Depuis de nombreuses années, Noëlle Burgi, docteur d’Etat en science politique et chargée de recherches au CNRS, s’intéresse aux transformations politiques, sociales et culturelles induites par la mutation du capitalisme et l’avènement d’une nouvelle forme de gouvernementalité « néolibérale ». Formée à l’école de la sociologie historique du politique, ses travaux l’ont d’abord conduite à étudier la construction de l’Etat et du libéralisme en Grande-Bretagne et la restructuration des rapports sociaux impulsée par le nouveau conservatisme des années 1980. Depuis plusieurs années maintenant, ses recherches sur la reconfiguration de l’Etat social en Europe analysent le développement d’une « modernisation sociale autoritaire » en articulant plusieurs problématiques et niveaux d’analyse : le processus d’intégration européenne considéré dans ses dimensions transnationale et internationale ; les effets différenciés aux échelles nationales et territoriales d’un effort, orchestré à partir de l’échelon communautaire, de « convergence » des politiques sociales et d’emploi ; la fragilisation des droits sociaux et le transfert de la responsabilité des « risques » [psycho-] sociaux sur les individus, les conséquences multiformes et souvent pathogènes de ces évolutions et de la primauté des politiques de concurrence (« crise » de la démocratie, déchirure des liens de solidarité, dégradation des conditions de travail, précarisation sociale, maladies physiques et psychiques en lien avec celle-ci, suicides…). Ces analyses s’appuient sur un travail de terrain de longue durée auprès de groupes de chômeurs (participation à des enquêtes européennes et nationales, enquêtes longitudinales qualitatives) et de salariés dans de grandes entreprises de service de masse (France Télécom). Elles soulèvent de nombreux problèmes théoriques qui couvrent des sujets classiques en science politique (autonomie de l’Etat, égalité, citoyenneté, injustice sociale) et des thèmes qui sont à la frontière de la science politique et d’autres disciplines (sociologie, et psychologie du travail, clinique de l’activité, philosophie, anthropologie).
Noëlle Burgi est actuellement rattachée au Centre européen de sociologie et de science politique de la Sorbonne (CESSP-CRPS).
- La Machine à exclure. Les faux-semblants du retour à l’emploi, Paris, La Découverte, 2006.
- « Disciplining the Labour Market in Europe : The Emerging Normative Neoliberal Order », in Petar Bojanic, Jovan Babic and Gazela Puda, Europe in the Emerging World Order. Searching for a New Paradigm, Belgrade, Institute for Philosophy and Social Theory, 2011, p. 79-92.