Howard S. Becker (2002 : 118)
Dans le cadre d’une enquête sociologique qualitative par entretiens biographiques, plusieurs questions relatives à la constitution du corpus et à la validité du matériau se posent. Nous en évoquerons certains aspects dans la première partie de cet article qui a pour but d’aborder la question de qui accepte de participer à une enquête dédiée à la sexualité hétérosexuelle. Certes, il s’agit d’une enquête à propos d’un domaine sensible, mais, d’une part, il est probable que les questions qui se posent ont une portée plus large. D’autre part, ce champ de la recherche est en expansion [1], il semble par conséquent intéressant de se demander s’il est possible de produire des “données fiables”.
Cette interrogation fait suite à une enquête récente. Son objectif initial était de comprendre les effets d’une socialisation différenciée à la sexualité lors de la relation conjugale ; hypothèse résultant d’une précédente recherche (Santelli, 2018). Toutefois, il n’a pas été possible de répondre à cet objectif en raison de la composition du corpus : sa constitution était telle que je ne pouvais pas traiter ce que j’avais préalablement pensé enquêter. Rétrospectivement, il apparait que le fait d’annoncer réaliser une enquête sur la sexualité conjugale a orienté la formation du corpus. Cela conduit à trois types d’interrogations : qui a souhaité parler de sa sexualité ? pour quelles raisons ? quelles connaissances cela procure-t-il ?
Avant d’entrer dans le détail de cet exemple empirique, revenons sur quelques aspects de l’enquête biographique et son corpus.
Nous allons aborder ces deux aspects en référence à quelques textes qui abordent cet enjeu et au regard de ce qui s’est déroulé au cours de mon enquête.
Dans les enquêtes sociologiques par entretien, le plus souvent, le corpus d’une enquêteest constitué selon le mode “boule de neige”. Comme le formulent très justement Catherine Achin et Delphine Naudier (2010 : 80), il se forme « Par tâtonnement, hasards et recommandations[permettant de construire]un corpus en “boule de neige”aux contours volontairement flous, de taille réduite mais diversifié ». Parfois il est plus contrôlé en vue d’assurer une proportion suffisante de personnes selon différents critères retenus (les groupes sociaux, les classes d’âge, les contextes résidentiels…), mais il demeure toujours le fait de rencontres, de propositions, d’invitations à “participer à”.
Dans ce cas de figure, il est crucial de diversifier et multiplier les modes d’accès à la population enquêtée afin d’éviter le biais induit par un éventuel “effet de réseau”. Dans mon cas, par exemple, j’ai sollicité des personnes qui avaient répondu à ma précédente enquête, des membres de mon réseau personnel, des personnes rencontrées dans un établissement de formation, d’autres dans des sphères dans lesquelles j’ai eu la possibilité de présenter ma démarche, mais aussi une structure d’accompagnement à la santé et la vie familiale et une autre dans le domaine de l’insertion des jeunes adultes afin d’avoir des personnes issues des classes populaires. Les tentatives étaient diversifiées, elles s’adressaient à un large public, mais les personnes qui répondaient positivement, elles, se ressemblaient finalement beaucoup.
Bien que la question de la représentativité [2] ne se pose pas dans les mêmes termes que dans une enquête statistique, les sociologues mobilisant une démarche qualitative se posent également la question de l’échantillonnage, comme le montrent l’épigraphe ci-dessus et le chapitre dédié à cette question dans l’ouvrage de Daniel Bertaux (1997 : 22). Ce dernier insiste sur le fait qu’au-delà de la variété des positions, il faut également être attentif à la « différentialité », le fait que les individus sont porteurs d’un capital d’expérience biographique qui explique les variations observées au cours de l’enquête. L’« exigence de variation » a pour but de s’assurer qu’aucun cas ne vienne remettre en cause le modèle d’analyse (principe de « la recherche du cas négatif ») (ibid. : 25-26).
Dans le cadre d’une enquête par entretien, réalisée auprès de quelques dizaines de personnes, il semble pourtant délicat de pouvoir l’affirmer : comment être certain que les personnes qui ont décliné la proposition d’être interviewé.e.s ne sont pas des cas qui remettent en cause l’analyse, ou/et qui donneraient à voir une réalité à laquelle on ne peut accéder sans leur participation à l’enquête ? Dans le cas de la recherche sur la sexualité féminine, ce sont les femmes, désignées “en retrait” dans la précédente enquête, que j’aurais voulu interviewer, mais la démarche d’enquête adoptée a contribué à les exclure, au sens où elles ne se sont pas portées volontaires pour participer à un entretien sociologique. Elles n’auraient pas remis en cause l’analyse, mais elles en auraient éclairé un autre aspect.
Alors que dans les enquêtes longitudinales se posent inévitablement la question de la représentativité de l’échantillon en raison du phénomène d’attrition (Thierry, 2018), les biais dus à la non-réponse [3] sont plus rarement mentionnés dans le bilan méthodologique des enquêtes qualitatives par entretien. Pourtant, dans ce type d’enquête aussi, nous sommes confrontés à la situation de ne pas obtenir de “réponses” et contraints d’envisager que les personnes qui ne répondent pas à l’enquête sont différentes de celles qui y participent–malgré tous les efforts déployés pour constituer un corpus comportant une forte variation.
Participer à un entretien biographique signifie faire part d’expériences subjectives, sous une forme narrative et dans une perspective longitudinale. Dès lors, il semble utile de se demander si tous les individus sont susceptibles d’accepter. Certes, les individus semblent globalement plus disposés qu’auparavant à s’interroger sur eux-mêmes, à partager leurs réflexions et adopter une posture réflexive (Kaufmann, 2004). Mais est-ce vrai dans tous les milieux sociaux ? En toutes circonstances ? Les individus appartenant aux classes populaires, notamment les plus précarisées, semblent plus difficiles à convaincre de participer à ce type d’enquête–non pas en raison d’un manque de capacités intrinsèque aux milieux populaires, mais du fait d’un moindre sentiment de légitimité à le faire et parce qu’ils ont à faire face à des urgences qui semblent donner à l’exercice un caractère vain [4]. Du côté des sociologues, il est aussi plus coûteux–en temps, en énergie et donc en argent–de chercher à recueillir les récits de ceux et celles moins enclins à accepter la proposition de “faire un entretien”. Dans l’enquête sur la sexualité, une autre explication peut être avancée : une plus forte adhésion aux normes de genre, ou une difficulté à s’en extraire pour les femmes en couple. Sans le critère “être en couple”, j’aurais très probablement pu rencontrer plus facilement des femmes de milieu populaire.
Cette situation questionne aussi les motivations de ceux et celles qui acceptent. Plusieurs ont été avancées : l’habilité verbale, le fait de disposer d’une capacité à s’exprimer oralement (Giraudet al., 2014), le fait de se sentir investi d’un rôle de porte-parole (Peneff, 1990) ou dépositaire d’une histoire spécifique (Pollack, 1986), le fait de rendre service en contribuant à la connaissance (Thomé, 2020 ; Déroff, 2007), ou encore les attentes implicites (ou parfois explicites) des interviewé.e.s (Demazière, 2008). On pourrait en ajouter une autre, l’envie de témoigner de ce qu’on a accompli [5], parce qu’on a été confronté à des événements, qu’on a été amené à y réfléchir, que les choses se sont infléchies. En d’autres termes, les individus ont le sentiment qu’une situation a été dépassée et ils sont prêts à en rendre compte. Accepter de participer à un entretien biographique, c’est être prêt à revisiter son parcours et cette démarche est plus facile à accomplir quand, au moment de l’entretien, les individus sont satisfaits de ce dernier. C’est en tout cas une des constantes observées parmi les motivations qui ont conduit les individus sollicités au cours de mes enquêtes. Ce constat incite à s’interroger sur ce qu’il produit comme connaissance, ce que nous allons à présent tenter de faire à propos de l’enquête sur la sexualité conjugale.
Au départ, c’est pour tenter de comprendre les « processus sociaux qui placent les femmes dans l’impossibilité de définir par elles-mêmes et pour elles-mêmes une sexualité qui leur convienne, c’est-à-dire […] leur procur[ant] satisfaction » (Andro et al., 2010 : 9) qu’une enquête, dédiée à la sexualité conjugale, a été réalisée en 2019. Cette dernière avait donc pour objectif de comprendre comment, au début du XXIème siècle, se perpétue une situation qui pénalise les femmes dans leur vie intime.
Cette interrogation faisait suite à une précédente enquête réalisée auprès de jeunes couples d’une ancienneté moyenne de 4 ans (Santelli, 2018). Parmi plusieurs thématiques, la place de la sexualité dans le couple et le parcours sexuel antérieur avaient été abordés. Les principaux résultats pourraient être résumés ainsi : durant la période de jeunesse sexuelle, on observe une convergence des pratiques féminines et masculines. Mais, quelques années après le début de leur vie de couple, une majorité de femmes sont dans une position de retrait de l’activité sexuelle. Elles reprochent à leur conjoint« d’avoir toujours envie »tandis qu’elles préfèrent espacer les rapports sexuels et privilégient la tendresse au sexe. Pourtant, elles se doivent« d’avoir envie »de temps en temps (consentir à l’activité sexuelle) par peur de déplaire et nuire à la relation conjugale. Je concluais alors l’article sur l’hypothèse des effets d’une socialisation au désir sexuel genrée.
La nouvelle enquête devait permettre d’approfondir la manière dont se déroule cette socialisation différenciée, en amont de la vie conjugale, et ce qu’elle génère sur un plan individuel, une fois en couple, et au regard de la dynamique conjugale. En d’autres termes, comprendre les processus sociaux à l’œuvre qui expliquent pourquoi les hommes s’inscrivent majoritairement dans le « modèle du désir individuel » (Bozon, 2001) – correspondant à un usage plus hédoniste de la sexualité –, tandis que les femmes se retrouvent plus souvent dans « le modèle dela sexualité conjugale » (ibid.) – le fait d’avoir une activité sexuelle dans le but de participer à la dynamique conjugale et sentimentale.
Outre le fait de considérer le parcours amoureux et sexuel, l’entretien devait aborder le vécu de la relation sexuelle, les types de pratiques, le désir, la masturbation et l’orgasme. Même si ces éléments n’étaient pas mentionnés aux femmes contactées pour leur proposer de participer à l’enquête sous la forme d’un entretien, le fait de les solliciter en indiquant explicitement que je souhaitais échanger avec elles au sujet de la sexualité conjugale, a biaisé la constitution du corpus.
L’enquête avait aussi pour objectif de questionner l’écart entre les représentations actuelles de la sexualité – qui serait régulière, égalitaire et épanouissante – et la réalité vécue. Je présupposais l’existence d’un fossé entre les deux, ce que Jean-Claude Kaufmann (2020) a nommé les« fables » dans son dernier ouvrage dédié à la question du désir au sein du couple. Raison pour laquelle il semblait urgent de s’intéresser à« l’ordinaire de la sexualité » (Thomé, 2019 : 37).
Quarante-trois entretiens biographiques ont été recueillis. Chaque entretien a duré plus de deux heures.22 femmes et 21 hommes en couple hétérosexuel y ont participé [6]. Le corpus a été formé en ayant le souci de diversifier les modes d’accès aux individus afin d’en interviewer de milieux sociaux différents. Au final, les ouvriers et employés sont au nombre de 9 (6 hommes, 3 femmes), les professions intermédiaires 26 (11 hommes, 15 femmes) et les cadres et professions intellectuelles supérieures 8 (4 hommes, 4 femmes). La moyenne d’âge de la population enquêtée est de 32 ans [7].
Cette brève description des caractéristiques sociales du corpus enquêté fait apparaître une sous-représentation des classes populaires, malgré les efforts déployés pour obtenir leur participation à cette enquête. Les femmes contactées issues des classes populaires ont par exemple mentionné le fait qu’elles devaient préalablement obtenir l’accord de leur conjoint, pour ensuite refuser ; situation qui ne s’est jamais présentée auprès des autres femmes ni des hommes. Pour celles qui ont accepté d’être interviewées, j’ai bénéficié du relais d’une structure d’accompagnement social [8].
Il semble intéressant de se pencher sur les caractéristiques des hommes et des femmes qui ont participé à l’enquête pour se demander s’ils/elles sont bien représentatifs.ves. Or, sur plusieurs aspects, leur situation et leurs pratiques se distinguent de celles observées dans d’autres enquêtes représentatives de la population nationale :
Ce constat nous interroge sur les motivations des personnes qui ont répondu à l’enquête. Il semble que l’on peut en distinguer trois :
Cette remarque conduit à se poser deux questions : Comment construire l’échantillon d’une enquête dédiée au vécu de la sexualité ? Et, dans quelle mesure les résultats issus des enquêtes traitant de la sexualité peuvent-ils être considérés comme représentatifs de la population nationale ?
Dans l’enquête du psychologue Philippe Brenot (2012), présentée comme représentative parce que réalisée auprès de plus de 3 000 femmes hétérosexuelles d’âges et de milieux sociaux variés, 22% d’entre elles se déclarant en couple ne vivent pas en couple au quotidien–proportion nettement plus élevée que celle observée dans la population nationale puisque seuls 4% des individus sont dans ce cas. Ces femmes, clairement sur-représentées dans son échantillon, sont probablement dans cette situation à la suite d’une rupture conjugale, préférant ne pas cohabiter avec leur nouveau conjoint – ce qui informe sur leurs ressources et a aussi des effets sur la sexualité (Charrier, Déroff : 2005). Outre le fait que les femmes enquêtées ont un niveau d’études plus élevé que la moyenne, on peut imaginer que, là aussi, les femmes ayant répondu à P. Brenot sont principalement des femmes qui avaient envie de parler de leur sexualité parce qu’elles en sont globalement satisfaites. Par extension, cela questionne le caractère représentatif de tout échantillon construit dans la perspective d’une enquête relative à la sexualité.
Au sujet de l’enquête sociologique de Janine Mossuz-Lavau (2018), on pourrait faire des remarques analogues. Dans le cas des enquêtes statistiques nationales [10], l’obligation de produire un échantillon représentatif en tenant compte d’un certain nombre de variables (plan de sondage) minimise le risque d’un défaut de représentativité. Toutefois, on ne peut exclure le fait que disposer des mêmes caractéristiques ne préjuge pas d’un vécu similaire de la sexualité et qu’à caractéristiques comparables ce soient les individus les plus satisfaits de leur sexualité, les plus curieux ou encore les plus soucieux de s’interroger sur cette dernière, qui participent à ces enquêtes. Ce pourrait être une explication pour comprendre le taux élevé de satisfaction sexuelle déclarée dans l’enquête CSF au regard des récits recueillis dans mes enquêtes ou celle de J.-C. Kaufmann (2020).
À l’issue de ma recherche, force est de constater que la majorité des femmes interviewées correspondent au profil des « femmes désirantes », celles qui sont parvenues à devenir sujet de leur sexualité ; par opposition aux « femmes en retrait », peu satisfaites de leur sexualité, et qui avaient été au cœur du précédent article (Santelli, 2018). Ces dernières étaient alors majoritaires (les deux-tiers de mon corpus), alors qu’elles deviennent minoritaires dans la nouvelle enquête (un tiers). Qu’est-ce qui permet de l’expliquer ? Soit mon analyse, ainsi synthétisée, était erronée : si les femmes se retrouvent en retrait, peu d’années après l’entrée dans la vie de couple, c’est parce que, à la différence des hommes, elles n’ont pas bénéficié d’une socialisation à la composante désirante de la sexualité. Soit le fait de conduire une enquête explicitement dédiée à la sexualité a conduit à la formation d’un corpus spécifique.
Pour savoir laquelle de ces deux propositions est juste, nous avons, avec l’aide de Marie Bergström, cherché à obtenir une estimation de la proportion de « femmes désirantes » au sein de la population française, à partir de l’enquête CSF (Inserm, Ined, 2006). Quatre variables ont été retenues pour construire un indicateur permettant d’approcher cette catégorie : le fait de déclarer s’être masturbée au cours des 12 derniers mois ; n’avoir jamais ou rarement des rapports sexuels pour faire plaisir à son partenaire, sans en avoir vraiment envie soi-même ; n’être plutôt pas ou pas du tout d’accord avec l’idée que, par nature, les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes ; être plutôt ou tout à fait d’accord avec l’idée que l’on peut avoir des rapports sexuels avec quelqu’un sans l’aimer.
Les femmes qui se retrouvent dans au moins trois de ces quatre cas de figure représentent 12 %des femmes âgées de 25 à 40 ans et vivant en couple hétérosexuel au moment de l’enquête (deux critères correspondant aux caractéristiques de mon échantillon). Insistons sur le fait que cette estimation est nécessairement approximative puisque aucune question de l’enquête CSF n’avait pour but d’estimer la proportion de« femmes désirantes ». Cependant, au regard de ce faible pourcentage, on peut considérer que le corpus constitué dans mon enquête est spécifique : les femmes désirantes ne représenteraient qu’une faible proportion de femmes.
Initialement engagée pour explorer le vécu des « femmes en retrait », mon enquête a finalement permis de produire un matériau permettant d’étudier les conditions sociales d’émergence du « modèle du désir individuel » (Bozon, 2001) au féminin (Santelli, 2021).
La démarche biographique apparaît être une méthode adaptée pour saisir le sens que donnent les acteurs à leurs expériences, il s’agit d’un choix épistémologique (Vanini, 2014). Néanmoins, elle conduit à s’interroger sur les caractéristiques des personnes qui acceptent de répondre à ce type d’entretien et à ce que le corpus ainsi obtenu permet de produire comme connaissance sociologique. Dans le cadre d’une enquête biographique, les personnes seront plus ou moins enclines à accepter l’invitation à se raconter. Pour ce faire, le sentiment d’avoir accompli quelque chose, d’avoir engagé une réflexion préalable sur ce qui leur est arrivé, semble être un facteur décisif. Cet élément est donc essentiel pour comprendre la composition du corpus et expliquer pourquoi il n’est pas toujours généralisable.
Le fait d’enquêter sur la sexualité n’est indéniablement pas une enquête comme une autre. Dans mon enquête, outre une sous-représentation des femmes des classes populaires, je constate qu’une grande majorité des femmes interviewées sont globalement satisfaites de leur sexualité. Ce constat conduit à relativiser le discours à propos d’une parole qui se serait libérée sur la sexualité : cela concerne tout particulièrement les femmes qui appartiennent aux classes moyennes à fort capital culturel. Dans les milieux populaires ce type d’enquête reste difficile ainsi que, plus largement, auprès des femmes qui ne sont pas satisfaites de leur sexualité.
Cette réflexion méthodologique est indispensable pour comprendre pourquoi les récits recueillis ne m’ont pas permis de traiter de la situation du plus grand nombre de femmes en couple hétérosexuel. Même si “en creux” elle permet d’en comprendre certains aspects, revenir sur la genèse de cette enquête et la constitution du corpus, invite à s’interroger sur le type de matériau produit afin d’éviter toute généralisation abusive.
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[1] Voir les numéros de revue consacrés à la question (Brasseur, Finez, 2020 ; Combessie, Mayer, 2013) ; l’article d’I. Clair (2016) dédié à la sexualité dans la relation d’enquête ; la création de la revue Genre, sexualité, société en 2009. Un autre indicateur pourrait être les sujets pris par les étudiants, d’une année sur l’autre, dans un même cours.
[2] L’enjeu de la représentativité est de pouvoir affirmer que la partie de la population étudiée ressemble au tout dont elle est issue afin que les résultats produits à partir de la première soient valables au-delà de cette dernière.
[3] Plusieurs causes possibles : refus de participer à l’enquête, difficulté d’accès à la population-cible, partie de l’enquête non renseignée…
[4] C’est également le cas parmi les milieux les plus privilégiés, mais pour d’autres raisons. Voir les explications de D. Pinçon et M. Pinçon-Charlot (1991).
[5] Ce n’est pas à entendre au sens d’avoir réussi et de vouloir le faire savoir ; attitude qui faisait douter J. Peneff (1990) de la représentativité de ceux et celles qui se prêtent à l’exercice.
[6] 18 des entretiens réalisés avec les hommes ont été réalisés par Hugues Josserand, étudiant à l’Université Lyon 2. Ces entretiens suivaient un guide analogue à celui destiné aux femmes et avaient pour objectif de comprendre comment les hommes vivaient les transformations opérées dans le domaine de l’intime.
[7] Cette enquête a pu être réalisée grâce au soutien de la MSH Lyon Saint-Etienne et au soutien financier du Projet IDEXLYON dans le cadre du Programme Investissements d’Avenir.
[8] Je l’en remercie vivement car c’est au regard de la relation de confiance développée avec cette dernière qu’elles ont donné leur accord.
[9] C. Thomé (2020) et M.-L. Déroff (2007) font un constat similaire à propos des hommes qui ont participé à leur enquête.
[10] En France, la première enquête sur la sexualité date de 1970 (Simon et al., 1972), la deuxième a été réalisée en 1992 (Spira et al., 1993), la troisième en 2006 (Bajos, Bozon, 2008) et une quatrième est en cours, coordonnée par A. Andro et N. Bajos, E3S (Enquête sur la sexualité et la santé sexuelle).
Santelli Emmanuelle, « Enquêter sur la sexualité. Qui compose le corpus ? Que cela nous apprend-il de la sexualité ? », dans revue ¿ Interrogations ?, N°32. Communautés informelles d’apprentissage, communautés de pratique – Apprendre avec, par et pour les autres, juin 2021 [en ligne], https://revue-interrogations.org/Enqueter-sur-la-sexualite-Qui (Consulté le 21 décembre 2024).