flairer’’ le terrain) mais aussi et surtout à partir de ses lectures exploratoires (méthodiquement menées), le chercheur peut élaborer plusieurs pistes de recherche constitutives de ses grilles d’expérimentations (entretien, observation, questionnaire, analyse documentaire). Mais il peut aussi entamer la problématisation de sa question de départ. Or, la fiche de synthèse que nous avons proposée plus haut illustre ce processus de problématisation auquel participent les lectures. En effet, la piste de recherche temporelle, qui interroge l’histoire de vie des militants ATTAC (« Quelle est leur trajectoire biographique, leur trajectoire familiale et plus largement encore leur trajectoire sociale ? ») se reformule après la lecture de L’histoire en héritage sous la forme d’une piste de recherche problématisée, à savoir : « L’engagement dans l’association ATTAC peut-il constituer une stratégie identitaire permettant de s’inventer une nouvelle famille culturelle et symbolique ? » Nous demeurons sur un plan interrogatif (il ne s’agit pas d’une hypothèse mais d’une question) mais à la différence de la question de départ (« Comment devient-on un militant de l’association ATTAC ? »), le questionnement intègre désormais une dimension conceptuelle qui a une potentialité explicative (la problématique freudienne du roman familial des névrosés, appréhendée de manière sociologique par Vincent De Gaulejac à travers les concepts de névrose de classe et de stratégie identitaire).
Les lectures exploratoires doivent être diversifiées sur le plan paradigmatique, ce qui signifie concrètement qu’il faut éviter à tout prix de s’enfermer dans une école de pensée sociologique ou un auteur de référence. Nous encourageons même le détour par d’autres disciplines comme l’histoire et la psychanalyse, de par la dimension sociologique de nombreuses de leurs contributions mais aussi du fait que la créativité au sein d’une discipline provient notamment de notre capacité à traduire et restructurer les outils conceptuels et méthodologiques élaborés dans des disciplines voisines.
Par ailleurs, cette diversification des lectures ne peut qu’enrichir les grilles d’expérimentations et inscrire le procès de recherche dans un mouvement dialectique. En effet, c’est en expérimentant des lectures supposées antinomiques et en élaborant des pistes de recherche très contrastées que le chercheur peut tendre vers la production d’une « synthèse authentique », c’est-à-dire accéder à « la connaissance de la dialectique, en sa signification hégélienne, comme mouvement d’auto-dépassement de la pensée, niant et conservant tout à la fois les moments antérieurs. » [9] Autrement dit, nous identifions ici la recherche sociologique comme un « travail du négatif » : tout comme la réalité, « ce qui la meut, c’est le négatif, le dynamisme par lequel tout être défini repousse hors de lui-même, renie et dépasse ce qui le constitue. » [10]
C’est à travers un tel mouvement dialectique que peut advenir des problématiques de recherche inédites, souvent d’abord identifiées comme intempestives. Ce fût notamment le cas des problématiques élaborées par la sociologique clinique, par exemple dans L’histoire en héritage, parce qu’elles articulent deux ordres irréductibles, le social et le psychique, qui se traduisent dans la réalité institutionnelle par deux disciplines aux frontières encore bien étanches.
Mais bien avant la question de la créativité d’une problématique se pose avant tout celle de sa définition. Car le terme de problématique pose problème, notamment lorsqu’on le confond avec le terme ‘‘problème’’ en avançant que la problématique d’un mémoire est simplement la présentation d’un problème.
Certes, une problématique consiste à énoncer un problème mais cela consiste aussi et surtout à l’appréhender dans une perspective théorique, en mobilisant des outils conceptuels, soit des instruments aptes à mieux comprendre le problème posé par la question de départ : « La problématique est l’approche ou la perspective théorique qu’on décide d’adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. » [11]
Reprenons l’exemple de question de départ que nous avons choisi dans la précédente fiche technique : « Pour quelles raisons certains jeunes résidant dans une zone urbaine sensible s’investissent-ils quotidiennement dans des pratiques sportives ? » Suite, entre autre, à des lectures exploratoires, on peut être amené à reformuler cette question de départ sous la forme de la problématique suivante : « Quelle est la place des pratiques sportives quotidiennes dans la construction identitaire de certains jeunes résidant dans une zone urbaine sensible ? » Et on peut rattacher à cette problématique l’hypothèse de recherche suivante : « De par leur faible insertion scolaire, professionnelle et familiale, certains jeunes résidant dans une ZUS investissent quotidiennement la pratique du sport à des fins de construction et de reconnaissance identitaire. »
A travers cet exemple, on perçoit bien comment la problématique reformule la question de départ en y inscrivant une perspective conceptuelle jusqu’alors manquante (à travers le concept de construction identitaire). La question de départ ouvre un problème : en gros, le fait que des jeunes s’investissent quotidiennement et quasi exclusivement dans le sport. La problématique reformule ce problème en l’appréhendant dans une perspective conceptuelle. Le problème demeure mais la problématique introduit une posture de recherche et des éléments analytiques qui permettent de mieux comprendre et mieux réfléchir à ce problème (en interrogeant en l’occurrence la fonction identitaire du sport).
Cette reformulation constitue principalement un travail du concept, puisqu’il s’agit de fournir à la question de départ ce qui lui manque : une dimension conceptuelle et ce faisant explicative. La question de départ est davantage composée de notions que de concepts [12], ce qui inscrit l’exercice philosophique au cœur du raisonnement sociologique, puisque ce dernier constitue notamment un travail méthodique du concept : « l’exercice philosophique se comprend dans cette double perspective : comme travail du concept s’effectuant à travers un cheminement rigoureux. » [13]
En mettant l’accent sur ce travail du concept, nous souhaitons défendre non seulement la légitimité de l’exercice philosophique au sein de toute recherche sociologique mais affirmer sa nécessité, c’est-à-dire la nécessité d’inscrire ces recherches dans une logique rationnelle, laquelle consiste notamment :
Dans cette seconde fiche technique, nous avons mis l’accent sur la phase des lectures exploratoires, en l’articulant tout d’abord avec celle de la question de départ puis avec celle de la problématique. La prochaine se concentrera sur la phase de recueil et d’analyse de données et nous permettra d’aborder la phase de problématisation sur un plan davantage empirique que conceptuel.
[1] P. Fugier, « La mise en œuvre d’un protocole de recherche exploratoire en sociologie. Question de départ et quelques ficelles du métier », dans revue ¿ Interrogations ?, N°8. Formes, figures et représentations des faits de déviance féminins, juin 2009 [en ligne]
[2] Je tiens donc à remercier Yohann, Delphine, Sandrine, Julien, Nicole, Stéphane, Sébastien, Benjamin, Mickaël, Corinne et Alice pour le travail qu’ils ont effectué.
[3] R. Quivy et L. Van Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 2006 (1995), pp. 59-60.
[4] Idem.
[5] Plus précisément, si le protocole de recherche que nous présentons ici est à dominante inductive, puisque les données empiriques issues des terrains ‘‘précurseur’’ et de recherche participent pleinement à la construction de la problématique de recherche, ce protocole met aussi en œuvre un raisonnement déductif à travers la contribution des lectures exploratoires dans la construction des grilles de recueil de données mais aussi à travers la mise à l’épreuve de certains présupposés du chercheur. En effet, comme nous l’avons suggéré dans notre première fiche technique, les expériences et les représentations que le chercheur a au préalable de son objet d’étude peuvent faire l’objet d’un travail d’explicitation. Et de l’explicitation de ses présupposés, il peut en déduire certaines pistes de recherche qu’il s’agit bien évidemment de mettre à l’épreuve des terrains précurseurs ou de recherche. Ce faisant, le protocole de recherche exploratoire que nous suggérons intègre à la fois des schémas de pensée inductifs et déductifs.
[6] Bien évidemment, nous ne faisons ici qu’indiquer quelques unes des pistes bibliographiques relatives à chaque piste de recherche.
[7] Nous nous inspirons ici des grilles de H.D. Laswell (The structure and function of communication and society : The communication of ideas, New York, Institute for Religious and Social Studies, 1948).
[8] Vous retrouverez une présentation plus complète de ces deux outils dans l’ouvrage de L. Deslandes, Réussir la note de synthèse au diplôme d’Etat d’assistant(e) de service social (Paris, MB Edition, 2004)
[9] J. Russ, Les méthodes en philosophie, Paris, Armand Colin, 1992, p. 34
[10] Idem, p. 42
[11] R. Quivy et L. Van Campenhoudt, op. cit., p. 75
[12] « Le concept, c’est ce qui empêche la pensée d’être une simple opinion, un avis, une discussion, un bavardage » (G. Deleuze, Pourparlers, Paris, Minuit, pp. 186-187)
[13] J. Russ, op. cit., p. 14
[14] J. Russ, op. cit., p. 16
[15] Idem, p. 17
Fugier Pascal, « La mise en œuvre d’un protocole de recherche exploratoire en sociologie. Le terrain précurseur et les lectures exploratoires », dans revue ¿ Interrogations ?, N°9. L’engagement, décembre 2009 [en ligne], http://revue-interrogations.org/La-mise-en-oeuvre-d-un-protocole,153 (Consulté le 21 décembre 2024).