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Comité de rédaction, Cultiaux John

Préface au n°37 - Apports conceptuels et méthodologiques des entrecroisements entre pratiques artistiques et sciences humaines et sociales : accéder à l’autre, agir sur les territoires

 




Numéro coordonné par Agnès Vandevelde-Rougale et John Cultiaux

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Fresque de la rue à Degré peinte dans le cadre du festival « l’Art habite la ville » par Christian Rebecchi et Pablo Togni*
Mons, 12 octobre 2023, photo Agnès Vandevelde-Rougale (*voir : https://hainaut.sudradio.net/?p=19569)

Les pratiques artistes – « formes d’expression qui prennent appui sur un art (danse, théâtre, arts plastiques, écriture…) et font appel à la créativité individuelle ou collective » (INJEP, 2012 : 1) – constituent des objets classiques des sciences humaines et sociales (SHS). Elles sont par exemple, chez Durkheim (1912), envisagées sous l’angle des rites qui participent au renforcement des liens sociaux, et comme modalité d’expression de la solidarité collective. Elles sont aussi, pour Bourdieu (1979 ; 1992), des objets de consommation qui participent du capital culturel d’un individu et renseignent sur sa position sociale. Nous pensons aussi à l’analyse novatrice de la déviance que propose Howard Becker (1972) à propos des musiciens de jazz. Une sociologie de l’art (Moulin, 1999 ; Heinich, 2001) s’est ainsi progressivement développée et structurée au départ de ces travaux fondateurs, pour étudier les arts en tant qu’activités et explorer leur rôle dans nos sociétés.

Si les SHS peuvent prendre l’art pour objet, elles peuvent aussi s’inspirer de ses pratiques. Les pratiques artistiques partagent des enjeux de fond, des méthodes et des ambitions avec la recherche académique, notamment avec les sciences humaines et sociales. Aussi, les liens entre arts et sciences apparaissent dynamiques et complexes. Elles cherchent à décrire le monde, les êtres humains et les sociétés, à les rendre intelligibles mais, bien davantage, la créativité artistique et la démarche scientifique partagent la capacité à remettre en question les conventions établies et à explorer de nouveaux territoires intellectuels (Latour, 1995). Elles partagent certains « régimes de pensée » (Toulouse, 2012 : 6) et parfois des pratiques communes. C’est le cas de certains travaux résultant d’une démarche de recherche-création menée, comme toute autre recherche, avec méthode et en réponse à un interrogation sur le réel, mais avec le souci d’une création et d’une expression sensibles (Torregrosa-Laborie, 2013 ; Rageul, 2021).

Bien davantage, l’art comme la science visent aussi le changement. Des pratiques artistiques tentent aussi de provoquer, de mettre en interrogation, d’envisager de nouveaux possibles voire de transformer notre rapport au monde. Comme nous le soulignions dans l’appel à contributions dont est issu ce numéro [1], mobilisant et mettant au travail les mots, les images, les matières, les corps, l’espace, elles ont, pour une part au moins, une vocation à la fois critique et émancipatrice (Lachaud, 2012). En « ouvrant à la compréhension des rapports entre des connaissances sensibles et les savoirs rationnels » (Ward, 2014 : 9), l’art « constitue un levier d’empowerment » (ibid.), à la fois pouvoir sur soi et pouvoir d’agir.

Cette proximité favorise la circulation des contenus, des concepts et des méthodes. Aurélie Michel (2012), docteure en arts plastiques, montre par exemple la fécondité de la théorie de la complexité du sociologue Edgar Morin (1990) pour penser la création artistique. Plus largement, des artistes s’approprient certaines thèses des sciences humaines et sociales pour les mettre en scène, en textes ou en images, mais aussi pour penser l’acte de création lui-même et les conditions de sa production et de sa réception, comme le mettent en évidence des travaux de recherche-création mobilisant les arts plastiques (Boutet, 2018 ; Fourmentraux, 2011 ; Gosselin, Le Goguiec, 2006 ; Lelièvre, 2018 ; Michel, 2012). On peut également penser, par exemple, à l’héritage du cinéma soviétique qui, adossé à une analyse marxienne de la domination, ambitionna de rompre dans la forme avec le cinéma bourgeois, comme dans les expérimentations initiées par Sergueï Eisenstein dès les années 1920, utilisant montage, rythmique et luminosité pour développer un « nouveau langage cinématographique » (Eisenstein, 1949) mettant l’accent sur les luttes sociales ; ou encore, dans un autre registre, au fait que certains praticiens du design se réclament explicitement des sciences humaines (Gentès, 2015).

En retour, des chercheurs et intervenants en SHS s’inspirent du monde de l’art, notamment pour nourrir ou repenser leurs propres pratiques de recherche et d’intervention. On pensera, à titre d’exemples, au développement des arts-thérapies (Klein, 2015 ; Lecourt, Lubart, 2017), aux médiations artistiques en intervention sociale (Ward, 2014), au théâtre-action en recherche-action (Badache, Gaulejac, 2021), ou encore à une sociologie filmique qui propose de penser le social par l’image (Sebag, Durand 2020).

Ces fécondations réciproques entre pratiques artistiques et pratiques de recherche et d’intervention sont au cœur du dossier thématique de ce trente-septième numéro de la revue ¿Interrogations ?, et leur exploration sera poursuivie dans le numéro trente-huit (à paraître en juin 2024). Les auteurs y rendent compte de la manière dont les unes ont pu nourrir les autres, dans une démarche académique ou/et de création, mais aussi, plus largement, comment artistes et chercheurs peuvent coopérer au sein de mêmes projets, dans une visée d’analyse et/ou d’action. Deux perspectives seront successivement abordées. La première interrogera, sur un plan davantage épistémologique, comment et avec quelles limites l’adossement aux pratiques artistes ou de recherche favorisent un meilleur accès aux réalités de l’autre, et en particulier aux réalités en marge. La seconde mettra en évidence différents projets d’intervention nourris par une rencontre des regards artistes et académiques avec des territoires et des publics vulnérables.

  Accéder à l’autre

Les trois premiers articles de ce dossier thématique proposent une réflexion d’ordre méthodologique ou épistémologique sur les apports réciproques des pratiques artistiques et des propositions de la sociologie et de l’anthropologie pour rendre compte de réalités sociales en marge, méconnues, porteuses de préjugés que les démarches présentées entreprennent de dépasser.

Le texte de Guillonne Balaguer prend ainsi acte des évolutions épistémologiques qui accompagnent le développement des études féministes et postcoloniales, mais également la place qu’y occupent les pratiques d’écriture (auto-ethnographie, théâtre, fiction…). C’est dans ce contexte expérimental qu’émergent des pratiques poétiques, englobant l’ethnopoétique, la poésie de recherche, l’ethnographie poétique et l’enquête poétique. Cette dernière est plus particulièrement examinée dans cet article, dans sa capacité à mettre en avant les aspects relationnels d’une recherche qualitative conduite sur les pratiques féminines de chasse.

L’article de Coline Rousteau montre, dans le mouvement inverse, l’apport de l’anthropologie et de la sociologie dans la saisie d’« images spectaculaires » (selon l’expression de l’autrice) destinées à une représentation théâtrale sur la réalité des parcours de migrants. Il explore également comment les sciences humaines et sociales peuvent contribuer à la création et à la compréhension d’images contre-hégémoniques. L’enjeu était, dans le cadre de cette création, de rompre avec les représentations médiatiques traditionnelles des mouvements migratoires et avec une image misérabiliste donnée des personnes exilées, les percevant comme des victimes dépourvues d’agentivité. La quête est ici celle des « images manquantes », expression que l’autrice reprend de Dork Zabunyan (2012) pour désigner un hors-champ des images sur l’exil, dans le projet de remobiliser les enjeux politiques autour de la question.

Les arts et les sciences peuvent coopérer pour accéder à des réalités non directement saisissables. En raison des différences entre les pratiques artistiques et académiques d’une part, et entre les principes qui les justifient d’autre part, l’altérité à interroger peut se trouver au cœur même de la démarche et du projet de coopération. C’est cette question essentielle que soulève l’article de François Duchêne, Georges Gay, Emmanuel Martinais, Christelle Morel Journel et Laurence Rocher. En partant du constat d’une popularité croissante des collaborations arts-sciences, notamment dans les appels d’offre publics qui tendent à les banaliser, les auteurs proposent une analyse critique des logiques de production, des relations chercheurs-artistes, et des conditions matérielles de production de ces recherches et interventions. Pour en rendre compte, l’article analyse les difficultés rencontrées lors d’une recherche-action portant sur les mutations d’une petite ville industrialisée située entre Lyon et Saint-Étienne.

  Agir sur les territoires

Si l’enjeu d’accéder à l’autre par des approches combinées entre arts et science est un fil conducteur de ce dossier, l’accent est également mis sur la manière dont arts et sciences peuvent non seulement coopérer pour faire émerger le sens, mais également permettre la réappropriation de celui-ci par les acteurs (dont les spectateurs), dans une perspective critique émancipatrice favorisant l’action sur le territoire et les sujets.

C’est ce mouvement que questionne, tout d’abord, l’article de Leidy Jalk, lorsqu’elle interroge la relation entre sa pratique individuelle d’artiste plasticienne et celle des participants d’un atelier nomade. Mettant la notion d’hospitalité au cœur de la réflexion, elle rend compte de la manière dont les pratiques de l’ethnologie contemporaine ont été mises au service d’un projet de recherche-création impliquant les jeunes d’un squat à Lille. Elle s’interroge, à partir de cette expérience, sur le rôle de l’artiste et sur la pertinence d’offrir des pratiques artistiques aux migrants, sur la relation entre l’art, l’hospitalité et les besoins fondamentaux, et sur les relations entre l’artiste-chercheur et les jeunes participants, ainsi que sur les apprentissages mutuels qui en résultent.

D’autres démarches de recherche-action conduites autour ou grâce à des pratiques artistiques sont rapportées et questionnées dans les articles suivants. L’analyse de Virginie Gautier et de Nathalie Poisson-Cogez revient a posteriori sur le projet de réalisation d’un récit « polyphonique » d’un quartier de Dunkerque, projet qui a impliqué un collectif d’acteurs issus des domaines de l’art, de la culture, de l’éducation populaire et de l’urbanisme. Elle vise plus particulièrement à comprendre comment le croisement des droits culturels et des actions artistiques a pu permettre d’inventer sur le terrain, d’interroger les enjeux de gouvernance au sein d’un collectif d’artistes et de chercheurs, en lien avec les habitants. Elle montre le déplacement de la question de l’objet artistique, porté par l’attention aux habitants et habitantes, au profit du processus et des formes de relation.

Une interrogation similaire traverse le travail partagé par Guillaume Etienne et Vincent Espéron, ethnologue et compositeur engagés dans le cadre d’une création sonore basée sur des témoignages d’habitants et les environnements sonores d’un quartier en réhabilitation. S’attachant davantage aux processus d’enquête qu’à ses résultats, l’article rend compte de l’évolution de cette collaboration et de la manière dont les outils de la recherche de terrain ont progressivement été mis au service de la création. Il montre également comment le rapport au terrain a conduit à de nouvelles pratiques, notamment de restitution, intégrant les perspectives de l’ethnologue et des compositeurs, en expérimentant notamment une communication hybride à travers leur pratique de « conférence concertante ».

Enfin, Valérie Billaudeau se saisit à son tour de la question de la restitution et plus particulièrement de celle de la réception de films de recherche. Revenant sur sa pratique et au travers d’entretiens avec différents chercheurs-réalisateurs, l’auteure souligne la dimension sensible du film et la dimension pédagogique du documentaire, dont la conjugaison favorise l’accessibilité et le dialogue. Émetteur et récepteur sont tous deux des acteurs majeurs dans ce processus qui soutient, selon ses mots, le « désir du document-faire sens  ».

  Rubriques non-thématiques

Ce numéro présente également une Note de lecture, par Kévin Bideaux, sur l’ouvrage de Michel Pastoureau, Blanc. Histoire d’une couleur, publié au Seuil en 2022. Le chercheur en art et études de genre souligne que l’ouvrage n’interroge pas les périodes postérieures au XVIIIe siècle. Selon lui, ce choix conduit Michel Pastoureau à une interprétation largement religieuse du blanc. Kévin Bideaux souligne la méticulosité d’un travail, reposant sur « […] une foule de documents qu’il [Michel Pastoureau] remet à chaque fois dans leur contexte social, historique, politique ou économique, nous guidant ainsi dans des époques éloignées, à la fois en lien et en rupture avec nos vies contemporaines ».

Il se conclut par un article dans la rubrique Varia. Dimitra Laurence Larochelle propose une réflexion portant sur les fictions sérielles turques importées en Grèce. À partir d’une ethnographie des publics grecs, l’auteure questionne à la fois les représentations stéréotypées des classes sociales et les rapports sociaux mis en scène dans ces séries. Plus encore, l’enjeu est de mettre en lumière des formes de résistance, notamment sémiotiques, dans le processus de réception, face à ces productions qui traduisent aussi des rapports de pouvoir associés au capitalisme.

Pour finir, nous remercions pour leurs conseils avisés l’ensemble des experts qui ont permis la réalisation de ce numéro : Véronique Anderlini-Pillet, Lionel Arnaud, Karelle Arsenault, Richard Bégin, Maurice Blanc, Claire Bodelet, Vincent Boutonnet, Jean-Paul Callède, Patrice De la Broise, Chloé Delaporte, Didier Demazière, Sylvia Faure, Sonia Fournet-Perot, Pascal Fugier, Christian Gerini, Frédérique Giraud, Dominique Glaymann, Anne-Sophie Gosselin, Mélanie Guyonvarch, Sophie Hamisultane, Violaine Houdart-Merot, Chloé Langeard, Cécile Leguy, Hélène Monnet-Cantagrel, Magali Nachtergael, Maud Navarre, Christophe Niewiadomski, Bruno Péquignot, Jean-Baptiste Roy, Florent Schepens, Maylis Sposito-Tournier, Alexia Stathopoulos, Sophie Suma, Yannis Thanassekos, Olivier Thévenin, Sylvie Thieblemont-Dollet, Mathieu Tremblin, Silvère Tribout, Jean Vandewattyne, Romain Vincent, Anne Vincent-Buffault, Ioanna Vovou, Chelsie Yount-André.

 Références bibliographiques

Badache René, Gaulejac (de) Vincent (2021), Mettre sa vie en jeux. Le théâtre d’intervention socioclinique, Toulouse, Érès.

Becker Howard (1972), Les mondes de l’art, Paris, Flammarion.

Bourdieu Pierre (1979), La distinction, Paris, Éditions de Minuit.

Bourdieu Pierre (1992), Les règles de l’art, Paris, Éditions de Minuit.

Boutet Danielle (2018), « La création de soi par soi dans la recherche-création : comment la réflexivité augmente la conscience et l’expérience de soi », Approches inductives, 5(1), pp. 289-310 [en ligne] https://www.erudit.org/fr/revues/approchesind/2018-v5-n1-approchesind03621/1045161ar/ (consulté le 18/10/2022)

Dietschy Mireille, Sposito-Tourier Maylis (dir.) (2022), N°34. « Suivre l’image et ses multiples états dans les collaborations arts/sciences », Revue ¿Interrogations ?, juin [en ligne], http://www.revue-interrogations.org/-No34-Suivre-l-image-et-ses- (Consulté le 27 septembre 2022).

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Eisenstein Sergei M. (1949), « Film Language » [1934], dans Eisenstein Sergei M., Film Form : Essays in Film Theory, New York & London, Harvest-HBJ, pp. 108-121.

Fourmentraux Jean-Paul (2011), Artiste de Laboratoire. Recherche et création à l’ère numérique, Paris, Hermann.

Gosselin Pierre, Le Goguiec Éric (2006), La Recherche création  : Pour une compréhension de la recherche en pratique artistique, Québec, Presse de l’Université du Québec.

Heinich Nathalie (2001), La sociologie de l’art, Paris, La Découverte.

INJEP (2012), « Pratiques culturelles et artistiques », Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, Fiches repères, septembre [en ligne] https://injep.fr/wp-content/uploads/2018/09/fr19_culture.pdf (consulté le 18/10/2022)

Klein Jean-Pierre (2015), Penser l’art-thérapie, Paris, Puf.

Lachaud Jean-Marc (dir.) (2012), Art et aliénation, Paris, Puf.

Latour Bruno (1995), La science en action, Paris, Gallimard.

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Moulin Raymonde (dir.) (1999), Sociologie de l’art, Paris, L’Harmattan.

Rageul Anthony (2021), « La méthode de recherche-création en Arts Plastiques : prescription, prospective et mise à l’épreuve de l’objet », Belphégor, 19-1, [En ligne] http://journals.openedition.org/bel… (consulté le 15 décembre 2023).

Sebag Joyce, Durand Jean-Pierre (2020), La sociologie filmique, Paris, CNRS éditions.

Torregrosa Laborie Apolline (2013), « La recherche dans la dimension artistique », Sociétés, n°121, pp 75-82.

Toulouse Ivan (2012), Clair-obscur : essai sur la pensée créatrice, Paris, l’Harmattan.

Ward John (2014), « Introduction. Question sociale, questions artistiques », Vie sociale, N° 5. Pratiques artistiques et intervention sociale, mars, pp. 7-10.

Zabunyan Dork (dir.) (2012), Carnets du bal, n°3. Les images manquantes, octobre.


Pour citer l'article :

Comité de rédaction, Cultiaux John, « Préface au n°37 - Apports conceptuels et méthodologiques des entrecroisements entre pratiques artistiques et sciences humaines et sociales : accéder à l’autre, agir sur les territoires », dans revue ¿ Interrogations ?, N°37. Apports conceptuels et méthodologiques des entrecroisements entre pratiques artistiques et sciences humaines et sociales : accéder à l’autre, agir sur les territoires, décembre 2023 [en ligne], https://revue-interrogations.org/Preface-au-no37-Apports (Consulté le 21 décembre 2024).



ISSN électronique : 1778-3747

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