L’entrecroisement entre productions artistiques et sciences sociales est un élément central du tournant environnemental de ces dernières. Une revue de littérature sur l’expérience des ruines abandonnées montre comment cet entrecroisement induit un déplacement de l’espace épistémologique des sciences sociales vers la problématisation des relations avec les êtres et les choses qui composent l’environnement. Les productions artistiques invitent les sciences sociales à considérer que cette pratique est indissociable de la perception et des attachements aux ruines qui constituent son décor. Symétriquement, la façon dont les productions artistiques figurent des relations aux ruines se trouve impliquée dans la caractérisation du fait social, dans la mesure où elles constituent un stock d’imaginaires culturellement disponibles. Ce sont comme deux façons de figurer le rapport au monde, qui se constituent en même temps dans la perception du paysage et dans les activités impliquées par la vie en société. Il s’agit alors de réinvestir le jeu entre art et science autrement que comme la rencontre entre deux champs en tension.
Mots-clés : Urbex, environnement, relation, esthétique, imaginaire
Between aesthetics and social practice of a landscape. A critical literature review on the experience of abandoned ruins
The intersection between artistic and social sciences productions is a central element of the environmental turn of social sciences. A literature review shows how this interaction induces an epistemological displacement of social sciences towards the problematization of relations with the beings and things that make up the environment. Artistic productions invite social sciences to consider that this practice is also a perception and an attachment to the ruins that constitute its setting. Symmetrically, the way in which artistic productions represent relations to ruins is involved in characterizing the social fact, as they constitute a stock of culturally available imaginaries. These are two ways of depicting the relationship to the world. Since they take form both in the perception of the landscape and in the activities entailed by living in a society, the interplay between art and science should be reinvested as something else than the meeting between two fields in tension.
Keywords : Urbex, environment, relation, aesthetics
Les spécificités de la relation aux ruines abandonnées en font un cas permettant d’observer la façon dont l’entrecroisement entre art et sciences provoque un déplacement épistémologique inscrit dans le tournant environnemental des sciences sociales – tournant qui a ouvert vers la problématisation de la façon dont s’organisent la relation avec les êtres et les choses dans la société contemporaine (Latour, 2007). C’est ce que montre le travail bibliographique sur la relation aux ruines abandonnées dont rend compte cet article. Ce travail bibliographique, qui croise les travaux sur la pratique de l’exploration de ces espaces et ceux sur l’esthétique de leurs représentations artistiques, fait suite à un terrain exploratoire sous forme de participation observante sur la relation esthétique aux ruines abandonnées (Wadbled, 2020a). L’étude de ce terrain a mis en avant une dissonance qui correspond à celle qui se retrouve dans la littérature de sciences humaines et sociales [1]sur le sujet : entre les imaginaires mobilisés par les acteurs pour décrire leur pratique sociale, d’une part, et pour représenter leur relation esthétique aux lieux où elle se déroule, d’autre part. Une étude critique de la façon dont s’articulent ces deux perspectives dans une revue de littérature permet ici d’en déterminer les enjeux et les implications.
Le champ d’étude de l’esthétique des ruines est constitué d’une quantité importante de travaux sur l’histoire de l’art et du rapport au patrimoine ; il est ainsi balisé par plusieurs synthèses critiques à partir desquelles ce travail a pu être mené (Makarius, 2004 ; Schnapp, 2020). En revanche, dans la mesure où les ruines abandonnées constituent des espaces interdits et déterritorialisés, leur visite a fait l’objet de peu d’études en sciences sociales. La façon dont cette pratique s’est développée et structurée depuis les années 1990 sous le nom d’exploration urbaine a cependant donné lieu à un certain nombre de travaux à la fois sur la pratique de l’urbex et sur les urbexeurs. Bien que des travaux récents s’attachent à la décrire rigoureusement et à l’analyser (Gallou, 2018), la bibliographie est constituée principalement d’ouvrages en langue anglaise produits par des urbexeurs avec une dimension apologétique (Gingham, 2020) ou de réflexions en écho avec celles sur l’évolution de la place de la culture matérielle (Edensor, 2005). Bien que certains constituent des travaux universitaires (Garrett, 2012), leur enjeu est de mettre en avant la représentation que les auteurs se font de leur propre pratique. Leur intérêt scientifique consiste ainsi pour la plupart à montrer cette représentation plutôt qu’à proposer une description de leur activité. La seule synthèse en langue française présente cet état de l’art de façon succincte et sans en proposer de critique épistémologique (Offenstadt, 2022).
L’entrecroisement ces deux champs place l’étude de l’urbex dans le champ des cultural studies et de la géographie culturelle, qui mettent en avant des phénomènes de circulation entre les arts et les pratiques sociales. Il implique une interdisciplinarité qui ne consiste pas seulement à engager le dialogue ou à reconnaître la complémentarité entre deux disciplines qui caractérisent différemment leur objet – comme c’est le cas par exemple dans une approche communicationnelle où la création se fait à partir de la science ou dans laquelle la science est vulgarisée par la création (La Broise, Morelli, 2022). Subséquemment, la prise en compte des différentes disciplines s’intéressant aux ruines abandonnées implique une transformation de l’objet d’étude plutôt que la multiplication de points de vue sur lui. Cet usage de la revue de littérature reprend une attitude épistémologique prônée par le sociologue Andrew Abbott (Abbott, 2001) : chercher à articuler plutôt qu’à dépasser les dichotomies structurant les champs disciplinaires. La mise à jour de la dynamique d’opposition entre communautés disciplinaires apparaît comme les moments différents d’un même processus d’enquête qu’il s’agit de combiner.Ainsi, l’entrecroisement des différentes approches invite à ouvrir un nouvel espace de connaissances et celui-ci consiste à combiner des postures de recherche habituellement opposées, plutôt qu’à proposer un modèle révolutionnaire qui aurait découvert une vérité jusque-là ignorée. En interrogeant les positionnements relatifs des travaux sur l’esthétique des ruines abandonnées et sur la pratique sociale de l’exploration urbaine pour constituer l’expérience de ces espaces en champs de recherche, cet article suit successivement ces deux préceptes.
Mener une revue de littérature sur les ruines abandonnées montre une opposition entre des travaux sur les représentations artistiques et ceux sur les usages sociaux des ruines abandonnées, qui les présentent respectivement comme des espaces de relation avec les êtres composant l’environnement et de résistance à l’organisation spatiale de la société. Il semble donc y avoir une tension entre les schèmes esthétiques écologiques [2], avec lesquels ces paysages sont représentés artistiquement, et les imaginaires géographiques (Debarbieux, 1995) et socio-politiques dans lesquels les espaces visités sont reconnus et qualifiés.
Bien que certains travaux sur l’exploration urbaine thématisent le rapport esthétique aux sites visités – et en particulier aux ruines (Massey, 2021) –, l’étude de cette pratique apparait en effet surtout comme une entrée pour l’analyse des structures sociales et politiques de l’espace. Les ruines abandonnées sont reconnues comme des espaces qualifiés de déterritorialisés (Offenstadt, 2022), de friches, de fantômes (Shepard, 2015), de terrains vagues (Solà-Morales, 2013) ou d’hétérotopie (Gingham, 2020) pour signifier qu’elles sont mises à part de l’organisation sociale et politique de l’espace. Ce sont alors des lieux qui invitent au voyage d’exploration en tant que quête de l’extraordinaire (Urry, 1990), où sont découverts des objets et des paysages différents de ceux composés dans l’espace quotidien organisé de façon fonctionnelle. Leur interdiction d’accès donne à cette exploration une dimension politique contestataire. L’urbex constitue ainsi la revendication du droit à l’espace public qui passe par un hacking spatial contestant la régulation de son usage utilitaire (Garrett, 2012) ainsi que les pratiques à la fois de la propriété et de l’identité (Gingham, 2020). Cette absence d’usage fonctionnel rend également disponibles les ruines comme espaces contre-culturels. En tant que « patrimoine oublié » (Offenstadt, 2018) ou que « tiers lieux culturels » (Besson, 2017), leur occupation revendique une place pour une histoire ou des pratiques culturelles qui ne sont pas reconnues. L’organisation de l’exploration en tourisme de ruines organisé (Le Gallou, 2018 ; Graillot, 2022) participe de ces nouveaux usages, en affirmant la légitimité de l’exploration urbaine en tant que loisir et en normalisant sa dimension de « dissidence récréative » (Lebreton, Bourdeau, 2013).
Cette description de la pratique des ruines abandonnée n’est pas celle du paysage décrit par les travaux s’intéressant à leur esthétique (Makariuis, 2004 ; Wadbled, 2020a). Ils y reconnaissent une esthétique environnementale (Blanc, Olive, 2009) où la visite des ruines abandonnées apparait comme une expérience de la relation avec les choses et les êtres qui constituent le milieu où elle se déroule – plutôt que comme une manière de se positionner politiquement vis-à-vis de l’organisation de la société. Les restes du passé prennent alors une valeur écologique : sont explorés des espaces où les restes de constructions humaines participent à l’équilibre d’un environnement global incluant les humains qui en ont hérité, les non-humains dont elles sont l’habitat et les forces géologiques ou climatiques agissant dessus. Leur état n’est pas une dégradation, mais la marque d’un ensauvagement. Elles peuvent signifier l’existence d’une nature sauvage qui subsiste malgré l’impact environnemental des humains, l’existence d’une nature détruite par la pollution, où même l’humain n’arrive plus à vivre, et le dépassement de l’opposition entre la nature et la culture, où humains et non humains participeraient au même environnement afin de rétablir un équilibre écologique.
À suivre les travaux sur la pratique de l’urbex, ces représentations sont étrangères à l’image que les acteurs se font des ruines abandonnées qu’ils visitent. Cette tension montre que les œuvres figurant un imaginaire écologique des ruines ne constituent pas un point de vue (Déotte, 2004) que prendraient les urbexeurs pour percevoir et donner sens aux paysages qu’ils rencontrent. Ne se produit donc pas ce que le philosophe Alain Roger (1997) nomme une « artialisation » du mode d’existence écologique des ruines – processus par lequel un schème proposé par des œuvres d’art est repris pour devenir un mode de perception du monde. Les paysages qu’il permet de composer restent imaginaires. Les œuvres d’art montrant les ruines d’un point de vue écologique n’ont alors pas pour les urbexeurs le rôle qu’occupent, par exemple, les peintures de Paul Gauguin pour la visite de Tahiti (Staszak, 2003, 2006) : d’une part, les visiteurs perçoivent le paysage de l’île sur ce modèle et l’investissent ainsi pour y reconnaître un monde exotique, d’autre part l’environnement est remodelé par les institutions touristiques pour inviter à avoir ce regard. L’appréhension écologique ne ferait ainsi pas partie du sens commun des urbexeurs et resterait associée aux représentations artistiques. Elle engage des imaginaires géographiques qui semblent rester virtuels ou imaginaires (Durand, 1998), au sens de ce qui reste attaché à une diégèse, c’est-à-dire à l’espace-temps interne de l’œuvre indépendamment de tout lien avec le monde du spectateur ou du lecteur. Ils font partie du stock des cadres de l’expérience disponibles (Schütz, 1987) sans être actualisés par les acteurs pour comprendre leur expérience. Bien que certains travaux s’interrogent sur l’impact de ces représentations sur l’appréhension des paysages (Chelebourg, 2012), c’est une question peu prise en charge par les sciences sociales s’intéressant à la pratique des ruines abandonnées.
Cependant, dans la mesure où les imaginaires écologiques des ruines circulent et sont culturellement disponibles, leur non-convocation par les urbexeurs est le signe d’un positionnement par rapport à eux (Wadbled, 2023) – d’autant plus dans un contexte où les enjeux environnementaux sont largement présents. Le choix d’un cadre d’expérience plutôt qu’un autre dans le répertoire de ceux disponibles différencie les expériences des acteurs à l’intérieur de l’espace culturel caractérisé par ce répertoire. Cette approche s’inscrit dans une épistémologie structuraliste de la culture, définie comme un ensemble de relations formelles entre des systèmes de signes, qui sont en l’occurrence les différents imaginaires des ruines. Leur ’non-artialisation’ dans ce contexte culturel mérite au minimum d’être expliquée et non simplement ignorée. L’absence de convocation d’un tel imaginaire est en effet un fait social. Ce qui ne semble avoir qu’une existence diégétique lorsque les productions artistiques ne sont pas entrecroisées avec les sciences sociales se révèle être également un élément d’une géographie concrète.
Cette tension entre les travaux qui rendent compte de la pratique de l’exploration urbaine et les œuvres d’art figurant la relation esthétique aux ruines abandonnées manifeste celle, épistémologique, entre la vie en société et la perception sensible associée au monde de l’imaginaire et de la vie mentale individuelle. Dans la continuité de la critique proposée par l’anthropologie (Stépanoff, 2019), la pertinence d’une telle opposition apparait cependant remise en cause par plusieurs indices qui suggèrent que la visite des ruines abandonnées est associée à une expérience environnementale. Au-delà de l’identification formelle des paysages de ruines visités avec ceux montrés dans des œuvres (Wadbled, 2020b), un nombre important des photographies faites par des urbexeurs figurent un imaginaire écologique tout en se présentant comme la documentation de leur pratique. La circulation sur les réseaux sociaux (Rojon, 2015) n’est pas anecdotique et structure les relations entre urbexeurs dans une socialité qui est une dimension centrale de leur pratique (Offenstadt, 2022). La relation des ruines à la nature en tant que partie d’un environnement fait partie des topoï non seulement de l’esthétique des photographies d’explorations, mais également des échanges qui se développent autour d’elles. À côté de celles qui montrent les ruines comme des paysages organisés selon les imaginaires du hacking spatial (Hannem, 2016), de la mémoire patrimoniale (Marchand, Meffre, 2010) ou du développement de nouveaux usages (Vergara, 2016), d’autres les présentent d’un point de vue écologique (Veillon, 2021). Ces images sont explicitement présentées comme rendant compte de l’expérience de visite des photographes et sont reconnues par des communautés d’urbexeurs comme faisant écho à la leur. Cette reconnaissance est un indice d’un partage de l’expérience écologique des ruines abandonnées.
La question se pose de la raison pour laquelle les conséquences de cette rencontre entre les imaginaires des productions artistiques et des pratiques de l’urbex ne sont pas véritablement examinées dans les travaux sur ces dernières. Une hypothèse est que les acteurs eux-mêmes ne mobilisent pas les imaginaires écologiques : ils sont associés à leurs préférences esthétiques personnelles indépendamment de la pratique sociale à laquelle ils participent. La représentation que les urbexeurs ont de leur activité serait attachée aux cadres associés à la pratique qu’ils assument réaliser : la contestation de l’organisation spatiale de la société et la redécouverte du patrimoine historique oublié. L’effet produit par la rencontre avec le paysage particulier qu’ils découvrent et qui les interpellent serait indifférent ou réduit à une sensibilité personnelle.
Les visiteurs de ruines abandonnées peuvent alors reconnaître le décor dans lequel ils se trouvent comme ayant une esthétique écologique sans que cela ait un impact sur l’identification socio-politique de leur pratique. Cela n’entraîne qu’un léger déplacement de l’attention, et non un engagement dans une autre pratique sociale. Cette hypothèse implique que ce décor n’est pas véritablement investi comme le milieu de la pratique : il n’aurait pas d’influence sur elle. Il est ainsi significatif que les ruines sont rarement identifiées comme étant le terrain privilégié de ces pratiques. Elles sont un espace d’exploration, des documents historiques ou des espaces à réinvestir comme les autres. Être dans une ruine abandonnée induit une expérience comparable à celle d’autres sites déterritorialisés, historiques ou disponibles. En visiter une constitue une préférence personnelle qui oriente le choix de l’endroit où l’on pratique l’aventure, la recherche patrimoniale ou le développement de cultures alternatives : un urbexeur ayant une sensibilité écologique particulière ou particulièrement sensible aux esthétiques écologiques pourrait préférer avoir ces pratiques dans des ruines.
Si l’imaginaire écologique des ruines abandonnées figuré dans certaines photographies d’exploration est au contraire l’indice d’une relation particulière à ces espaces, alors elles ne constituent pas un simple décor. Leur visite implique un réseau complexe de relations avec les restes de constructions humaines et les traces de l’action de l’environnement sur elles. Plus qu’une pratique déterminée, l’exploration urbaine serait alors un ensemble de pratiques qui se distinguent par la nature et la qualité des relations avec les sites visités. Une telle approche s’inscrit dans le tournant environnemental de la géographie culturelle et de l’anthropologie sociale de la nature, qui ont en commun à la fois de ne pas appréhender les pratiques indépendamment du milieu avec lequel elles font entrer en relation et de décrire symétriquement ce milieu comme ce qui émerge de ces relations. La géographie culturelle (Claval, 1999) s’intéresse ainsi à l’interaction des humains avec leurs milieux et la représentation qu’ils en ont. De ce point de vue, un paysage écologique constitue le site d’une pratique particulière qui n’est pas assimilable à celle d’autres sites. L’anthropologie sociale de la nature (Descola, 2005) considère quant à elle que la perception de la place des humains par rapport aux autres êtres s’organise autour de pratiques caractéristiques de leur organisation sociale. Si la visite de ruines abandonnées a comme effet une expérience de l’environnement, alors cette forme d’exploration urbaine peut être considérée comme une pratique écologique.
L’esthétisation aussi bien du décor dans lequel a lieu l’exploration que des productions artistiques qui le figurent ne signifie alors pas l’absence d’expérience écologique des ruines abandonnées, mais un désintérêt pour la relation que cette pratique a à son milieu. Les anthropologues Philippe Descola (2005) et Bruno Latour (1991) qualifient de naturaliste et de moderne le cadre de cette épistémologie : elle suppose la liberté de mettre en place des organisations sociales en fonction de choix indépendamment des conditions du milieu de vie et des attachements avec ce qui le compose. Cet isolement épistémologique des problématiques sociales montre que l’expérience sociale est purifiée de l’esthétique qui engage la sensibilité et l’attachement à l’environnement. La prise en compte de l’esthétique est cantonnée au champ de l’art. L’interroger ne signifie pas caractériser la visite des ruines abandonnées par la révélation d’une expérience esthétique écologique véritable cachée, mais reconnaître la dissonance entre une expérience de la relation à l’environnement et la représentation sociale qu’en ont aussi bien les acteurs que les chercheurs. La démarche d’une étude de l’expérience de l’exploration urbaine est alors de caractériser cette tension que Bruno Latour reconnait comme étant celle de la modernité.
La géographie culturelle et l’anthropologie sociale de la nature peuvent également servir de guide épistémologique et méthodologique pour appréhender la manière dont les représentations artistiques et les paysages dans lesquels les pratiques sociales ont lieu sont deux formes d’actualisation des imaginaires géographique. Elles sont décrites comme des faits sociaux où se constitue la relation à l’environnement, par exemple par le géographe François Staszak (Staszak, 2003 ; 2006) et l’anthropologue Philippe Descola (Descola, 2021). À partir du cas de la recherche d’un exotisme stéréotypé à Tahiti, le premier décrit une situation où le tourisme est inséparable d’une correspondance entre l’esthétique de ce voyage exotique et celui des œuvres d’art. Avec une ambition comparatiste plus large, Philippe Descola montre que les figurations artistiques font percevoir le monde dans des schèmes qui sont ceux des pratiques rituelles engageant des médiations relationnelles avec les êtres ou les choses. Dans les deux cas, la perception par laquelle se constituent les paysages prend forme à travers des pratiques qui engagent à la fois un mode artistique et un mode rituel. Les images artistiques sont donc appréhendées comme « la trace active non seulement des objets qu’elles figurent et avec qui elles partagent des propriétés reconnaissables, mais encore des modes d’être de ces objets.[…]c’est ainsi donner à voir l’ossature ontologique du réel à laquelle chacun de nous se sera accommodé en fonction des habitudes que notre regard a pris de suivre plutôt tel ou tel pli du monde. » (Descola, 2021 : 31-52).
Dans cette perspective, caractériser la visite des ruines abandonnées passe par la description des modalités de circulation des esthétiques environnementales. Les travaux de Jean-François Staszak montrent plus précisément comment il est possible d’appréhender cette articulation. Si Philippe Descola propose une théorisation plus aboutie de son geste épistémologique, il présente les activités sociales et artistiques comme deux modalités différentes étudiées séparément. À partir de comptes rendus de voyages, Jean-François Staszak s’attache au contraire à montrer comment la représentation de l’expérience touristique est inséparable d’un paysage composé par l’investissement d’un imaginaire artistique et symétriquement comment cette pratique du voyage transforme l’appréhension des productions artistiques. Un travail similaire pourrait être mené sur les photographies dont l’imaginaire environnemental reprend l’héritage des codes visuels des figurations romantiques et post-apocalyptiques des ruines (Boitiaux, 2022). Une telle approche dépasse le champ de l’histoire de l’art et s’inscrit dans celui des sciences sociales, dès lors que cet héritage est rapporté à la pratique de la visite des ruines abandonnées et non seulement aux préférences esthétiques personnelles des artistes.
Si elle ouvre des perspectives stimulantes, cette approche semble cependant incomplète pour rendre compte de la circulation des imaginaires artistiques des ruines abandonnées ; elle ne permet pas de rendre compte de la différence entre ceux-ci et l’activité socio-politique affirmée par les urbexeurs. La difficulté tient en effet au fait que la signification sociétale de la pratique de l’exploration urbaine est reconnue et assumée par les acteurs. Si leurs œuvres expriment une esthétique environnementale, l’étude de leur point de vue montre qu’ils l’appréhendent sociologiquement à partir de sa place dans l’espace social. Se reconnaître comme pratiquant l’urbex signifie en effet partager une conception de cette pratique en tant qu’investissement de l’espace de la société (Offenstadt, 2022) dans différents décors. C’est donc ce cadre que les enquêtes sur l’expérience des urbexeurs mettent en avant. Identifier phénoménologiquement l’expérience à la représentation qu’en ont les acteurs suppose que les raisons qu’ils ont de la faire caractérisent totalement leur activité. Elle apparait alors comme la simple illustration d’un ensemble préétabli d’idées – qui sont le véritable objet de l’analyse phénoménologique.
Si la géographie culturelle et l’anthropologie sociale de la nature ouvrent une voie épistémologique en invitant à considérer ensemble les représentations artistiques et l’expérience du paysage, une enquête sur les ruines abandonnées ne peut simplement en reprendre le paradigme sans faire l’impasse sur la difficulté posée par la tension mise en avant ci-dessus dans la revue de littérature. Ce serait faire le choix de la pertinence de la description esthétique. Repérer la relation esthétique aux ruines abandonnées demande une épistémologie qui distingue la relation esthétique au milieu visité de la tâche prescrite par la participation à une pratique sociale assumée. De ce point de vue, une expérience de visite est différente de celle de visiteurs-modèles réalisant le programme de la visite à laquelle ils participent – qu’ils respectent un script imposé ou se donnent le leur en fonction de leurs intérêts.
Décrire et expliquer cette situation place l’enquête du côté de l’ethnographie pragmatique (Houseman, Severi, 2009), attentive à décrire les pratiques rituelles comme les situations d’attachement aux choses qui se produisent à travers elles plutôt qu’à partir du sens que les acteurs leur donnent ou de leur fonction dans l’organisation de la société. Il s’agit de suivre les acteurs afin d’obtenir une description de ce qu’ils font et de ce que cela leur fait. Des données sur une telle expérience ne sont pas produites à partir d’entretiens semi-directifs ou à partir d’une analyse topographique comme le sont les travaux de sciences sociales sur l’urbex. Ceux-ci permettent de décrire la représentation que respectivement les acteurs ou la société se font de la pratique étudiée, plutôt que le mode de relation au monde qui se produit. La pertinence de cette méthode pragmatique dans l’étude d’une pratique contemporaine est marquée par sa reprise par Bruno Latour pour caractériser la modernité comme l’absence d’homogénéité entre l’expérience de la relation aux choses et les catégories mentales disponibles qui permettent de la comprendre sociologiquement (Latour, 1991).
Dans cette perspective, la dissonance entre la représentation que les urbexeurs ont de leur pratique et l’esthétique des photographies qu’ils produisent est l’indice d’une situation dans laquelle les acteurs ont des difficultés à identifier ce qu’ils ont pourtant vécu. Ce vécu se manifeste en revanche plus facilement dans des œuvres d’art, dans la mesure où un imaginaire écologique des ruines est culturellement disponible dans les productions artistiques. Les œuvres présentant une esthétique écologique des ruines apparaissent en ce sens faire écho à celles des naturalistes décrits par l’historienne de l’art Estelle Zhong Mengual lorsqu’elle y repère des schèmes esthétiques en tension avec une approche objectivante de la nature (Zhong Mengual, 2021).
Partir de ce constat implique de redéfinir l’ambition d’une étude de l’expérience des ruines en faisant la cartographie de la controverse entre les cadres mobilisés pour décrire respectivement la pratique sociale et la relation esthétique. Sa spécificité est qu’elle n’engage pas seulement des acteurs différents ayant des représentations différentes, mais potentiellement chaque visiteur selon le mode dans lequel il met en forme son expérience. Elle ne se contente donc pas de décrire la relation des visiteurs à leur environnement. Elle considère également leur rapport à cette relation.
Si l’ethnographie pragmatique invite à considérer l’activité des acteurs à côté de la représentation qu’ils en ont, elle se concentre sur les rituels où elle se produit. Repérer la dynamique de traduction de ses formulations symboliques implique de l’associer à une sociologie de la mémoire qui reconnaît la représentation assumée d’une pratique comme étant l’effet d’une dynamique fictionnelle parallèle à celle de la production artistique. Il est ici possible de s’appuyer sur la façon dont le sociologue Maurice Halbwachs (Halbwachs, 1994 ; 1997) caractérise l’appartenance à un groupe social comme étant le partage d’une mémoire qui se constitue par la mise en forme d’une expérience vécue selon des cadres sociaux partagés. L’expérience identifiée comme telle est alors constituée d’une série de représentations qui sont cohérentes avec l’image que le sujet a de sa pratique et de lui-même. Il se reconnait alors à chaque fois dans le schème disponible – qu’Halbwachs nomme cadre de la mémoire – qu’il considère être le plus pertinent pour maintenir cette cohérence. L’expérience est décrite comme un procès qui se stabilise plutôt que comme une situation initiale à identifier. L’expérience des ruines abandonnées pourraient alors se stabiliser dans le contexte des groupes d’urbex qui valorisent un cadre sociologique tout en ayant une forme écologique dans des productions artistiques.
Les productions artistiques et les récits produits lors d’entretiens semi-directifs sont alors épistémologiquement au même niveau. Ce sont deux façons différentes de mettre en forme l’expérience vécue afin de la reconnaitre. Ils ne doivent être ni réifiés comme s’ils en étaient le compte-rendu objectif, ni dénigrés en tant que productions artificielles après-coup. Porter ainsi l’attention sur leur processus d’émergence, plutôt que poser la question de leur fidélité à ce qui a été éprouvé, signifie définir l’expérience des ruines abandonnée par une position dynamique et provisoire dans le réseau des imaginaires esthétiques et sociaux disponibles. Déplacer l’attention de la représentation des acteurs vers leur expérience n’implique ainsi pas de proposer une autre définition de l’exploration urbaine, mais de renoncer à en caractériser l’expérience de façon univoque en cherchant la vérité de ce qui se passe pendant la visite. Il s’agit de reconnaitre que les visiteurs des ruines abandonnées ont des expériences esthétiques complexes. Chacun passe d’un paysage à l’autre selon la façon dont il est interpellé par les sites qu’il visite et la disponibilité des imaginaires artistiques dans lesquels il en constitue la représentation.
Entrecroiser les productions artistiques et les études la pratique de l’exploration urbaine dans une revue de littérature sur l’expérience des ruines abandonnées a comme effet une transformation épistémologique par rapport aux travaux existants : d’une sociologie de la situation sociétale des urbexeurs vers une anthropologie de leurs relations à l’environnement. Inscrire les perspectives de l’ethnologie pragmatique et de la sociologie de la mémoire dans le champ de la géographie culturelle et de l’anthropologie sociale de la nature permet d’en avoir une approche plus complexe. Il s’agit d’envisager non seulement leur articulation mais la circulation de l’expérience esthétique à l’intérieur des schèmes culturellement disponibles, ainsi que la façon dont ils s’incarnent à la fois par les activités sociales et par la représentation qu’en ont les acteurs. L’objet même des sciences sociales s’en trouve modifié : les dynamiques de traduction portées par des acteurs se déplaçant dans les réseaux des imaginaires culturellement disponibles plutôt que leur participation à l’organisation de groupes sociaux structurés déterminés. Si faire de l’exploration urbaine implique se reconnaitre dans un groupe social qui a une représentation socio-politique de cette pratique, celle-ci n’épuise pas l’expérience faite des ruines abandonnées. Certains acteurs appartiennent également au groupe de personnes qui sont touchées par les œuvres d’art montrant une esthétique environnementale des ruines. L’enjeu d’une étude du rapport aux ruines abandonnée est de repérer et de cartographier cette complexité.
L’étude des productions artistiques et des pratiques sociales s’articule ainsi pour constituer un champ d’étude des ruines abandonnées caractérisé par la reconnaissance de paysages. Il apparait alors insuffisant de définir l’esthétique ou la pratique indépendamment de cette dynamique. L’étude des œuvres d’art ne les réduit ni à un ensemble de symboles intégrés dans un réseau de signes arbitraires, ni à la manifestation de rapports sociaux, comme ce serait le cas pour des visions respectivement sémiologiques et sociologiques de l’histoire de l’art. Elles sont la surface d’inscription d’imaginaires de paysages et constituent ainsi des médiations qui les rendent disponibles. Symétriquement, l’exploration urbaine n’est pas réduite à une réponse à la dynamique des rapports spatiaux qui définissent une société ou à la représentation que les acteurs en ont. L’inscription de l’expérience dans son contexte culturel se fait à partir de la capacité des acteurs à mobiliser des imaginaires et non seulement de leur situation sociale.
Cette approche ouvre vers la reconnaissance d’un mode d’existence écologique des restes du passé qui demeure cachée aux regards sociologiques et phénoménologiques. L’usage des ruines se déplace alors du champ de la médiation historique vers celui de la communication environnementale (Wadbled, 2022), et la muséologie traditionnellement associée à la mémoire ou à l’histoire est invitée à s’ouvrir vers les humanités environnementales [3]. Cette façon d’appréhender le rapport aux restes du passé s’inscrit dans la perspective des critical heritage studies qui interrogent l’hégémonie de leur mode d’existence sociétal. Il ne s’agit alors pas de reconnaître un mode d’existence écologique des restes du passé dans d’autres contextes culturels (Schnapp, 2020), mais à l’intérieur même des pratiques contemporaines (Desilvey, 2017 ; Harrison, Sterling, 2020). Appréhender l’exploration urbaine en tirant les conséquences de l’entrecroisement entre pratiques artistiques et sciences sociales le fait apparaitre comme un dispositif contemporain de relation écologique à un milieu (Wadbled, 2021).
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[1] Par simplification, est désormais retenue dans cet article l’expression « sciences sociales » pour désigner plus largement le champ des sciences humaines et sociales (SHS).
[2] Dans cet article, je distingue les notions d’écologie et d’environnement en reprenant leurs usages classiques. Je réserve ainsi la notion d’écologie pour qualifier la façon dont les ruines apparaissent comme étant le résultat de l’interaction des êtres vivants entre eux et avec leur milieu. Celle d’environnement est utilisée en un sens plus général de milieu composé des éléments où ont lieu des comportements.
[3] « Environnemental » prend ici le sens anglo-saxon d’écologie qui est celui couramment utilisé pour désigner les approches de sciences humaines et sociales s’intéressant à l’écologie.
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