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Sessego Vic

Les pratiques du faire soi-même sans l’esprit DIY ? Le cas des classes favorisées

 




 Résumé

Une fois sorti du cadre du mouvement punk, qu’advient-il à l’esprit DIY porté par ce que nous avons préféré appeler les pratiques du faire soi-même ? À travers l’utilisation de méthodes mixtes, nous investiguons les raisons et représentations politiques derrière les pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées en France, c’est-à-dire la fraction basse des classes supérieures. Nous montrons ainsi comment l’esprit DIY se retrouve gentrifié, au contact de population plus à droite de l’échiquier politique le plus souvent, et beaucoup plus intégrée à la société mainstream, avec un repli du soi et sur la sphère privée. L’autonomie reste cependant une valeur centrale, bien qu’elle ne soit pas consciemment conçue comme une valeur politique par les classes favorisées.

Mots-clés : DIY, pratiques du faire soi-même, classes favorisées, autosuffisance

 Abstract

Making it yourself but not in the DIY spirit ? The case of the upper middle classes

Once outside of the punk movement, what becomes of the DIY philosophy linked to the making it yourself practices ? Through mixed methods research, we investigate the reasons and political representations behind making it yourself practices in the upper middle class in France. We show the mutations of the DIY philosophy in contact with the right side of the political space, with inward-looking attitudes and a withdrawal in the private sphere. However, autonomy and even self-sufficiency remain key values, even though they are not consciously conceived as political values by the upper middle class.

Keywords : DIY, doing it yourself practices, upper middle class, self-sufficiency

 Introduction

Le 29 novembre 2023 s’ouvrait le salon « Création et savoirs faire » à la Porte de Versailles (Paris, France), surnommé sur les réseaux sociaux « Salon du DIY » par ses organisateurices [1]. Ce DIY (Do it yourself), mainstream et marchandisé, ces « passions ordinaires domestiques » (Bromberger, 2002  : 39), partage-t-il des caractéristiques avec la philosophie DIY punk, les fanzines et les pochettes d’album faits main, notamment dans le cas français (Hein, 2012 ; Humeau, 2021) ? En apparence, ils peuvent sembler s’opposer, c’est la raison pour laquelle dans mes recherches je préfère utiliser l’expression de « pratiques du faire soi-même » au lieu du terme DIY. Il s’agit là d’utiliser une traduction littérale qui cherche à se défaire du caractère polysémique du terme original en langue anglaise. Mon terrain, celui des classes favorisées, c’est-à-dire la fraction basse des classes supérieures (voir encadré), vient accentuer ce sentiment d’étrangeté entre pratiques du faire soi-même et le DIY tel qu’il est conçu dans certains milieux alternatifs. En effet, les amalgamer serait faire une « sociologie trop actionnaliste [en se] limit[ant à] l’analyse du DIY [comme] un système de pratiques d’autoproduction » (Le Roulley, 2016 : 158). Il faut en conséquence aller plus loin que les simples pratiques et voir avec quels imaginaires elles s’articulent.‬ ‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬Avant cela, il est nécessaire de se poser la question de la diffusion des pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées, où le travail manuel, notamment dans les milieux intellectuels, avait été longtemps mis à l’écart, comme le montre par exemple le traitement de la passion de Louis XVI pour la serrurerie comme excentricité.

On peut se tourner pour cela vers l’enquête « Emploi du temps » de l’INSEE pour aborder les pratiques du faire soi-même. L’essentiel de ces pratiques sont catégorisées comme du bricolage et du jardinage (à noter que la couture est dans le cœur du travail domestique et non dans les semi-loisirs). Les dernières données sont un peu anciennes (2010 - l’enquête « Emploi du temps 2025 » est encore en cours). En 1998, sur 4 semaines, le taux de pratiques dans les classes favorisées est de 62% contre 39% dans la population totale et 68% parmi les ouvriers (la catégorie socioprofessionnelle pratiquant le plus le faire soi-même avec les agriculteurs). En 2010, les choses s’inversent, avec, sur une semaine, 49% des classes favorisées qui répondent avoir fait du jardinage ou du bricolage contre 45% parmi les ouvriers. Le bricolage ainsi que le jardinage semblent donc être en vogue dans les classes favorisées, ou en tous les cas se maintenir. Cependant, ces chiffres ne prennent pas en compte l’engouement pour les pratiques du faire soi-même qui a eu lieu avec les confinements de 2020-2021, ce à quoi notre enquête de 2022 pourrait en théorie répondre, mais pas en pratique, puisque la thématique de l’enquête était connue des participants au moment de choisir de participer, créant un biais. En conséquence, la quasi-totalité des personnes interrogées font au moins une pratique du faire soi-même (6 non pratiquant.es sur 510 répondant.es). L’enquête de l’Observatoire du faire de 2017 donne un taux de pratique au cours de l’année de 85% contre 74% au global, et 78% pour les ouvriers, les classes favorisées se retrouvant en tête de la pratique. Même avant la crise de Covid-19, les pratiques du faire soi-même avaient solidement pris racines dans les classes favorisées. Cette enquête montre par ailleurs que la pratique augmente de manière linéaire selon l’âge et qu’il n’y a pas de différence de pratique selon le sexe au niveau global (test du Chi deux non significatif).

Revenons un peu plus sur l’expression « Do it yourself » et le mouvement DIY des milieux alternatifs. Le terme apparaît au début du XXe siècle (Goldstein, 1998). Son véritable essor vient avec l’après Seconde Guerre mondiale et, notamment aux États-Unis, l’accession à la propriété de classes plus modestes, au budget trop limité pour recourir à un artisan. L’arrivée des magasins de bricolage et l’augmentation du temps libre à partir des Trente Glorieuses viennent confirmer la pratique. La philosophie DIY punk (que nous appelons ’l’esprit DIY’) apparaît avec la musique du même nom en 1975 mais elle est aussi héritée des communautés utopiques, avec des auteurs comme David Thoreau, et, plus explicitement, de la mouvance hippie (Humeau, 2021). L’injonction « Do it yourself » est diffusée par les Clashs au Royaume-Uni et les Ramones aux États-Unis, et l’emporte sur la devise des Sex Pistols « No future ». Chez les punks, la devise Do it yourself soutient avant tout l’auto-organisation en dehors des circuits capitalistes classiques (Hein, 2012), en “choisissant“ la pauvreté (Threadgold, 2018) ou en théorisant l’action collective (Triggs, 2006). Melchionne analyse le DIY (non punk) comme un phénomène de masse, une pratique largement détenue par la classe moyenne, blanche, avec des enfants, propriétaire, sans la moindre idée contestataire (Melchionne, 1999), ce qui semble l’éloigner de la philosophie DIY punk, contestataire, collective et non individuelle.

Ainsi, cet article vise à décrire à quoi ressemblent les imaginaires et justifications des pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées. Quelles valeurs politiques et rôles sont associés à ces pratiques ? Quels liens avec la politisation plus globale, c’est-à-dire la familiarité et la participation à l’ordre politique ? Derrière des gestes en apparence similaires, a-t-on un même imaginaire politique, c’est-à-dire un ensemble de représentations – qu’elles soient reliées au ’réel’ ou non – relatives au politique, représentations pouvant aller de la fiction utopique (Manceron, Roué, 2013) aux valeurs et représentations associées à des pratiques concrètes ? Si l’on suit Max Weber, le politique est le lieu où l’on règle les conflits d’intérêt d’une société (Weber, 1917), ce qui permet de vivre en tant que collectif. Tout phénomène social peut être potentiellement politique, mais c’est la manière dont les acteurs s’en saisissent qui le rendent politique (Lefebvre, 2022). On peut également considérer qu’une idée est politique dans la mesure où elle a des implications pour ce qui est de la vie en collectif, en tant que société. La question est ici est en partie de se demander si les acteurs doivent avoir conscientisé la portée politique de leurs idées ou non pour considérer qu’il y a politisation. Au sein des groupes favorisés économiquement, les pratiques du faire soi-même se construisent-elles comme une alternative au système consumériste, comme une sous-culture, comme cela est souvent supposé de la culture punk ? Est-ce perçu comme tel par ses praticien.nes ?

Je procéderai en trois temps : tout d’abord, j’explorerai l’apparente dépolitisation des pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées, c’est-à-dire la négation de tout caractère politique de pratiques qui peuvent en avoir potentiellement (Pruvost, 2015). Dans un second temps, je verrai comment ces pratiques sont « encastré[es] » (Polanyi, 2001) dans un cadre privé, voire individualiste, plutôt qu’ancrées dans une dimension collective. Enfin, je m’intéresserai aux implications politiques qui, bien que non revendiquées ou même conçues comme telles, sont sous-jacentes aux valeurs associées à ces pratiques chez les classes favorisées, en comparant ces implications avec le projet politique du mouvement punk, dans leur caractère utopique mais aussi dans leur mise en place concrète.

Encadré : Méthodologie et enquêtes

Cet article repose sur les matériaux collectés lors d’une recherche doctorale menée entre 2020 et 2023 [2]. Les classes favorisées y ont été définies comme la fraction basse des classes supérieures, ce qui correspond à peu de choses près, en termes de revenus, à la définition des classes aisées par l’Observatoire des Inégalités [3], soit un revenu d’environ 3000€ pour une personne seule. Le niveau de vie est croisé avec le statut professionnel, et plus précisément le fait d’être chef.fe d’entreprise ou indépendant.e (dont agriculteur.ice) ou cadre et professions intellectuelles supérieures Des entretiens longs puis, pour une partie, des compléments d’entretiens courts (voir annexe pour plus de détails sur les enquêté.es) ont été réalisés, avec un recrutement par interconnaissance, avec 23 praticien.nes (en majorité issus de la génération de la fin du baby boom). Une enquête par questionnaire auprès de 511 personnes des classes favorisées a été réalisée, avec un recrutement à partir de l’access panel théoriquement représentatif Bilendi-Respondi, qui comporte cependant des biais (Legleye et al., 2023).Les entretiens réalisés lors de la première vague de l’enquête qualitative s’intéressaient au parcours biographique, professionnel mais également immobilier des répondant.es, avant de s’intéresser en détails au contexte de leurs pratiques et de leur apprentissage, la question des raisons de la pratique venant avec la question « qu’est-ce que ces pratiques vous apportent ? ». La deuxième vague d’entretiens cherchait à déterminer les valeurs et idées politiques associées aux pratiques du faire soi-même, ainsi que l’orientation politique de la personne. Pour cette partie de l’enquête, l’anonymisation des prénoms et noms de famille a été réalisée, sans garder les initiales. Nous avons tenté de conserver des prénoms proches socialement, mais également en termes de consonance, par exemple en utilisant l’outil de Baptiste Coulmont d’association de prénoms ayant les mêmes taux de réussite au bac [4]. Les noms de lieux, ainsi que les organisations ont été anonymisés ou à défaut généralisés (le secteur pour l’entreprise, la région pour la commune…).Le questionnaire débutait par les questions filtres sélectionnant le profil recherché. Puis venait une liste ordonnée de pratiques. À sa suite venait l’essentiel des questions d’ordre général que je vais exploiter ici. Ensuite, pour chaque grand domaine pratiqué, une série de questions étaient posées, dont des questions sur les liens sociaux autour des pratiques ainsi que les formations en lien avec le domaine. En fin de questionnaire se trouvaient les questions sociodémographiques.Je croiserai ainsi des données qualitatives avec des données quantitatives, la démarche étant celle des méthodes mixtes. La première vague de l’enquête qualitative a ainsi été un point de départ pour la conception du questionnaire, tandis que le questionnaire ainsi que les lectures ultérieures ont déterminé le besoin de faire une deuxième vague d’entretiens. Les premiers temps de l’enquête ont été consacré aux pratiques en elles-mêmes, tandis que les représentations et la question de sa politisation sont venus dans un second temps.

 Une apparente dépolitisation des pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées

Lors de la première phase d’enquête, la question de la portée politique des pratiques du faire soi-même était quasiment absente, si ce n’est pour Olivia N., 50 ans, ancienne cadre de la grande distribution, qui fait du potager et du bricolage. Ce cas nous a montré ce à quoi pouvait ressembler un ancrage politique dans les pratiques du faire soi-même.

Tout d’abord Olivia est une exception à plusieurs égards dans notre enquête. D’abord, elle se distingue des autres enquêté.es interrogé.es en ce qu’elle n’a pas été recrutée par mon réseau familial mais par mon réseau amical/professionnel. D’autre part, elle est géographiquement isolée dans une ville du centre de la France. Enfin, Olivia a connu une forte ascension sociale, puisqu’originaire des classes populaires elle a atteint le statut de cadre, puis une forme de déclassement social volontaire à la suite de son licenciement, deux ans avant l’entretien.

Olivia raconte avoir toujours réalisé de petits projets ponctuels créatifs. Mais ce n’est que récemment (moins d’un an) qu’elle s’est fixée comme objectif de devenir indépendante par son travail (pour « ne plus avoir de patron ») et de devenir autosuffisante en fruits et légumes. Propriétaire d’un appartement en centre-ville, elle a acheté avec ses indemnités de licenciement un terrain en zone rurale situé à 30 minutes en voiture de son domicile, dans le but, d’une part, d’y faire une culture potagère qui lui permettrait de vivre en autonomie et de se rémunérer en été en vendant une partie de sa production et, d’autre part, d’y habiter dans une caravane. Elle compte également installer des panneaux solaires pour être autonome en énergie.

Ce projet de vie s’ancre pour elle dans une démarche politique anticapitaliste et anarchiste, qui fait écho à la philosophie DIY punk. Avoir son terrain et en vivre serait un moyen pour Olivia de vivre selon ses valeurs. Olivia est d’ailleurs la seule personne de notre échantillon qualitatif à être politisée à l’extrême gauche. Elle a en effet participé au mouvement des gilets jaunes, est anti vaccin et a toujours eu une « âme de rebelle », n’ayant auparavant que difficilement toléré d’avoir un supérieur. Il y a donc une certaine cohérence entre ses pratiques et ses engagements politiques. Elle cherche également par son action à participer de la promotion d’une société alternative. Elle reconnaît cependant que « l’autosuffisance ça demande de la thune » et donc que son utopie n’est pas accessible à toustes, là où elle-même commence à manquer de fonds pour réussir sa transition.

En découvrant le cas d’Olivia, vers la fin de la première phase d’enquête, je me rends compte qu’un pan entier de la réflexion manque à mon analyse. Comment ai-je pu passer à côté de cet aspect avant cela ? Quelques raisons tiennent aux circonstances de l’enquête : d’une part le contexte du Covid-19, qui m’a amené.e à faire du terrain le plus vite possible, dans la crainte avérée d’un confinement, ce qui a fait que j’ai lu une partie de la littérature a posteriori et non avant l’enquête ; d’autre part, ma familiarité avec une partie de mon objet d’enquête (toute ma famille pratique assidûment le faire soi-même) m’a également conduit.e à un certain aveuglement quant aux autres configurations possibles de ces pratiques. La découverte de la philosophie DIY à travers Olivia puis au cours de mes lectures a ainsi été une véritable surprise, tant et si bien que j’ai cru avoir négligé cet aspect sur mon propre terrain. C’est pour cette raison qu’il n’y a qu’une question portant sur l’objectif d’autosuffisance dans le questionnaire, et pas d’autres questions portant sur la politisation des pratiques du faire soi-même et la politisation en général.

Dans la première phase de l’enquête, l’alignement avec les valeurs est apparu comme une raison de pratiquer (dimension écologique et anti-gaspillage), ce qui m’avait donné la première impression que les personnes associant des valeurs politiques au faire soi-même avaient pu m’en parler. Mais le doute persistait. C’est pourquoi j’ai réalisé une enquête complémentaire, portant spécifiquement sur la question de la politisation des pratiques du faire soi-même. J’ai réussi à recontacter dix ménages sur la vingtaine (plus deux ménages avec lesquels ces questions ont été abordées à un moment ou à un autre) que comptait le premier volet de l’enquête. J’ai ainsi posé les questions suivantes : « associes-tu à tes pratiques certaines valeurs  ? » puis « associes-tu des idées politiques avec tes pratiques ? ». C’est alors qu’il est apparu que la dimension politique était bien absente pour les enquêté.es dans une majorité de cas. À la seconde question notamment, on me répond par la négative dans 7 cas sur 12, avec des réactions parfois proches du rejet de la dimension politique, comme Valérie R., 55 ans, ancienne cadre dans le travail social. Elle s’est aujourd’hui reconvertie en gérante de maison d’hôtes. Elle répond à la question par un « Oulah, ben j’ai pas fumé ce jour-là donc non. ». D’autres répondent par un simple « Non », parfois agrémenté d’un « du tout » ou me font reposer la question une seconde fois, en demandant des éclaircissements.

À quelles idées politiques les personnes qui lient aux pratiques du faire soi-même des idées politiques associent-elles leurs pratiques ? En grande partie, il s’agit avant tout de la dimension écologique. Notamment l’objectif de faire durer l’usage des objets, pour deux personnes réinterrogées, mais également deux personnes de la première vague l’ayant mentionné spontanément. Mais il n’y a pas de dimension anti-système et notamment anti capitaliste, bien qu’il puisse y avoir l’idée de favoriser une alternative, comme le montre cet extrait d’entretien avec Nathalie B., 53 ans, cadre juridique : « Moi par exemple je suis anti-Amazon […] donc il y a un petit côté anti major quoi. Mais je suis pas anti système capitaliste parce que je pense que le système capitaliste est le moins pire […] Amazon ça me gave quoi » (extrait d’entretien, juin 2023).

Une autre enquêtée, Marie P., secrétaire de direction à la retraite, offre des réflexions plutôt que des engagements autour des idées politiques apportées par l’observation des sociétés d’abeilles (elle fait de l’apiculture) :

Lorsqu’on observe l’abeille les métiers de l’abeille elles sont très polyvalentes – […] il y a pas forcément de hiérarchie à l’intérieur de la ruche […] et en politique il y a bien une fois qu’on est en haut de l’échelle je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de polyvalence vers le bas […] c’est une société matriarcale, ce sont les ouvrières qui gèrent toute la ruche en dehors des phéromones que la reine leur donne pour la cohésion - mais c’est elles qui décident de tout (extrait d’entretien, octobre 2023).

Ainsi, la majorité des enquêté.es n’associent pas d’idées politiques à leurs pratiques du faire soi-même. Mais une minorité, surtout des femmes (3 des 4 personnes associant les pratiques du faire soi-même à l’écologie), y voit une forme d’engagement politique. Il y a donc une tendance à l’absence de politisation des pratiques du faire soi-même. Mais plus généralement, y a-t-il dépolitisation ?

La question se pose de savoir si la philosophie DIY est toujours associée à des engagements à gauche de l’échiquier politique. En apparence, les choses semblent confirmées ici dans la partie qualitative de l’enquête, puisque les personnes qui associent certaines valeurs politiques à leurs pratiques du faire soi-même constituent les personnes les plus à gauche sur l’échiquier politique, votant pour le parti socialiste ou plus à gauche. La majorité des interviewés ayant déclaré ne pas associer d’idées politiques à leurs pratiques, elle, indique voter au centre ou à droite.

Comment qualifier le degré de politisation des personnes enquêté.es ? Beaucoup semblent au courant de l’actualité politique, au moins telle qu’elle est divulguée dans les médias grand-public et la plupart ont voté aux dernières élections présidentielles. Elles semblent également avoir des opinions politiques sur un certains nombres de sujets, en témoigne la longueur des réponses à la question « que pensez-vous de la politique migratoire aujourd’hui ? ». Cependant aucune – excepté Olivia N. – n’a milité dans un parti politique ou participé à un mouvement social (telles les manifestations contre la réforme des retraites ou les gilets jaunes). Si un quart des personnes interrogées dans l’enquête qualitative faisaient ou avaient été membres d’une association à portée sociale, la plupart des engagements associatifs étaient dans le cadre des loisirs (club de sport ou associations culturelles par exemple). On n’a donc pas affaire à une dépolitisation claire et nette chez nos enquêté.es mais plutôt une forme de (dé)politisation ordinaire (Beurois, 2022).

Ainsi, j’ai constaté la relative dépolitisation de ces pratiques, remettant en cause leur participation à l’esprit DIY, alors même que les enquêté.es sont en partie politisé.e.s. Mais alors quelle approche et quelles justifications sont-elles avancées pour ces pratiques du faire soi-même ?

 Le monde privé des pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées

Les raisons évoquées sont de trois ordres principaux : tout d’abord de l’ordre du plaisir, de la pratique pour la pratique et ses effets ; ensuite elles relèvent de raisons économiques ; et enfin des raisons d’ordre social. Ce sont ces trois grands types de raisons qui sont apparus dès le début et de façon systématique dans l’enquête qualitative, et qui ont été confirmés par l’enquête quantitative. La question portant sur les raisons, avec le recul, aurait dû inclure la raison politique ou du moins écologique, mais elle a été rajoutée en fin de conception du questionnaire et n’a peut-être pas été assez rodée. Dans l’enquête qualitative, la population est issue majoritairement d’un microcosme parisien aux liens multiples (liens d’amitié, liens professionnels, de parenté, de voisinage), tandis que l’enquête quantitative, malgré certains biais, est en “population générale” sur les classes favorisées.

Dans le volet qualitatif de l’enquête, la plupart des enquêté.es évoquent leur plaisir de faire par eux-mêmes et pour eux-mêmes, la question « qu’est-ce que ces pratiques vous apportent  ? » menant à considérer les bénéfices personnels de la pratique. Mais plus qu’un simple plaisir, ce sont également les bienfaits psychologiques du travail manuel qui sont mentionnés. Notamment, cela permet à des travailleur.euses dans des domaines intellectuels de trouver un équilibre, avec des réflexions qui ne sont pas sans rappeler l’essai de Matthew Crawford (2010). Par exemple, Ariane M., 46 ans, ethnologue, qui fait essentiellement de la haute couture, déclare : « J’ai toujours cousu pour le plaisir et essentiellement, sinon exclusivement, pour moi […] en fait moi j’adore le travail manuel, ça me permet de ne plus penser à… c’est vraiment d’abord une affaire de santé mentale […]. C’est très concret, ça donne un résultat tout de suite, qu’on peut voir, qu’on peut apprécier, à la différence du travail intellectuel » (extrait d’entretien, avril 2021). Ignatus M., 55 ans, chercheur, qui a des activités de jardinage et de rénovation dans sa maison de campagne, va même jusqu’à dire qu’il deviendrait « fou » sans ces pratiques, et note avec humour « Imagine les factures du psychiatre ! ». En plus des questions de santé mentale, une partie des enquêté.es assouvissent par le « faire soi-même » un besoin d’apprendre et d’entreprendre, comme c’est le cas pour Christophe O., 55 ans, directeur d’une unité de recherche dans l’automobile, qui touche à tous les domaines du bricolage mais aussi à la couture. Et Rayan M., 40 ans, cadre dans le ferroviaire, de conclure :

Voilà je crois après il y a peut-être un truc qu’on peut se dire. […] Quand je regarde les gens qui bricolent […] on n’a pas beaucoup d’activités en dehors de de ces trucs-là quoi […] j’ai des potes qui bricolent absolument pas mais qui vont faire de la musique qui aiment passer du temps à faire des barbecues et à faire des soirées entre potes. Est-ce que le fait de faire soi-même c’est pas juste une façon de tuer son temps ? (extraits d’entretien, octobre 2023)

Ainsi, dans l’enquête par questionnaire, 21% des répondants reconnaissent en ces activités une manière de s’occuper, ce qui en fait la troisième raison après le plaisir et le fait de faire des économies. Mais de fait, il n’y a souvent pas un choix entre le fait de faire soi-même par plaisir ou pour faire des économies, puisqu’environ la moitié des 60% d’enquêté.es ayant répondu au questionnaire faire pour le plaisir, font également par eux-mêmes pour faire des économies. Une différence de genre se dessine ici, puisque 40% des femmes font par elles-mêmes seulement pour le plaisir, contre 26% des hommes, quand 27% des hommes répondent faire par eux-mêmes uniquement pour faire des économies, contre seulement 13,5% des femmes (Test du chi-deux significatif à 0,01%), ce qui se confirme dans l’enquête qualitative.

Une partie des praticien.nes du faire soi-même font cela seulement pour faire des économies. Comment l’expliquer chez ces membres des classes favorisées ? L’enquête qualitative permet de l’éclairer, puisque celles et ceux qui disent faire par eux-mêmes par nécessité sont aussi en général des personnes ayant de multiples biens immobiliers et/ou de grandes propriétés. Les classes favorisées n’étant pas les ultra riches – tels qu’étudiés par Alizée Delpierre ou Camille Herlin-Giret par exemple (Delpierre, 2022 ; Herlin-Giret, 2019) –, faire intervenir des professionnels peut se révéler être trop lourd pour leur budget. Par exemple, Valérie R., déclare : « En fait c’est un positionnement qu’on a pris, depuis qu’on est arrivés. […] Si j’avais écouté tout le monde, il aurait fallu, à chaque fois passer par une entreprise pour faire les travaux. Je leur ai dit : ’Écoutez, on n’a pas le budget pour ça. Donc il va falloir apprendre à bricoler’ » (extrait d’entretien, février 2022). C’est également un choix pour ces personnes, dans la mesure où faire soi-même peut être une manière de faire davantage avec une base déjà solide, en réalisant notamment des travaux plus conséquents car les économies réalisées en faisant par soi-même permettent un projet de plus grande envergure. Par exemple, Irène M. et Patrick F. ont refait leur salle de bain. S’ils l’avaient fait refaire, ils auraient payé 10 000€ pour une salle de bain classique. En faisant par elleux-mêmes, avec le même budget, ils ont une douche hammam. Le cas de William G., 86 ans, ancien chef de clinique, est également intéressant. Issu de la haute bourgeoisie, marié à une héritière de l’aristocratie, il aspire à avoir le niveau de vie de cette classe et se retrouve ainsi « obligé » – selon ses dires – de faire la plupart des travaux dans ses propriétés lui-même, en ayant eu une stratégie d’achat et de rénovation d’appartements tout au long de sa vie. Ainsi, bien qu’il ait un revenu d’environ 10 000 euros par mois, il explique faire « tout » par lui-même par nécessité. Bien qu’il y ait une part d’exagération, on comprend aussi cette utilisation du terme de «  nécessité » quand on sait quelles sont les aspirations et représentations de la réussite pour cet homme : il ne peut s’imaginer ne pas faire partie d’une élite aristocratique (et donc avoir le train de vie qui va avec) et estime donc nécessaire de faire tout ce qui permettra d’atteindre ce but en faisant des économies sur certaines dépenses.

Mais l’aspect financier des pratiques du faire soi-même est surtout central dans certains types de pratiques, et notamment pour les travaux dans le logement. D’autres activités, comme par exemple le tricot, n’ont aucune rentabilité financière, le prix de la laine étant souvent équivalent au prix d’un pull dans le commerce. C’est le cas également de l’apiculture pour Marie P. On peut ainsi remarquer que les pratiques plus ’féminines’ (cuisine, confitures, conserves, confection) sont en général moins ’rentables’ que les pratiques ’masculines’ (travaux dans le logement, mécanique, etc.). C’est que les pratiques féminines ont été plus souvent industrialisées (industrie agroalimentaire) voire délocalisées (industrie textile), quand les métiers du faire soi-même au masculin sont restés artisanaux, locaux, et bien rémunérés.

Évoquer l’aspect financier des pratiques du faire soi-même, c’est également montrer que ces pratiques permettent de réaliser des projets pour soi, notamment pour améliorer le confort du chez-soi, une dimension domestique dans laquelle les hommes sont souvent acteurs (Nelson, 2004). C’est une deuxième raison, après le simple plaisir, qui montre que les pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées relèvent du monde privé, voire d’un certain individualisme.

Une troisième raison de l’ordre du monde privé s’est également manifestée dans mon enquête, à savoir la dimension sociale et notamment familiale des pratiques du faire soi-même. En effet, nombreux sont les enquêté.es ayant hérité leurs pratiques d’un membre de leur famille et notamment d’un parent (près de 60% dans l’enquête par questionnaire). Anthony M., 32 ans, directeur d’une coopérative agricole, qui fait principalement des choses par lui-même dans le domaine alimentaire, déclare ainsi : « Je pense que la réalité, c’est le plaisir de refaire ce que mes parents et mes grands-parents […] d’avoir l’impression de partager quelque chose à travers ça. […] Ouais, je pense que vraiment, cette paternité qui est arrivée aussi… de… de transmettre ça aux enfants » (extrait d’entretien, juin 2022). La transmission et le partage sont des valeurs essentielles pour comprendre certaines pratiques du faire soi-même, tout comme les expériences enfantines le sont pour comprendre l’envie de faire ces pratiques. Jeanne L., 56 ans, gérante de maison d’hôtes, qui fait son potager mais aussi du relooking de meubles, se rappelle par exemple que faire le potager lui fait se remémorer des moments passés avec son grand-père :

Ensuite il y a le fait peut être aussi quelque part que ça s’ancre dans des… j’avais un grand-père mon grand-père maternel – […] surtout les promenades avec mon grand-père dans la nature pour chercher les champignons […] c’est de ce moment-là que je garde ce souvenir de l’odeur de la nature le matin de bonne heure la rosée et le soleil qui se lève vraiment voilà c’est des souvenirs […] d’amour, de la nature (extrait d’entretien, octobre 2023).

Cette dimension sociale, voire historique, se retrouve également chez Jeanne L. dans ses réflexions autour des objets auxquels elle donne une seconde vie : « J’aime les vieux objets […] j’aime les vieilles pierres parce que pour moi ça s’inscrit dans l’histoire […] ce meuble il a déjà eu toute une vie […] donc redonner une nouvelle vie à un vieux meuble aussi c’est comme rénover une maison, c’est prendre soin aussi de ce que nous ont légué les précédents et puis surtout que c’est encore utile quoi » (extrait d’entretien, juillet 2021)

En outre, derrière les pratiques du faire soi-même, il y a le faire ensemble, qui fait écho au Do it together [5]. Nathalie B, 53 ans, cadre juridique, qui fait des conserves et beaucoup de cuisine, raconte avoir des rituels de cuisine avec sa famille et ses ami.es, pour faire ensemble. Mais, contrairement à certaines formes du Do it together s’exprimant dans un cadre public ou associatif, les pratiques que nous avons étudiées restent dans le cadre du privé, au sein du réseau personnel. C’était l’un des objectifs de l’enquête : tenter d’entrer dans un aspect plus privé et relativement invisible des pratiques du faire soi-même, car réalisé dans l’intimité du foyer. Faire par soi-même pour passer du temps avec ses proches concerne 12% des répondant.es au questionnaire, sans différence notable entre les hommes et les femmes. Cet aspect social des pratiques du faire soi-même passe enfin par l’acte d’offrir les produits fabriqués soi-même (Ančić et al., 2019). Cela est particulièrement le cas pour les femmes, et notamment pour les activités de confection, mais également pour les productions alimentaires, toujours plus pratiquées par les femmes que les hommes. En effet, les femmes répondent faire par elles-mêmes pour offrir dans 21,5% des cas, contre seulement 6,1% pour les hommes (Test du Chi-deux là aussi significatif au seuil de 0,01%).

Ainsi, les pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées semblent relever du monde privé voire de l’individualisme, dans la recherche d’un bénéfice personnel, bien que les raisons en soient multiples et se superposent (plaisir de faire voire besoin psychologique de faire, économies financières ou dimension sociale du faire soi-même). Pratiques du faire soi-même et DIY, dans le sens qui lui est donné par le mouvement punk, semblent donc s’opposer, d’une part parce que le premier ne semble pas politisé, contrairement au second, et que le premier est tourné vers le monde privé, quand le second est une alternative sociale. Mais l’écart est-il aussi grand que cela, notamment relativement aux valeurs qui sont défendues par ces deux groupes ? Car derrière une dépolitisation de surface, faire par soi-même dans les classes favorisées va avec certaines idées potentiellement politiques, et particulièrement avec la notion d’autonomie.

 Une représentation politique sous-jacente reposant sur l’idéal d’autonomie

Cette analyse est venue dans un troisième temps, avec la prise de recul à l’égard du discours des enquêté.es : si les enquêté.es ne politisent pas consciemment le faire soi-même, les valeurs qui y sont associées ont des implications politiques, que l’on peut alors comparer avec l’alternative pensée par le mouvement DIY punk (Hein, 2012).

Une première valeur partagée entre certains milieux alternatifs et les classes favorisées est l’idée que faire par soi-même ajoute de la valeur à un objet. Ainsi, pour 70% des membres des classes favorisées ayant répondu au questionnaire, un objet produit par soi-même a plus de valeur qu’un objet acheté. Outre l’idée de l’importance d’une intentionnalité derrière la fabrication d’un objet, il y a également l’idée que faire soi-même apporte une forme de personnalisation et surtout rend les objets de meilleure qualité. Mais davantage qu’une simple valeur ajoutée, mes enquêté.es et certains mouvements alternatifs punks partagent le fait de vouloir faire s’ils sont en capacité, au centre du DIY : « L’idée directrice du DIY est de ne plus déléguer à quelqu’un d’autre ce que l’on est capable de faire soi-même  » (Riffaud, 2018  : 164).

Pour Valérie R : « Tout ce que je peux faire par moi-même je le fais par moi-même […] là tu vois les arbres, on a coupé au maximum qu’on pouvait couper, on a acheté une petite tronçonneuse […]. Mais le problème c’est […] qu’il faut monter avec un baudrier sur les arbres […] la semaine prochaine, j’ai une entreprise qui va venir pour faire le haut des arbres, parce que c’est pas possible. Mais on en a fait quand même trois quarts. » (extrait d’entretien, février 2021).

Décider de faire par soi-même devient ainsi une question de compétence et non plus d’avantages à faire soi-même, ce qui est aligné avec la philosophie DIY et avec l’injonction Do It Yourself ! Certain.es enquêté.es vont même jusqu’à exprimer une forme de gêne à l’idée de faire faire quelque chose, en lien avec la conscience qu’il s’agit d’une forme d’exploitation. Rayan M. s’exprime ainsi : « Ensuite c’est vrai que j’ai un peu de mal avec l’idée de de faire faire des choses à des gens tout en essayant d’avoir le meilleur prix […] moi j’ai quand même beaucoup de mal à faire servir au resto avoir quelqu’un qui fait le ménage chez moi ou truc ça me… je suis pas à l’aise avec cette idée-là  » (extrait d’entretien, octobre 2023). Cette position n’est pas sans lien avec la position politique de l’enquêté, puisque Rayan M. est ancré à gauche de l’échiquier politique, quand d’autres, comme Paul Henri B., plus à droite, préfèrent parfois déléguer certaines tâches pour préserver leur corps (plutôt que celui de l’ouvrier).

Les enquêté.es ont un autre objectif en commun avec une partie du mouvement punk : celui de chercher l’indépendance par rapport au système (Hein, 2012). Marie P. par exemple met l’accent sur la liberté d’organisation qu’elle a dans ses activités d’apiculture par rapport au temps où elle était salariée : «  Maintenant je choisis la liberté  » (extrait d’entretien, mai 2022). Plus précisément, c’est l’autonomie voire l’autosuffisance qui est importante pour les enquêté.es, tout comme pour les personnes ayant répondu au questionnaire, dont un peu moins de la moitié (47%) déclarent chercher au moins en partie à atteindre l’autosuffisance dans leurs pratiques.

Mais pour elleux, ce n’est pas une valeur politique. Valérie R. répond à la question « est-ce que tu relies aussi ces pratiques [du faire soi-même] à des idées politiques ? » : « Non moi je suis plutôt et des valeurs simples, ouais, du quotidien, de la réalité. […] Pour moi l’autonomie c’est pas une notion politique justement. C’est vraiment de grandir et de pas avoir toujours besoin des autres pour faire quelque  » (extrait d’entretien, octobre 2023). Il semble que c’est chez les femmes que l’on trouve les positions les plus contrastées en termes de politisation. Elles vont de la « politisation du moindre geste » (Pruvost, 2015) d’Olivia N. à l’ancrage dans la praticité et le quotidien, sans association à la politique dans le cas de Valérie R. Les hommes semblent quant à eux plus modérés et moins diserts sur le sujet. Tel est le cas de Rayan M., qui ne parle de portée politique que lorsque je le suggère, au contraire de sa collègue, Lucie C.

Christophe O. apprécie ainsi le fait de ne pas être dépendant quand il fait par lui-même. Chez lui c’est également une forme d’évidence, celle de « faire car l’on sait faire » : « En fait il y a des trucs je me pose même pas la question, entre faire et faire faire, je me dis je fais, je sais faire. […] Une des raisons aussi pour lesquelles je bricole, c’est que je fais quand je veux. […] Ne pas être dépendant, faire ça quand on veut, faire ça plus vite  » (extrait d’entretien, mai 2021).

Cet extrait d’entretien montre que ce n’est probablement pas la même autonomie qui est plébiscitée par les enquêté.es que celle avancée par certains milieux alternatifs punks : ces derniers produisent de la musique, cherchent l’autonomie par rapport aux majors et par rapport à l’industrie musicale en général, dans laquelle les majors imposent leurs conditions (Humeau, 2021). Les classes favorisées, elles, cherchent l’indépendance par rapport à des prestataires de services professionnels, dans une société où il y a un manque d’artisans, ce qui impose souvent des délais conséquents pour la réalisation de travaux. Dans les deux cas, cette autonomie n’est pas totale, puisque punks et classes favorisées doivent bien se fournir en matières premières. Mais là où les punks vont plus souvent jouer sur la récupération et les circuits alternatifs, les “bricoleurs” des classes favorisées vont être de grands consommateurs, que ce soit de matières premières ou d’outils. Léopold A., 50 ans, cadre dans le ferroviaire, estime ainsi avoir dépensé 10 000 euros au cours des 10 dernières années uniquement pour l’achat d’outils de mécanique. Lors de nos observations, nous avons pu constater la fréquence des déplacements d’achat en magasins de bricolage, et de livraisons de colis. On ne peut donc pas qualifier les classes favorisées d’anticapitalistes, car elles sont largement consuméristes.

Pour certaines activités, notamment l’artisanat d’art, la question de l’autonomie peut faire plus écho à des velléités de se professionnaliser et donc « d’en vivre », bien que cela ne se réalise pas toujours. L’activité professionnelle en cours offre en effet des revenus beaucoup plus stables et importants, comme c’est le cas pour Elma M., 50 ans, cadre dans l’aviation, qui a, parallèlement, une activité artistique.

Ainsi, l’autonomie et l’indépendance sont des valeurs centrales à la fois pour les classes favorisées faisant par elles-mêmes et pour le mouvement punk, bien qu’elles ne se définissent pas forcément comme une indépendance vis-à-vis des mêmes acteurs, les pratiques du faire soi-même prenant également place dans des contextes différents : vivre de son art versus se faire plaisir voire avoir un travail à-côté (Weber, 1989). Avec cet idéal d’autonomie, y a-t-il une utopie derrière les pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées, comme il y a une utopie derrière le mouvement punk et plus largement le mouvement DIY (Riffaud, 2018 ; Tuaillon-Demésy, 2021) ?

Comme nous l’avons vu, s’il s’agit d’une utopie, il s’agit avant tout d’une utopie ancrée plus à droite de l’échiquier politique que la philosophie DIY punk. Une des valeurs revendiquées par les enquêté.es est notamment celle de la « valeur travail » mais aussi une certaine croyance en la méritocratie, comme l’illustrent certaines conversations que j’ai pu avoir avec Gabrielle T., 56 ans, cadre supérieure dans le ferroviaire, qui fait des conserves, des confitures, des alcools et des produits cosmétiques. Cette dernière a tenté de me convaincre que j’avais mérité ma place, ce dont je n’étais pas convaincu.e. Tous ces éléments amènent à penser qu’il y a une certaine utopie derrière les pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées : l’autosuffisance, l’indépendance au niveau du foyer, etc.

Il s’agit cependant avant tout plus d’une utopie qu’une réalité en actes, puisque les réalisations de nos enquêté.es reposent sur une consommation marchande importante et très peu nombreux sont celles et ceux qui, en dehors de leur alimentation, parviennent à obtenir une autosuffisance, même partielle. Dans la pratique c’est l’aspect économique ou le plaisir avant tout qui vont déterminer si l’on fait par soi-même ou si l’on fait faire. Mais c’est également le cas dans l’utopie punk, comme le fait remarquer Fabien Hein (Hein, 2012) : s’il se veut contre-culturel, le système produit par les punks est avant tout un contre marché, c’est-à-dire un marché qui va contre le marché dominant, qui lui est parallèle. Mais c’est tout de même un marché, si bien que l’on peut parler d’un esprit du capitalisme punk. Derrière l’anarchisme des punks, on retrouve également l’injonction à l’entreprise du « nouvel esprit du capitalisme » (Chiapello, Boltanski, 2011).

Les représentations politiques sous-jacentes aux pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées sont cependant différentes de celles du mouvement punk sur certains points : tout d’abord, la portée de ces pratiques dans les classes favorisées ne dépasse pas le cadre du privé, et il n’y a pas de volonté de faire société, bien que celle de former un collectif puisse exister, comme dans le cas des mompreneurs (Landour, 2019), là où le mouvement punk cherche en partie à faire cela, à partager avec un public des idéaux, par exemple à travers ses guides DIY (Hein, 2012).

D’autre part, si les praticien.nes du faire soi-même peuvent sembler vouloir faire sécession avec le reste de la société, pour s’enfermer dans le cocon du privé, ils ne s’opposent pas à cette société, ni ne proposent de véritable alternative pour faire société, ni ne cherchent à subvertir des normes de notre société actuelle, comme le fait le mouvement punk. Les membres du mouvement punk se mettent en général en marge de la société, là où les praticien.nes du faire soi-même y sont bien intégrés, notamment par l’emploi, mais également dans le cadre associatif.

Enfin, les pratiques du faire soi-même dans les classes favorisées se font dans un cadre d’abondance, si bien que les praticien.nes n’ont pas besoin de recourir « [à] la combine et [à] la ruse » (Riffaud, 2018 : 169). Il s’agit d’une pratique du DIY en dehors de la nécessité : il s’agit plus de saisir des opportunités pour optimiser son mode de vie que de survivre, contrairement à la démarche qui caractérise le plus souvent les membres du mouvement punk. De ce point de vue, il semble que l’on peut parler d’une gentrification des pratiques, dans le sens où des pratiques qui relevaient de la subsistance sont réappropriées par des populations, où, certes, les pratiquant.es ont le sentiment de répondre à leurs besoins, mais où le caractère nécessaire est très relatif. De plus, la valeur d’autonomie se combine facilement chez ces personnes avec les injonctions de la société néolibérale moderne, comme l’obligation d’être soi (M’Bama, 2023), qui implique une individualisation des pratiques culturelles (Gauthier, Boily et Duval, 2013).

 Conclusion

Mon enquête a permis de m’intéresser à une fraction de classe qui n’avait pas été étudiée dans le cadre des pratiques de type DIY. Ses limites sont notamment celles d’un terrain encore trop spécifique, à la fois en termes de générations (surreprésentation de la génération de fin du babyboom), de région d’origine (surreprésentation de l’Île de France comme région ayant un jour été habitée) et de profession (surreprésentation des ingénieur.es et managers). Elles touchent également à la méthodologie employée, qui fait trop largement reposer chaque étape de l’enquête sur la précédente. Dans le prolongement de mes résultats, l’exploration d’autres terrains pourrait s’avérer féconde : les jeunes de classes favorisées, qui ont pu être fortement impactés par le covid et les réseaux sociaux ; ou encore d’autres domaines plus précis du faire soi-même, ce qui touche à l’alimentation semblant être associé à un positionnement politique plus clair. J’ai pu montrer que la question des économies se maintient chez une majorité des plus aisé.es, alors qu’ici la logique de la nécessité est moins forte. Les résultats peuvent ainsi être comparés à ceux de Fanny Hugues sur les ruraux économes (Hugues, 2023). Elle observe en effet une politisation de la débrouille quand les personnes disposent de plus de ressources (en termes monétaires et de capital culturel mais aussi sociales et matérielles). Mon étude suggère également qu’à partir d’un certain niveau d’aisance matérielle, on tend à cacher la dimension politique du faire soi-même.

Ainsi, une minorité de mes enquêté.es politisent réellement les pratiques du faire soi-même, ce qui n’empêche pas l’imaginaire qui est associé à ces pratiques d’avoir des implications politiques qui recoupent en partie celles de la philosophie DIY punk – l’aspect collectif revendiqué en moins et la plus grande proximité avec la droite de l’échiquier politique en plus. Cela permet de répondre de façon différente à la question posée par Fanny Hugues (2023) sur la différence et la hiérarchie entre l’interprétation émique (celle posée directement par les enquêté.es) et l’interprétation étique des pratiques (celle de lea chercheureuse) : cette dernière a une forme de valeur ajoutée dans le sens où elle peut apporter à la réflexion des choses que les enquêté.es n’ont pas toujours vues directement mais qui transparaissent dans leur discours. Ici, cela nous permet de voir une forme de gentrification de l’esprit DIY.

Enfin, ma recherche montre l’importance de ne pas avoir un terrain d’exploration initiale trop spécifique pour préparer une enquête quantitative à vocation plus large. Il apparaît plus pertinent de pouvoir dans un premier temps explorer des terrains plus divers, par exemple à l’aide d’une équipe de recherche plus étoffée. Elle montre également comment des angles morts – comme ici la question politique – peuvent se construire. Enfin elle montre l’utilité de la recherche sur un temps long, offrant la possibilité de revenir sur le terrain plusieurs années après, pour infirmer ou confirmer des hypothèses nées avec l’analyse des premiers matériaux, en procédant par allers-retours.

 Bibliographie

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Landour Julie (2019), Sociologie des Mompreneurs. Entreprendre pour concilier travail et famille ?, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Ascq.

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Tuaillon Demésy Audrey (2021), « Du bistrot aux concerts punks  : Fragments utopiques en territoire rural », Civilisations, 70/1, pp. 99‑121.

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Weber Max (1959), Le savant et le politique [1917], Paris, Plon.

 Annexe 1. Résumé des propriétés sociales des enquêté.es de l’enquête par entretiens

NomSexeAgeProfessionSituation familialeActivités pratiquéesDans la 2e vagueOrientation politique (si connu)
Léopold Arras M 50 Cadre supérieur dans le ferroviaire Séparé avec deux enfants de 15 et 11 ans Mécanique, travaux dans le logement Non Gauche, n’a pas voté au 2e tour des dernières élections présidentielles
Rayan Madreti M 40 Cadre supérieur dans le ferroviaire Marié avec 3 enfants Mécanique, travaux dans le logement Oui Centre gauche (PS), n’a pas voté aux dernières élections présidentielles
Christophe Ollion M 55 Cadre supérieur dans la recherche automobile Marié avec 2 enfants, un autre enfant issu d’un précédent mariage Mécanique, travaux dans le logement, confection Oui Centre droit, a voté Macron aux deux tours
Vincent Dourdan M 57 Chef d’une entreprise de consulting Marié avec 4 enfants Mécanique, électronique, travaux dans le logement, élevage de poules Non
Jean Chiocchi M 56 Cadre supérieur dans l’industrie Marié avec Gabrielle Tourville, avec 2 enfants Mécanique, travaux dans le logement, artisanat, agriculture Non Centre droit, a voté Macron aux deux tours
Gabrielle Tourville F 56 Cadre supérieure dans le ferroviaire Mariée avec Jean Chiocchi, deux enfants Agriculture, cuisine, confection Non Centre droit, a voté Macron aux deux tours
Paul-Henri Barbacolle M 55 Ancien cadre dirigeant d’une entreprise de logistique, aujourd’hui au chômage Marié avec 2 enfants Mécanique, travaux dans le logement, agriculture Oui Centre droit, a voté Macron aux deux tours
Nathalie Barbacolle F 51 Cadre responsable service client Mariée à Paul-Henri Barbacolle, deux enfants Cuisine, agriculture, confection Oui Centre gauche, a voté pour le parti écologiste au premier tour
Lucie Cass F 39 Cadre supérieure dans le ferroviaire En couple sans enfant Mécanique, agriculture, couture, confitures Non
Thierry Gitemin M 57 Entrepreneur Marié avec 3 enfants Mécanique, artisanat, travaux dans le logement Non
William Godechaud M 87 Chef de clinique à la retraite Marié avec deux enfants Jardinage, travaux dans le logement Non
Alexandre Darmevin M 88 Architecte naval à la retraite Marié avec deux enfants Mécanique, travaux dans le logement, artisanat Non
Valérie Romain F 54 Gérante d’une maison d’hôte et travailleur social à mi-temps en basse saison Marié avec deux enfants Travaux dans le logement, cuisine, artisanat, confection Oui Droite, a voté Macron aux deux tours
Olivia Nekourouh F 50 Ancienne cadre en fin de droits au chômage Célibataire Travaux dans le logement, agriculture, artisanat Non Extrême gauche
Marie Planchet F 76 Secrétaire de direction à la retraite Veuve avec deux enfants Travaux dans le logement, agriculture Oui Ne se prononce pas
Jeanne Luc F 55 Gérante de chambres d’hôte Mariée avec quatre enfants Travaux dans le logement, artisanat, agriculture, cuisine, couture Oui Gauche, a voté Mélenchon au premier tour
Ignatus Moulon M 55 Directeur de recherche au CNRS Marié avec deux enfants Travaux dans le logement, artisanat, agriculture Oui Démocrate, ne vote pas en France mais aux US
Irene Marion F 63 Cadre dans la conservation de patrimoine d’une grande entreprise En couple avec Patrick Farage, deux enfants d’une première union Travaux dans le logement, artisanat, couture Non
Patrick Farage M 60 Chef d’une micro-entreprise de sofware pour entreprises En couple avec Irene Marion, trois enfants d’une première union Travaux dans le logement, artisanat, couture Non
Elma Marre F 56 Responsable service distinction dans une compagnie aérienne Célibataire, sans enfant Artisanat, confection, travaux dans le logement Oui Droite, ne se souvient pas pour qui elle avait voté
Anthony Maastricht M 32 Directeur d’une coopérative agricole Marié à Pénélope Maastricht, trois enfants Agriculture, travaux dans le logement Oui Centre gauche (PS), a voté Macron aux deux tours
Pénélope Maastricht F 30 Commerciale viticole Mariée à Anthony Maastricht, trois enfants Agriculture, travaux dans le logement Oui « Anti-extrêmes », a voté Macron aux deux tours
Ariane Madelinelli F 46 Ethnologue Remariée, une fille Couture Non

Notes

[1] Ce salon est composé d’exposant proposant des produits essentiellement dans les loisirs créatifs ainsi que la confection au sens large, avec notamment des stands consacrés au tricot, au crochet, à la broderie, mais aussi quelques stands dédiés aux ustensiles pour la cuisine faite maison par exemple.

[2] Tous les prénoms et noms ont été anonymisés.

[3] Observatoire des inégalités (2024), « Pauvres, moyens ou riches ? Les revenus par type de ménage », [en ligne]. https://inegalites.fr/Pauvres-moyens-ou-riches-Les-revenus-par-type-de-menage (consulté le 03/04/2024).

[4] Site internet de Baptiste Coulmont, « Le prénom : catégorie sociale », [en ligne]. http://coulmont.com/bac/.

[5] Le Do it together ou DIT désigne le fait de faire (au sens de faire soi-même) mais à plusieurs. Ce sont les mêmes pratiques que celles inclues dans le DIY mais l’accent est mis sur le collectif, l’autodétermination et notamment sur l’organisation collective des activités.

Articles connexes :



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-« L’énergie du DIY enfin nommée » – L’amatorat selon Bernard Stiegler, par Bonniol Marie-Pierre

-Entre bricolage et contournement des règles. Constructions de carrières punk en espaces (in)formels d’apprentissage, par Roux Manuel

Pour citer l'article


Sessego Vic, « Les pratiques du faire soi-même sans l’esprit DIY ? Le cas des classes favorisées », dans revue ¿ Interrogations ?, N°39 - Créer, résister et faire soi-même : le DIY et ses imaginaires [en ligne], https://revue-interrogations.org/Les-pratiques-du-faire-soi-meme (Consulté le 31 janvier 2025).



ISSN électronique : 1778-3747

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