Les médias ont interprété les attentats du 11 septembre 2001 comme un événement inédit et fondateur. Cette valeur historique, construite à partir de récits et d’images, a clos sa signification, la figeant dans ce hiatus : le 11-septembre 2001 révèle un nouveau monde forcément menaçant.
Media have read 09/11 as a founding and new events. Built up from reports and images, as this historical value has enclosed its meaning freezing it in the following hiatus : 09/11 has revealed an unknown and threatening world.
Le discours des médias sur les attentats du 11 septembre 2001 offre un matériau fertile pour interroger la construction médiatique de l’actualité. Les médias ont fait de ces attentats un événement inédit et fondateur. Son interprétation médiatique l’a fait entrer de plain-pied dans l’Histoire, sans le recul de l’explication historienne. Notre article n’a pas pour ambition d’analyser la portée du 11-Septembre mais de dévoiler des signes et des registres sémantiques qui ont construit son historicité. Notre recherche [1] a repéré, tant au niveau du discours que des images, un ensemble d’invariants qui a façonné une lecture dominante de l’événement et, allusivement, la réponse à y apporter ; la présentation d’un événement constituant déjà une manière d’en légitimer le contrôle.
Dans un article prémonitoire, datant de 1972, l’historien Pierre Nora fournit des ressources stimulantes pour analyser le 11 Septembre. Il précise, d’abord, la nouvelle contribution “historiographique” des médias de masse (presse ou télévision) : « C’est aux mass media que commençait à revenir le monopole de l’histoire. Il leur appartient désormais. Dans nos sociétés contemporaines, c’est par eux et par eux seuls que l’événement nous frappe, et ne peut pas nous éviter. » [2]. Et pour l’institution médiatique, ces attentats sont particulièrement frappants comme le montre l’abondante utilisation du registre sémantique de la confrontation. « L’Amérique a [été] frappée » pour Le Monde [3] alors que « New York est déjà sous le choc » pour Libération [4]. Les symboles pris pour cible (le “sanctuaire” territorial américain), l’attractivité visuelle des attentats (l’attaque de la seconde tour et l’effondrement du World Trade Center ont été vécus en direct à la télévision), le nombre considérable de victimes (le bilan officiel est de 2986 morts mais les premières estimations évoquaient plusieurs dizaines de milliers de disparus) et l’inventivité macabre des terroristes (détourner des avions de ligne pour les projeter contre des bâtiments) expliquent l’incrédulité éprouvée par tous les spectateurs, journalistes compris. Ainsi, certains ont créé un lieu symbolique de rencontre avec le lecteur-téléspectateur pour partager et, peut-être, atténuer cette secousse. Jacques Amalric s’estime, par exemple, « incapable (…) de [s’] arracher à [son] écran de télévision, au spectacle quasiment en direct des ravages de la folie meurtrière et suicidaire. » [5]. La stupeur est également interactive. En attirant les capacités de diffusion planétaire des chaînes de télévision (et en premier lieu la chaîne américaine CNN [6]), les terroristes ont assuré à leurs actes un écho mondial. Le minutage de la seconde attaque contre la tour sud a été prévu afin que les caméras se braquent sur le lieu du drame et que les téléspectateurs puissent assister au deuxième crash. La participation du téléspectateur est une condition sine qua non de cet événement moderne décrit par Pierre Nora : « En abolissant les délais, en déroulant l’action incertaine sous nos yeux, en miniaturisant le vécu, le direct achève d’arracher à l’événement son caractère historique pour le projeter dans le vécu des masses. (…) Le propre de l’événement moderne est de se dérouler sur une scène immédiatement publique, (…) d’être vu se faisant et ce “voyeurisme” donne à l’actualité à la fois sa spécificité par rapport à l’histoire et son parfum déjà historique. » [7]. Ce processus trouve avec le 11-Septembre une illustration absolue. La vision, en direct, de l’effondrement des tours a imprégné profondément le témoin qui gardera le sentiment de participer à l’événement.
Paul Ricoeur dans son ouvrage, La mémoire, l’histoire, l’oubli, appuie également ce critère de surprise, intrinsèque à l’événement, tout en intégrant ce contre-pied dans une narration historique : « Au plan narratif, l’événement est ce qui en survenant, fait avancer l’action : il est une variable de l’intrigue. Sont dits soudains les événements qui suscitent un revirement inattendu (…). D’une façon générale, toute discordance entrant en compétition avec la concordance de l’action vaut événement. » [8]. Mais l’auteur évoque une seconde caractéristique de l’événement : l’exacerbation d’une nouvelle représentation historique : « La structure, en tant que phénomène de longue durée, devient par le récit condition de possibilité de l’événement. (…) La description des structures en cours de récit contribue ainsi à éclaircir et à élucider les événements en tant que causes indépendantes de leur chronologie. Le rapport est d’ailleurs réversible ; certains événements sont tenus pour marquants dans la mesure où ils servent d’indices pour des phénomènes sociaux de longue durée et semblent déterminés par ceux-ci (…). » [9]. Le 11-Septembre 2001 conjugue le versant rupture (en mettant fin à une période historique particulière) et révélation de l’événement (en ouvrant une nouvelle période historique plus dangereuse). Cette ambivalence s’installe dès les premiers discours médiatiques sur les attentats : la stupeur minimise la part du récit (présence de photographies, description factuelle des attentats, citations de témoins et de dirigeants politiques) puis, rapidement (dès le deuxième jour pour les quotidiens), la mise en sens de l’événement se fait jour (contributions d’experts, éditoriaux plus fournis, articles de fond sur les conséquences des attentats, etc.). « D’abord quelque chose arrive, éclate, déchire un ordre déjà établi ; puis une impérieuse demande de sens se fait entendre, comme une exigence de mise en scène (…). » [10].
Dans son article, Pierre Nora pointe une autre caractéristique de l’événement moderne : la prédominance de l’émotion au détriment d’une distanciation rationalisée : « Dans la mesure en effet où l’événement est devenu intimement lié à son expression, sa signification intellectuelle, proche d’une première forme d’élaboration historique, se vide au profit de ses virtualités émotionnelles. » [11]. Cet appel aux affects est prégnant dans la mise en récit du 11-Septembre, accentuant une tendance lourde de l’institution médiatique. Dans le cas présent, la stupeur est telle que le récit paraît impossible. Saisis par la surprise, les journalistes éprouvent, dans un premier temps, des difficultés à articuler un discours cohérent et laissent la perception de l’événement à d’autres acteurs. De nombreux chapeaux [12] se contentent ainsi de reprendre des citations de témoins de l’attentat et des titres d’articles de la première édition du Monde sont des témoignages [13], fait plutôt rare pour un quotidien adepte d’un ton plus distancié. Semblable inflation de déclarations dans les autres journaux étudiés. Par exemple, Libération titre, en Une de son édition du 13 septembre, « On va fouiller encore et toujours ». Le Figaro du 14 septembre présente une page entière consacrée à des témoignages. Certes des articles de fond sur l’organisation de l’opération, sur l’origine du terrorisme islamiste ou la situation géopolitique viennent relativiser cette émotion envahissante. Mais, la parole des acteurs domine le discours médiatique, laissant se déployer un pathos que la profusion des images amplifie.
Images télévisées ou images fixes des photos, elles sont surreprésentées dans les premières éditions. A n’en pas douter, cette extraordinaire attractivité visuelle était l’un des objectifs visés par les terroristes. Peu d’événements n’ont pu conjuguer à un tel degré d’importantes destructions matérielles (près de 3000 morts et plusieurs milliards de dollars de dégâts) et l’effondrement symbolique du capitalisme et de la puissance militaire américains. Cette attirance pour l’image se retrouve dans les quotidiens qui verront un accroissement de la surface consacrée aux photographies (en nombre et dans la taille plus importante des clichés) et des schémas explicatifs sur la chute des tours des tours. Chaque journal consacrera, au minimum, une double page composée exclusivement de clichés de la catastrophe. Même Le Monde utilise plus de photographies qu’à l’accoutumée (11 pour 20 pages le 13 septembre) tandis que le traditionnel dessin de Une a laissé sa place à une photo de Manhattan enfumé :
Les magazines vont publier des chronologies de l’événement construites sur une série de clichés et de simples récits factuels. Libération va même innover en mettant, sur la une et la dernière page, la même photo dans la continuité. Ce cliché de Manhattan, submergé par un nuage de poussières et de cendres, ne comporte que la date de la veille et le nom du journal :
Comme si cet événement ne pouvait être nommé, autrement que par un élément temporel brut, sans valeur ajoutée interprétative (ce qui s’avérera être pertinent plus tard, à mesure que la dénomination usuelle de ces attentats deviendra le 11-Septembre). La Une du Nouvel Observateur ne représente qu’une photographie de la tour nord en flammes et du second avion approchant vers la tour sud. Le titre, écrit dans un style télégraphique, est informatif (lieu, heure) et ne propose qu’une seule interprétation mais de taille. « New York -8H 52 – la guerre » [14]. Cette raréfaction de mots est « la forme rhétorique la plus proche de la stupeur suscitée par l’événement, qui laisse sans voix, bouche bée. Il faut en dire le moins possible mais avec une recherche de la désignation la plus appropriée (…). » [15]. Face à ces attaques, le récit parait insuffisant. L’émotion est telle que sa première médiatisation s’effectue par l’image et non le discours. Cette profusion d’images produit un véritable spectacle terroriste, allant ainsi dans le sens voulu par les auteurs de l’attentat, mais permettant, également, une augmentation substantielle des ventes des quotidiens. Ainsi, Le Monde, daté du 13 septembre, a doublé son tirage (1 062 526 exemplaires parus) de même que Libération (540 000 au lieu de 220 000 habituellement) et Le Figaro (660 000 contre 380 000).
Cette spectacularisation imprègne la lecture des attentats : l’acte est si innovant et spectaculaire qu’il paraît surréaliste, presque fictionnel. « Comme si la violence traumatique de ces images ne pouvait être absorbée directement, et qu’il fallait le détour de la fiction pour appréhender cet indicible. » [16]. Le parallèle avec le cinéma est alors très présent. Dans son éditorial du Figaro, Jean de Belot évoque « une guerre en Technicolor (…) aux images que l’on croirait conçues dans les studios d’Hollywood (…). » [17]. Pascal Bruckner accentue ce détour fictionnel. « On a l’étrange sentiment que les Etats-Unis nous repassent un film américain. » [18]. Le Monde et L’Express consacrent, en outre, plusieurs articles à des œuvres de fiction (romans ou films) anticipant les attentats [19]. Ce détour par la fiction complète l’idée précédemment évoquée de l’incapacité du récit. Le réel est inintelligible pour les locuteurs et donc, ils se raccrochent à des éléments déjà existants et partagés afin de produire, malgré tout, un discours cohérent. Si la publicité et la diffusion des images fondent la notion d’événement, le 11-Septembre, par son extraordinaire attractivité visuelle et par la condensation des symboles frappés, en constitue son étalon.
Idéal de l’événement moderne, le 11-Septembre l’est assurément. Mais, ces lectures immédiates semblent aller au-delà. Le 11-Septembre comprend, dans un même mouvement, un événement et la commémoration de cet événement. Evénement en train de se réaliser et événement déjà commémoré. « Le 11 septembre 2001 pousse à la limite la logique de l’événement contemporain qui, se donnant à voir en train de se faire, s’historicise aussitôt et est déjà à lui-même sa propre commémoration. » [20]. La célébration du 11-Septembre se distribue autour de quelques images réitératives comme la photo de la seconde attaque. Elles tourneront en continu sur les télévisions du monde entier tandis que l’image fixe tirée de cette vidéo servira de une au Figaro, au Nouvel Observateur [21] et à L’Express. Dans sa chronique télé, David Dufresne, corrobore ce processus : « Là, des images qui se font plus floues ; elles sont brunes, comme, déjà, appartenant au passé. Comme historiques dès leur diffusion. » [22]. La multiplication de ces images modifie leur statut, au point d’en faire des icônes de l’événement : « Les icônes visuelles sont apparues en l’espace de quelques minutes : la séquence dramatique de l’avion s’encastrant dans la seconde tour et l’effondrement – “incroyable mais vrai” – des deux gratte-ciel dans un nuage noir de poussières et de débris. Ces deux icônes ont commencé par être des formes graphiques, mais elles sont vites devenues des formes rythmiques tant elles étaient répétées (jusqu’à trente fois par heure), comme si elles étaient l’image de fond de la télévision. » [23]. La surreprésentation du cliché de la seconde attaque s’explique par ses qualités picturales. Il condense en effet les principaux attributs esthétiques requis. Fond clair et immaculé (ici, le ciel bleu limpide de cette mâtinée du 11 septembre), figures géométriques régulières (la verticalité de la tour nord déjà atteinte), les volutes de fumée indiquant le drame en train de se nouer et l’apparition incongrue de cet avion de ligne, dont l’approche horizontale vient rompre la verticalité des tours :
En approfondissant l’interprétation, nous pouvons même avancer que cette photo constitue l’idéal du terrorisme, entendu comme un conflit asymétrique [24]. Par l’écart entre la tour imposante, mais déjà atteinte, et l’avion, minuscule, on retrouve l’illustration du vieil adage de la lutte entre David et Goliath. Adage que semble représenter ce nouveau combat entre le Goliath américain, superpuissant mais à terre, et les David terroristes dont les cutters et le sacrifice ont remplacé le lance-pierre de la mythologie.
Toute commémoration comporte ensuite ses héros. Ici, les pompiers new-yorkais dont le courage et le sacrifice seront rapidement mis en avant par les médias [25]. La mise en récit de l’événement met en place une dramaturgie simplifiée autour de quelques figures rassurantes : « Pour résister à l’horreur, pour ne pas céder à la panique ou au désespoir, les Américains se sont raccrochés à des figures héroïques qui ont vite symbolisé la résistance. Ce ne furent pas les hommes politiques ou les militaires, mais les pompiers new-yorkais, ces soldats du feu, que les médias américains, et derrière eux la presse internationale, ont mis en avant, à travers une imagerie sanctificatrice et rédemptrice. » [26]. A l’opposé, l’institution médiatique a construit aussi une figure maléfique, Oussama Ben Laden, l’auteur présumé des attentats. Son visage va emplir les pages des journaux. Le Figaro le met en une dès le 13 septembre. Le nouvel Observateur utilise, dans un photomontage, sa figure au dessus d’un Manhattan enfumé, le tout sur un fond noir inquiétant [27] :
La logique commémorative intègre les attentats dans une trame historique linéaire et partagée par une large partie de la population. La précarité soudaine est comblée par son inscription dans un mouvement historique tragique mais continu. De l’assassinat de Kennedy à Pearl Harbor en passant par le meurtre de l’archiduc d’Autriche-Hongrie en Sarajevo en 1914, les grandes dates de l’Histoire du monde sont mobilisées, comme l’illustre Jean d’Ormesson : « Avec le déclenchement de la guerre de 1914, la révolution d’Octobre, le jeudi noir de Wall Street, la prise de pouvoir par Hitler, l’effondrement de la France, l’attaque de Pearl Harbor, la bataille de Stalingrad, le débarquement en Normandie, la bombe sur Hiroshima, l’écroulement du Mur de Berlin et de l’URSS, c’est un des événements majeurs de notre temps. » [28]. Nicolas Baverez se fait plus précis : « La tragique journée du 11 septembre 2001 tient à la fois de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941 (…), du naufrage du Lusitania en 1915 par le choix de cibles civiles, de l’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, par sa puissance symbolique. Le simple rappel de ces dates souligne l’importance de l’événement, fruit des noces barbares de la société ouverte avec un fanatisme venu du fond des âges. » [29]. Ainsi, on associe le 11-Septembre à une trame chronologique qui amplifie son importance et consacre sa célébration. Ces usages politiques du passé jouent un rôle déterminant, grâce à la comparaison avec d’autres exemples historiques, pour situer cet événement au sein de la mémoire collective. Ces icônes visuelles ou discursives contribuent également à fixer un discours dont la répétition accrédite le régime de réalité, c’est-à-dire une adhésion collective à une représentation de cet événement. Après avoir précisé la qualité du 11-Septembre comme événement, il s’agit dorénavant d’en questionner la signification.
Nous verrons que la construction même de son événementialité joue sur son interprétation immédiate. Les références activées par les médias vont à la fois ancrer l’événement dans son importance historique et participer à la construction d’un récit menaçant.
Le registre sémantique de l’avènement est le plus mobilisé par les médias au cours des premiers jours. La qualité d’inédit et de fondateur du 11-Septembre marque le début d’une nouvelle période. Immédiatement et quasi spontanément, ces attentats révèlent le début d’une ère nouvelle. La proximité chronologique de l’an 2000 autorise, en outre, d’octroyer au 11 septembre 2001, le début symbolique du 21ème siècle. « Comment ne pas être (…) aussitôt assaillis par ce constat le siècle nouveau est avancé. » se demande Jean-Marie Colombani dans Le Monde [30]. Les commentateurs décident donc que le présent qui se déroule sous leurs yeux ferme un passé révolu : « L’attaque du 11 septembre signe peut-être la fin de cette hégémonie sur le reste du monde, la fin tardive du XXe siècle. » [31]. André Glucksman se fait plus cru : « C’est toute la saloperie du XXe siècle qui tombe sur Manhattan pour inaugurer le XXIe siècle. » [32]. L’Express sanctionne en deux phrases l’importance historique du 11-Septembre et la signification qu’il faut en tirer : « Les effroyables attentats commis aux Etats-Unis sont sans précédent. Ils ouvrent une nouvelle ère de l’histoire du monde (…). » [33].
Les médias divergent alors sur les délimitations que le 11-Septembre vient fixer. S’agit-il de la fin de la Guerre Froide, de l’après-Guerre Froide voire du vingtième siècle tout entier ? « Le Pearl Harbor de 2001 viendrait clore la parenthèse ouverte par le Pearl Harbor de 1941. » [34]. Cet événement remet le monde occidental dans le sillon d’une Histoire qu’il semblait avoir quitté.« Le 11 septembre marque, pour les démocraties, la rentrée sanglante dans une histoire dont elles entretenaient le vain espoir de se libérer au XXIe siècle. » [35]. Apparaît alors une critique de l’historien américain Francis Fukuyama qui avait pronostiqué la « fin de l’Histoire » à la suite de l’avènement mondial de la démocratie représentative et de l’économie de marché : « Ne voit-on pas plutôt que l’Histoire, n’en déplaise au malheureux Fukuyama, s’est remise en marche (…) ? » [36]. Cette interprétation renvoie à une conception nomothétique de l’historiographie, qui place l’événement au cœur de l’évolution historique : « C’est en effet dans l’histoire politique, militaire, diplomatique, ecclésiastique, que les individus – chefs d’Etat, chefs de guerre, ministres, prélats – sont censés faire l’histoire. C’est là aussi que règne l’événement assimilable à une explosion. » [37].
Nous avons vu que le 11-Septembre est comparé à d’autres faits historiques afin de situer sa portée. Et parmi, ces références au passé, celles relatives à la Seconde Guerre Mondiale sont les plus fréquentes. L’Express décrète ainsi que « La Troisième Guerre Mondiale a commencé mardi 11 septembre. » [38]. La une de Libération du 13 septembre 2001, consiste en une photo, de trois pompiers, au milieu des décombres, qui viennent de planter un drapeau américain. L’analogie avec la célèbre photographie des marines plantant le même drapeau à Iwo Jima pendant la guerre du Pacifique, est flagrante :
Le nouvel Observateur raconte cette anecdote représentative : « “Où étiez-vous ?” Encore sonné, il répond : “World War II”, puis se reprend : “World Trade II”. Lapsus révélateur. » [39]. Les occurrences se focalisent sur Pearl Harbor. « On est en droit effectivement d’évoquer un effet Pearl Harbor pour évoquer ce réveil » [40] tandis que le titre d’une contribution de Robert Kagan est une référence directe au discours du président Roosevelt après l’attaque japonaise en 1941 [41]. L’attaque surprise, le sentiment de vulnérabilité afférent à l’attaque du territoire national et, enfin, le changement, probable, de la politique étrangère américaine semblent particulièrement propices à activer cette occurrence.
Evoquer les attentats à travers le prisme d’un événement passé, ancré dans un patrimoine partagé et connu, permet de raccrocher ce fait soudain à un système partiel, plus ou moins stabilisé, de représentation du monde. Ces usages du passé relèvent d’un processus de régulation dans la mesure où, en intégrant les attentats à un récit préexistant, les locuteurs tentent de maîtriser, dans les bornes inhérentes à sa réception, la représentation de cette violence. Cette nécessité d’inscrire le 11-Septembre au sein d’une chronologie constitue une tentative de donner du sens à un événement soudain. En l’ancrant dans une trame historique connue, les locuteurs médiatiques tentent de le rendre cohérent et donc, in fine, maîtrisable.
La régulation semble d’autant plus nécessaire que la période ouverte est présentée comme angoissante : « Tel est le message du 11 septembre 2001 (…). Le pire n’a pas eu lieu. Il est encore à venir. » [42]. Les références du passé réactivées renvoyaient déjà à des événements traumatiques. Mais, le récit est empreint d’un vocabulaire employé lors des catastrophes naturelles, notamment les tremblements de terre (“fouilles” [43], “survivants” [44]). Les médias reproduisent ensuite la couverture traditionnelle des séismes en privilégiant des sujets sur les opérations de recherches de survivants et l’organisation des secours. Les multiples clichés de décombres et de bâtiments détruits viennent corroborer la perception d’une ville frappée par une catastrophe. Ainsi, Le Monde et Libération catégorisent les articles sur New York avec la même expression « le jour d’après », fréquemment utilisée à la suite de cataclysme naturel. Cependant, les interprétations vont puiser plus profondément dans les représentations culturelles. C’est le registre biblique qui est mobilisé. « L’apocalypse terroriste s’abat sur New York et Washington » titre le Figaro [45]. C’est donc la fin du monde qui frappe, telle la foudre, les villes américaines. Le nouvel Observateur évoque « les quatre avions de l’apocalypse » [46] en référence aux quatre cavaliers de l’apocalypse de la Bible. Libération évoque « un paysage d’apocalypse hanté par des rescapés K-O debout. La fuite éperdue des survivants dans des embouteillages de fin du monde. » [47]. Le jour du jugement dernier est arrivé : « On ne peut rien faire, l’Amérique va disparaître. Dieu, bénissez-nous » titre ainsi Libération, avec le témoignage d’une New-yorkaise [48].
La révélation contenue dans cette apocalypse est inquiétante. Le danger est partout, personne n’est l’abri. « L’ennemi est donc là qui vient rappeler qu’il peut frapper partout » se préoccupe Jean de Belot [49]. « Un tabou est levé. Toutes les capitales sont menacées » [50]. Certes, le champ sémantique de la guerre est très présent (“actes de guerre”, “bombardements”, “timing de guerre”) et code les premières lectures des attentats [51], mais, la séparation traditionnelle entre lignes de front et arrière est ici obsolète. « Le champ de bataille couvre déjà l’ensemble de la planète : il pourrait bientôt atteindre l’espace. » [52]. Le combat auquel les médias renvoient n’a pas de frontière ou de loi, et se rapproche de l’état de nature de Thomas Hobbes (1588-1679), caractérisé par la guerre de chacun contre chacun : « Il apparaît clairement par là qu’aussi longtemps hommes vivent sans un pouvoir commun (…) ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun. (…) Cette guerre de chacun contre chacun a une autre conséquence : à savoir, que rien ne peut être injuste. » [53]. Jacques Julliard, dans Le Nouvel Observateur, exprime ce mouvement : « Nous avons quitté le niveau des conflits classiques (…) pour entrer dans un monde nouveau où, à la guerre entre puissances s’est substituée une guerre invisible, une guerre de tous les instants, à l’abri de laquelle personne ne peut demeurer longtemps (…) donnant l’image d’une guerre permanente des hommes contre eux-mêmes. » [54]. Jean Daniel corrobore : « On est en face d’un simple chaos, celui de l’imprévisibilité et de l’irresponsabilité. » [55]. Cette insécurité généralisée s’accompagne de l’utilisation du champ sémantique de l’angoisse : « L’Amérique frappée, le monde saisi d’effroi » titre par exemple Le Monde [56]. En outre, l’ennemi est présenté sous les traits inquiétants des “nouveaux barbares” dont la violence irrationnelle effraye : « Il s’agit évidemment d’une logique barbare, d’un nouveau nihilisme (…) » pense Jean-Marie Colombani [57].
A la réprobation traditionnelle de l’horreur terroriste, se rajoute un discours qui puise profondément dans des stéréotypes issus de l’idéologie colonialiste. Les Etats-Unis constituent la nouvelle Rome attaquée par les barbares. Le Figaro choisit la métaphore cinématographique du film américain Gladiator pour caractériser l’action terroriste, « quand d’autres barbares s’attaquèrent à un autre empire. » [58]. Hier Rome, aujourd’hui New York, les attaques des barbares contre les peuples civilisés se perpétuent à travers le temps long : « Depuis la chute du Mur de Berlin, qui était en fait une sorte de mur d’Hadrien contemporain, l’empire s’est en effet assoupi. » [59]. Cette analogie historique renvoie à un continuum idéologique qui ferait de l’Occident la cible séculaire des attaques venues d’Orient [60] : « [L]es effroyables attentats commis aux Etats-Unis (…) consacrent une fracture entre civilisations. » [61]. De plus, les références à un “ennemi invisible” [62] et à son ingéniosité opérationnelle peuvent également renvoyer aux stéréotypes sur la fourberie de l’Arabe [63]. Cette lecture des événements renvoie à l’idée d’une fracture civilisationnelle que les images de joies en Palestine viennent exacerbées, accréditant les conclusions de Samuel Huntington sur le « choc des civilisations ». De manière unanime, les commentateurs s’empressent de condamner cette interprétation mais, la présence récurrente de la réfutation [64], n’imprègne-t-elle pas paradoxalement ses représentations dans le lectorat.
La menace diffuse et littéralement impalpable des armes nucléaires ou chimiques ajoute à cette confusion [65]. En outre, l’effondrement des tours jumelles semble ébranler l’ensemble de la société. La bourse s’effondre, la récession économique guette, l’optimisme de l’an 2000 semble bel et bien révolu. « Des pans entiers de notre vie basculent dans le souvenir » [66]. Le monde qui se révèle est donc terrifiant et les gouvernements occidentaux, à la suite de leurs opinions publiques, expriment une demande croissante de sécurité.
Toutefois, voir le 11-Septembre comme césure reflète une reconstruction idéale, proche de l’ethnocentrisme, de la décennie de “paix” qui vient de s’écouler. Michel Schiffres symbolise cette reconstitution naïve : « Comment-avons-nous pu croire que nous vivions dans un monde apaisé, confortable où l’affrontement absolu aurait disparu en même temps que la puissance communiste ? » [67]. A croire que la parenthèse ouverte par la chute du Mur et refermée par ces attentats, fût une période de prospérité et de paix. Certes, en moins de deux ans, un écheveau complexe de réalités et de représentations s’est écroulé. L’Europe a vu s’éloigner le spectre de la guerre totale, à défaut de celui de la guerre tout court (le conflit en ex-Yougoslavie). Les grands bouleversements à venir n’étaient plus politiques, et donc militaires, mais économiques et pacifiques (apparition d’une monnaie européenne commune, intégration de nouveaux pays dans la sphère de l’économie de marché, révolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication). « Les démocraties se sont reposées sur la certitude que la paix, la liberté et la croissance étaient autant de dividendes assurés par la disparition du soviétisme et acquis pour l’éternité. » [68]. Les commentateurs relisent le monde occidental des années quatre-vingt-dix comme un sanctuaire, protégé des guerres qui affectent les régions défavorisées de la planète. Certes, les populations sont informées par les médias et alertées par leurs dirigeants des menaces nouvelles (immigration, terrorisme) mais cela semble être trop loin. Par la médiation des attentats du 11-Septembre 2001, les violences du monde surgissent dans cet espace pacifié. « Jadis, la barbarie avait son territoire. Aujourd’hui, elle est train de s’infiltrer dans tous les interstices de la vie quotidienne (…). » [69]. Serge July renvoie également à la fin de cette parenthèse historique quand il titre son éditorial « le nouveau désordre mondial » [70] en référence au nouvel ordre mondial né après la guerre du Golfe. Incidemment, les attentats sont interprétés comme un tragique retour à la réalité dont nous ne savons pas s’il vise les dirigeants, la population ou les commentateurs eux-mêmes. « Le réveil est terrible. La réalité (…) d’une scène internationale où il n’y a plus de règles et où les Etats ne sont plus les seuls acteurs, (…) l’a rattrapé avec la violence d’une agression comme les Etats-Unis en avaient rarement subi depuis l’attaque japonaise de Pearl Harbour, en 1941. » [71].
Après avoir mis en lumière le processus discursif qui a fait du 11-Septembre un événement fondateur d’un monde angoissant, présentons, en guise de conclusion, quelques conséquences que ce récit a pu suggérer. La construction médiatique d’un climat menaçant renvoie, certes, à une situation ou à des inquiétudes bien réelles, mais conduit aussi à une facilitation des réponses sécuritaires. Ce discours déstabilisant concourt à une action pratique et lisible du gouvernement afin d’ « exister » politiquement, par exemple en renforçant les mesures législatives sécuritaires. Aux Etats-Unis, le gouvernement ne tarda pas à fournir des réponses législatives à la menace terroriste. Dès octobre 2001, le Patriot Act, et les décrets qui en ont découlés, ont souhaité une extension des moyens fédéraux de surveillance et d’investigation (en élargissant les pouvoirs du FBI [72] dans la surveillance et la collecte des données) et de sécuriser les frontières extérieures, notamment en excluant certains individus de la sphère du droit [73]. Ce bouleversement juridique, par rapport à la tradition anglo-saxonne des libertés individuelles, s’est également accompagné d’une refonte de l’administration fédérale avec la création, en novembre 2002, du département de la Sécurité territoriale [74] qui regroupe vingt-deux agences spécialisées dans la protection du territoire (immigration, sécurité civile, douanes, etc.). L’Union Européenne et les Etats membres ont pareillement renforcé leur arsenal législatif (adoption du mandat d’arrêt européen en juin 2002, augmentation des délais de gardes à vue et aggravation des peines encourues pour les crimes terroristes) tout en intégrant la lutte contre le terrorisme dans leurs politiques publiques et leur diplomatie. A cela s’est ajoutée, une coopération accrue en matière judiciaire et policière même s’il a fallu attendre des attentats sur le sol européen (Madrid en 2004 et Londres en 2005) pour lui donner une impulsion significative. La France n’a pas fait exception et a fourni une réponse législative rapide à cette précarité soudaine [75] ; alors même que certaines dispositions anciennes du Code Pénal paraissent déjà pertinentes dans la lutte contre le terrorisme [76]. Dans la même perspective, ne peut-on pas envisager le fait que coder le 11-Septembre à l’aide d’occurrences tirées du souvenir de la Seconde Guerre Mondiale ait pu favoriser la constitution d’un consensus populaire autour de la participation, certes discrète [77], de l’armée aux opérations en Afghanistan ? En outre, les représentations des attentats ont favorisé l’adoption d’une augmentation substantielle des crédits de la défense et au-delà de la seule lutte anti-terroriste (la construction d’un second porte-avion par exemple) [78].
● Gluck C., « 11 septembre. Guerre et télévision au XXIe siècle », Annales, janvier-février 2003, pp. 135-162.
● Hartog F., Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003.
● Hobbes T., Le Léviathan, Paris, Sirey, 1983.
● Le Goff J. et Nora P., Faire de l’histoire. I Nouveaux problèmes, Paris, Folio, 1974.
● Lits M., « De nouveaux héros américains », in M. Lits (dir.), Du 11 septembre à la riposte. Les débuts d’une nouvelle guerre médiatique, Bruxelles, De Boeck, 2004.
● Ricoeur P., La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Seuil, 2000.
● Ricoeur P., « Evénement et sens » in « L’événement en perspective », Raisons Pratiques 2, 1991.
● Saïd E. W., L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident (1978), Paris, Seuil, 1997.
● Têtu J-F., « L’émotion dans les médias : dispositifs, formes et figures » in « Emotion dans les médias », Mots, n° 75, juillet 2004.
[1] Notre corpus comprend les unes, les articles, les éditoriaux, les tribunes et les photographies consacrés au 11-Septembre dans trois journaux nationaux (Le Monde, Libération et Le Figaro et deux magazines (Le nouvel Observateur et L’Express) du 12 au 17 septembre 2001. Les citations utilisées sont les plus saillantes parmi la masse importante des articles traités.
[2] P. Nora, « Le retour de l’événement » in J. Le Goff et P. Nora, Faire de l’histoire. I Nouveaux problèmes, Paris, Folio, 1974, p. 287.
[3] Le Monde, 13/09/01, p. 1.
[4] Libération, 12/09/01, p. 8.
[5] « L’effet Pearl Harbor », Libération, 12/09/01, p. 5.
[6] Cable News Network.
[7] P. Nora, ibid., p. 295.
[8] P. Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Seuil, 2000, p. 313.
[9] Op. cit., p. 317.
[10] P. Ricoeur, « Evénement et sens » in « L’événement en perspective », Raisons Pratiques 2, Paris, EHESS, 1991, pp. 41-56, p. 56.
[11] P. Nora, ibid., p. 293.
[12] Les petits paragraphes, écrits en gras et différenciés du reste de la page, se trouvant sous le titre de l’article.
[13] « Mais ils sont tous morts ! Où sont les blessés ? Où êtes-vous ? », « Circulez vers Broadway, et ne regardez surtout pas sur votre gauche ! », 13/09/01, p. 4-5.
[14] n° 1923, du 13 au 19/09/01.
[15] J.-F. Têtu, « L’émotion dans les médias : dispositifs, formes et figures » in « Emotion dans les médias », Mots, n° 75, juillet 2004, p. 17.
[16] M. Lits, « De nouveaux héros américains », in M. Lits (dir.), Du 11 septembre à la riposte. Les débuts d’une nouvelle guerre médiatique, Bruxelles, De Boeck, 2004, p. 123.
[17] « Guerre totale », 12/09/01, p. 14.
[18] « Les prophéties de Hollywood », Le Figaro, 13/09/01, p. 17.
[19] « Quand la réalité dépasse la fiction », Le Monde, 13/09/01, p. 19, « Quand la fiction prépare la réalité », L’Express, n° 2620, du 21 au 28/09/01, pp. 74-75.
[20] F. Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003, p. 116.
[21] Photo ci-dessous.
[22] « America Under attack », Libération, 12 /09/01, p. 46.
[23] C. Gluck, « 11 septembre. Guerre et télévision au XXIe siècle », Annales, janvier-février 2003, pp. 135-162.
[24] Ce terme désigne une lutte entre deux entités de taille et de structure disproportionnées, comme la lutte entre un Etat et un groupe terroriste.
[25] « Les sauveteurs, ces héros », Le Figaro, 15/09/01, p. 19. La une du Monde du 14/09/01 comprend une photo d’un pompier au milieu des ruines.
[26] M. Lits, « De nouveaux héros américains », ibid., p. 117.
[27] « Terrorisme : l’ennemi mondial », Le nouvel Observateur, n° 1924, ibid.
[28] « Lettre ouverte au président Bush, Le Figaro, 15-16/09/01, p. 40.
[29] « Back to history », Le Monde, 15/09/01, p. 18.
[30] « Nous sommes tous Américains », 13/09/01, p. 1.
[31] N. Khouri-Dagher, « Une guerre du IIIème millénaire », Le Monde, 14/09/01, p. 18.
[32] « Frapper fort, viser juste », Le Figaro, 14/09/01, p. 19.
[33] « Guerre contre l’Occident », L’Express, n° 2619, ibid., p. 34.
[34] F. Heisbourg, « De l’après-guerre froide à l’hyperterrorisme », Le Monde, 14/09/01, p. 17.
[35] N. Baverez, « Back to History », Le Monde, 15/09/01, 18.
[36] D. Goldschmidt, « L’arbre, la forêt », Le Monde, 15/09/01, 18.
[37] P. Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, ibid., p. 309.
[38] Une de l’Express, n° 2619, ibid.
[39] « Frapper fort, mais sur qui ? », n° 1923, du 13 au 19/09/01, p. 67.
[40] « L’effet Pearl Harbor », Libération, 12/09/01, p. 5.
[41] « Venger le jour d’infamie », Le Monde, 13/09/01, p. 17.
[42] « Le nouveau désordre mondial », Libération, 13/09/01, p.48.
[43] « On va fouiller encore et toujours », Une de Libération du 13/09/01, « La garde nationale, la police locale, les services sanitaires fouillent les ruines (…) », Le Monde, 14/09/01, p. 6.
[44] « Mobilisation générale des sauveteurs pour trouver les survivants », Libération, 13/09/01, p. 6, « A New York, les sauveteurs luttent à la recherche de survivants dans les décombres », Le Monde, 14/09/01, p. 6.
[45] Le Figaro, 12/09/01, p. 2-3.
[46] N° 1924, ibid., p. 60, « Les chevaux de Manhattan », Le Figaro, 17/09/01, p. 18.
[47] « L’effet Pearl Harbor », Libération, 12/09/01, p. 5, voir également « Apocalypse au cœur de l’Amérique », p. 2-3.
[48] 12/09/01, p. 4-5. Voir aussi « Apocalypse au cœur de l’Amérique », p. 2-3.
[49] « Guerre totale », Le Figaro, 12/09/01, p. 14.
[50] R.Tiersky, « Un point de non-retour », Le Monde, 13/09/01, p. 17.
[51] « Guerre contre l’Occident », L’Express, n° 2619, ibid., p. 34, « Guerre totale », Le Figaro, 12/09/01, p. 14, « New York - 8H 52 – la guerre », Le nouvel Observateur, n° 1923, ibid. Il faut également ajouter les références historiques analysées infra.
[52] P. Rousselin, « En ordre de bataille », Le Figaro, 14/09/01, p. 18.
[53] T. Hobbes, Le Léviathan, Paris, Sirey, 1983, p. 124-126.
[54] J. Julliard, « l’innommable », n° 1923, ibid., p. 63.
[55] J. Daniel, « Le chaos », Le nouvel Observateur, op. cit., p. 63.
[56] 13/09/01, p. 1.
[57] « Nous sommes tous sommes Américains », Le Monde, 13/09/01, p. 18.
[58] Le Figaro du 12/09/01, p. 2.
[59] P. Bruckner, « Les prophéties de Hollywood », ibid.
[60] « Vers une croisade antiterroriste », Le Figaro, 12/09/01, p. 6.
[61] « Guerre contre l’Occident », L’Express, n° 2619, ibid., p. 34.
[62] « Attaque imparable, ennemi invisible », Le nouvel Observateur, op. cit., p. 67.
[63] E. W. Saïd, L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident (1978), Paris, Seuil, 1997.
[64] « La prédiction de Samuel Huntington : le début d’une grande guerre », Le Monde, 13/09/01, p. 19, J. Daniel, « Le spectre du choc des civilisations », Le nouvel Observateur, ibid., p. 65.
[65] « Le spectre grandissant du terrorisme biologique », Le Monde, /09/01, p. 11, « Microbe et virus », Le Figaro, 12/09/01, p. 7.
[66] J. d’Ormesson, « Lettre ouverte au président Bush, Le Figaro, 15-16/09/01, p. 40.
[67] « La guerre de Bush », Le Figaro, 13/09/01, p. 17.
[68] N. Baverez, « Back to history », Le Monde, 15/09/01, p. 18.
[69] J. Julliard, « l’innommable », Le nouvel Observateur, n° 1923, ibid., p. 63.
[70] « Le nouveau désordre mondial », Libération, 13/09/01, p. 48.
[71] « La fin d’un rêve », Le Monde, 13/09/01, p. 18.
[72] Federal Bureau of Investigation.
[73] Un décret de novembre 2001 arroge au Président des Etats-Unis le droit de qualifier un individu d’“enemy combatant” et de l’exclure de toute juridiction nationale ou internationale.
[74] Department of Homeland Security.
[75] En octobre 2001, le ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant, présentait treize amendements au Sénat dans le cadre de la seconde lecture de la loi sur la sécurité quotidienne. Cette adjonction élargissait les pouvoirs de police en matière de fouille ou de surveillance électronique.
[76] Notamment l’incrimination d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, lire l’interview de Pierre de Bousquet, patron de la direction de la surveillance du territoire, Le Monde, 25/05/05, p. 9.
[77] Selon le ministère de la Défense, au mois d’octobre 2001, la présence militaire représente une “poignée” d’agents opérationnels sur le terrain et deux navires. En mars 2002, au plus fort du déploiement français, 4 500 militaires (dont 3500 en mer) étaient présents en Afghanistan.
[78] « Depuis le 11 septembre, les Français ont pris conscience de la nécessité de renforcer notre défense. », M. Alliot-Marie, ministre de la Défense, citée par Le Parisien, « Des milliards pour la Défense », 11/09/02, p. 8
Fragnon Julien, « Le 11 Septembre 2001 réécrit l’Histoire », dans revue ¿ Interrogations ?, N°1 - « L’actualité » : une problématique pour les sciences humaines et sociales ?, décembre 2005 [en ligne], https://revue-interrogations.org/Le-11-Septembre-2001-reecrit-l (Consulté le 4 octobre 2024).