En référence à l’essai sur le don de Marcel Mauss, et à des commentaires récents, diverses expériences de retour d’enquêtes sont ici revisitées. Elles ont toutes en commun d’avoir concerné de jeunes enquêtés. Elles posent donc des questions particulières de compréhension intergénérationnelle, de disponibilité à la temporalité de la recherche professionnelle et de restitution à des personnes soumises à un pouvoir légitime (instance scolaire, famille, etc.). Or, ces expériences permettent de pointer divers traits conformes au cadre du don et du contre-don (la forme d’obligation que représente le don, la part de l’autre qu’on en reçoit, la dimension esthétique qui entre dans le mécanisme du don – contre-don) mais aussi divers problèmes que pose la restitution particulière de connaissance (restitution à un collectif de connaissances sur des personnes, dévoilement de rapports d’inégalité au sein des personnes enquêtées, etc.).
Mots clés : retour d’enquête – jeunes – contre-don – ethnographie – lycée
Back gift to young people investigated
After reading again, in such circumstances, Marcel Mauss’s essay about gift and post-comments, some experiments of survey come back will be investigated. They have as common aim to address young people. They raise specific problems of intergenerational understanding, availability to professional research timing and communication to people under lawful authority (school staff, parents, etc.). These experiments allow to point out some echoes to gift and back gift theory (gift as a duty, part of giver received within gift, aesthetic dimension of gift and back gift process) but also some problems connected to specific knowledge back gift (giving individual knowledge to a whole group, revealing inequality among investigated people, etc.).
Key words : back survey – youngsters – back gift – ethnography – secondary school
Le début de ma vie d’enquêteur, sociologue et ethnologue, m’a fait restituer sans hésiter. Il s’est agi de recherches liées au développement rural, notamment au Sénégal, dans la droite ligne des recherches-actions conduites par l’Institut national de la recherche agronomique ou le Groupe d’expérimentation, recherche, développement et actions localisées [1].
Dans ces groupes, il est inhérent à la démarche de partager les « résultats » avec celles et ceux qui sont à la fois questionneurs au départ et utilisateurs à l’arrivée. Le moment fondateur de la thèse a été pour moi marqué par une démarche d’immersion totale, à partir de l’exercice du métier de facteur et dans l’ordre de préconisation d’Erving Goffman, « consistant à recueillir des données en vous assujettissant physiquement, moralement et socialement à l’ensemble des contingences qui jouent sur un groupe d’individus » [2], en l’occurrence aussi bien le groupe des facteurs que celui des habitants et habitantes de hautes vallées de montagne où j’exerçais ce métier, et gagner ainsi « le droit écologique d’être auprès d’eux » [3]. J’ai pu écrire à l’époque que j’y avais précisément gagné « le droit écologique d’entrer chaque jour chez les gens et d’observer l’interaction en résultant ». Après avoir recueilli un matériau conséquent sous forme de journal de terrain, c’est l’exercice du métier de facteur qui a directement suscité le retour : à la saison de distribution des calendriers, le facteur-enquêteur que j’étais a invité les usagers postaux à visionner, par village, une vidéo tournée au long de la distribution…. À l’époque, je m’étais formulé ce retour aux enquêtés de la façon suivante : « Après des semaines et des semaines de tournées, j’avais l’impression d’avoir déjà emmagasiné de quoi faire un véritable portrait du pays où j’avais distribué le courrier. Cette image reçue, il me fallait la renvoyer ».
Or, un tournant de vie professionnelle, au début des années deux mille, me fait passer de la sociologie rurale à la sociologie de la jeunesse [4], abordée dans un premier temps plutôt comme sociologie de l’éducation. Je change d’établissement d’exercice de l’articulation recherche-enseignement et passe du public des ingénieurs agronomes en formation à celui des professeurs de lycée agricole en professionnalisation. Sans réelle commande de recherche, je profite de mes premiers contacts avec le monde enseignant pour mener de modestes enquêtes auprès de groupes-classes en lycée agricole. Elles visent à comprendre le rapport à l’école et les jeux d’identité entre jeunes et ont comme principale finalité de nourrir mes exposés proposés à des professeurs en formation. À l’automne 2003, l’un d’eux, par ailleurs titulaire d’un DEA de sociologie [5], me demande à brûle-pourpoint ce que j’ai prévu comme forme de retour aux jeunes. Je reste à l’époque sans réponse mais la question me travaille au point d’être l’amorce d’une réflexion et même d’expérimentations, dont il va être question dans ce texte.
Mais avant de présenter la séquence de ces expérimentations, nous reviendrons sur la relecture de l’essai de Marcel Mauss pour en repérer les points marquants et envisager cet acte particulier du retour aux enquêtés. Or, Mauss a été relu par d’autres et leurs éclairages croisés constituent un cadre de réflexion à ne pas négliger. Ensuite seulement seront présentées quatre étapes de recherche et leurs points conclusifs où le retour aux enquêtés, examiné à la lumière des travaux de Mauss et de différentes de ses ré-interprétations récentes, montre bien la dose potentielle de violence qu’il peut y avoir dans le don, même quand il est contre-don, le nécessaire voisinage à notre époque du don et de la négociation, et le jeu entre dimension pratique et dimension esthétique, voire artistique, à laquelle la recherche peut être convoquée ou se convoquer elle-même.
On peut trouver dans la formulation « retour aux enquêtés » un écho presque immédiat à la formule du don – contre-don, présentée par Marcel Mauss dans son essai sur le don [6], publié à l’origine dans l’Année sociologique de 1923-24, auquel beaucoup d’ouvrages récents se réfèrent encore. Dans le contexte de l’activité professionnelle de recherche, qui obéit de plus en plus à la logique des financements liés aux appels d’offres et du respect contractuel des cahiers des charges associés, vouloir s’inscrire par rapport aux enquêtés dans une logique de don revient en quelque sorte à aller chercher chez Mauss des raisons de refuser un certain économisme, à la façon dont Alain Caillé présente les raisons de la fondation de la revue du MAUSS [7]. Ce pourrait être en tout cas prendre en compte une réelle demande sociale, même latente, et pas seulement la demande institutionnelle avec laquelle on la confond bien souvent aujourd’hui.
Dans l’introduction à l’ouvrage fondateur de Mauss, Claude Lévi-Strauss en personne fait référence à Bronislaw Malinowski invitant à « regarder les indigènes mélanésiens eux-mêmes comme les véritables auteurs de la théorie moderne de la réciprocité » [8]. Regarder une pratique possible de chercheur, le retour aux enquêtés, en rapport avec la théorie d’un fait social total, celle du don – contre-don, procède du même mouvement de rapprochement entre deux mondes qui n’ont bien sûr aucune raison d’être dissociés, sauf celle liée aux mécanismes de la distinction. Là où Lévi-Strauss reconnaît que des personnes, qui ne sont pas officiellement reconnues comme chercheurs, élaborent des théories, on pourrait d’un côté accorder au chercheur d’être l’auteur d’une forme de pratique sociale, car on verra qu’elle est à chaque opération de recherche à inventer mais, ce faisant, on inscrit le chercheur dans l’économie générale du don, où il serait d’abord un bénéficiaire.
L’introduction de l’essai sur le don [9] s’intitule : « du don, et en particulier de l’obligation à rendre les présents. » Dans la mesure où ce terme de « présent » a la double signification d’offrande et d’être-là, il évoque bien l’ensemble de ce qui est reçu lors d’une enquête procédant par rencontre directe. À l’enquêteur attentif est offert tout ce qui émane de la présence de la personne enquêtée : un discours certes, mais encore tout un environnement dévoilé lorsque la rencontre se passe dans un espace intime, plus l’hexis corporelle, l’expression non verbale des émotions, parfois les interactions avec d’autres personnes, à leur tour enquêtées ou non.
Dans le panorama intercontinental des pratiques sociales du don, Mauss écrit : « On voit le sujet. Dans la civilisation scandinave et dans bon nombre d’autres, les échanges et les contrats se font sous la forme de cadeaux, en théorie volontaires, en réalité obligatoirement faits et rendus. » [10] Voilà qui devrait forcément interroger l’enquêteur repu de données. En effet, au-delà du plaisir premier que l’on éprouve à se voir confier des éléments de compréhension de vie personnelle et sociale, il y a à se demander en quoi l’un ou l’autre des éléments de présentation de soi aux enquêtés n’ont pas généré une obligation à répondre, voire une obligation à répondre dans un certain sens.
On peut lire, en référence au droit maori : « ce qui, dans le cadeau reçu, échangé, oblige, c’est que la chose reçue n’est pas inerte. Même abandonnée par le donateur, elle est encore quelque chose de lui. » [11] Le fait que la donnée d’enquête reste en prise avec la vie du donateur est bien un critère de qualité de la plupart des travaux de recherche inscrits en sciences sociales. Bien sûr, la question qui se pose à partir de là est de savoir si le restitué doit être le pur reflet de cette part personnelle confiée ou si elle doit résulter de l’ajout du travail de l’enquêteur qui est aussi analyste…
L’essai de Mauss comporte également une dimension historique qui pose les origines possibles de la monnaie, en lien avec l’échange des dons. Il évoque le cas des îles Trobriand [12], à la suite de Malinowski, et de leur vay gu’a, qui s’approche de la monnaie puisqu’il s’agit d’ornements qu’on reçoit après avoir fait des cadeaux. Voilà introduite la dimension esthétique (idée reprise par Mauss [13]) qui peut tout à fait se glisser dans la perspective d’une restitution de travaux d’études, puisqu’elle peut aujourd’hui emprunter à diverses formes artistiques.
Dans l’une des dernières phrases de cet essai, Marcel Mauss sort quelque peu de la posture de chercheur scientifique et se dévoile dans une subjectivité porteuse de désir d’évolution sociale : « le système des prestations totales, de clan à clan (…) constitue le plus ancien système d’économie et de droit que nous puissions constater et concevoir (…) il est exactement, toute proportion gardée, du même type que celui vers lequel nous voudrions voir nos sociétés se diriger. » [14]
Le message me paraît clair et à retenir : autant l’enquêteur s’efface le plus qu’il peut lors du recueil des données, autant la phase de restitution peut difficilement éviter qu’il se dévoile en une autre dimension, qui tient de celle de l’acteur. Dans le cas de Mauss, il s’agissait d’un acteur engagé dans le mouvement coopératif [15]. Dans tous les cas, c’est bien en s’autorisant à donner qu’il renvoie à l’enquêté une texture d’humanité homologue à celle qu’il a reçue d’elle ou de lui.
Depuis les années quatre-vingt-dix, un certain nombre de chercheurs a repris le cadre proposé par Marcel Mauss. Ce qu’ils en retiennent converge autour des caractères suivants :
La plupart de ces auteurs explorent les confins de la pensée économique et de la pensée sociologique, mettant Mauss en avant dans les buts avoués de contrarier un « économisme » dénoncé comme hégémonique et, grâce à la pensée sociologique, de redonner place selon les cas, à la collaboration, au bien commun, à la gratuité. C’est le plus souvent à l’échelle de l’entreprise que ces questions sont approfondies. Mais tout ceci peut se retrouver dans des contextes différents, comme nous essayons de voir si cela ne pourrait pas s’appliquer à la relation enquêteurs-enquêtés des contextes de recherche.
Ainsi, Norbert Alter [16], s’intéressant à la question de l’innovation, qui n’est pas loin de celle de la recherche, y envisage la qualité des relations entre les différents acteurs, notamment quand l’irruption de la nouveauté est cause de désordre. Laurent Cordonnier [17], lui, est plus focalisé sur la relation employeur-employé, ce qui lui permet d’envisager ce que l’économie classique paraît ignorer : que le don d’un salaire supérieur soit premier et qu’une efficacité accrue au travail en soit le contre-don. Mais celle qui reprend le travail de Marcel Mauss en lui donnant la portée la plus actuelle et la plus large est peut-être Mary Douglas [18], lorsqu’elle dissocie la notion de don de celle de gratuité mais qu’elle pose que donner revient à s’inscrire dans un cycle d’échanges dont les règles sont radicalement différentes de celles que pose l’économie de marché. D’ailleurs, l’échange-don s’observe surtout là où ne peut exister ledit marché.
À partir de différents cas de recherches menées hors du marché actuel des appels d’offres institutionnels et où la relation entre enquêteur et enquêtés a été engagée de diverses manières, nous allons voir maintenant dans quelle mesure les caractères de l’échange-don s’appliquent à la dynamique de restitution, voire expliquent certains blocages.
Dans la période ayant immédiatement suivi ma mise au défi de restituer quelque chose de l’enquête aux jeunes enquêtés, mes travaux continuent de cibler des groupes-classes de lycées agricoles. Dans le même temps, ma participation à un réseau Égalité des chances entre filles et garçons a fait du repérage de différences significatives entre filles et garçons un objectif implicite systématique avant d’en tirer l’hypothèse d’une possible source d’inégalité. Au rôle de chercheur tend à s’associer étroitement celui de porteur d’une visée d’égalité des chances, inscrite dans une convention interministérielle en 2000. Dévoiler des inégalités existantes afin d’œuvrer pour la visée d’égalité devient alors une part d’action publique que je m’efforce d’assumer en tant qu’agent d’un ministère signataire. Or, mélanger la question du don en retour aux jeunes enquêtées et enquêtés et celle de l’action publique visant à l’égalité des chances entre elles et eux relève peut-être d’une regrettable confusion, ainsi que le suggère Godbout, reprochant au passage à Marcel Mauss d’avoir cru « système étatique et système de don [étant] « naturellement » complémentaires. » [19]
Une volonté de compréhension du cadre global de jeunesse et pas seulement de celui de la scolarité m’incite, entre autres, à poser des questions relatives à la pratique des loisirs et à leur place dans le système des valeurs conscient des jeunes. Dans le cas d’une classe préparant un brevet professionnel, l’évaluation à quatre degrés (« très important », « assez important », « peu important », « pas important du tout » selon l’échelle utilisée, dans leur enquête sur les valeurs des jeunes, par Galland et Roudet [20]) de la place des loisirs dans la vie me paraît montrer une différence entre filles et garçons : alors qu’aucun garçon n’a utilisé de degré inférieur à « assez important », sept filles sur vingt-sept sont descendues jusqu’à « peu important ».
Bien entendu, ce résultat n’a comme cadre de validité que celui du groupe particulier d’enquête, en l’occurrence un groupe classe. Néanmoins, il me paraît en concordance avec un certain nombre de Gender studies, montrant que le loisir a tendance à moins s’autoriser dans la vie des filles que dans celle des garçons. C’est ainsi que Gilles Brougère, prolongeant les observations de la suédoise Almqvist et de l’allemande Wegener-Spöhring, entre autres, met en avant « le rôle le plus important que tient le jeu dans l’expérience masculine » [21]. Cette mise en évidence me donne l’occasion de faire apparaître à des jeunes une hypothèse qui me paraît forte, à partir de données issues de leurs propres déclarations. Je choisis donc de présenter cette différence filles-garçons en rencontrant le groupe-classe, après une petite introduction leur disant qu’ils avaient pourtant certainement l’impression aujourd’hui d’être élevés de la même façon, garçons ou filles.
Je dois m’avouer aujourd’hui que ce retour n’était conçu comme contre-don véritable que pour les filles, dont je prétendais stimuler une sorte de rébellion salutaire. J’étais ainsi bel et bien sorti de la perspective d’un retour à tous les enquêtés et, comme Mauss le laisse entrevoir dans certaines pages de ses propres perspectives [22], je me dévoilais surtout dans mon désir d’évolution sociale, voire dans ma mission d’appliquer une convention interministérielle, et non plus dans une visée première de compréhension. De plus, je faisais fi d’un cadre théorique inspiré de Bourdieu, lui-même ayant puisé dans Mauss, où on a affaire à : « non un sujet calculateur mais un agent socialement prédisposé à entrer, sans intention ni calcul, dans le jeu de l’échange. » [23]
Le problème est, qu’au moment de mon retour d’enquête, la réaction du public n’est pas du tout celle que j’ai, plus ou moins consciemment, escomptée. Les garçons se montrent narquois à l’endroit des filles, comme si ma remarque les confortait dans une forme de supériorité assumée. Les filles pâlissent, restent silencieuses, mais je crois deviner, à certains regards croisés, que je les ai contrariées. Le don de vérité est peut-être trop encombrant, elles se voient certainement rappelées à une réalité défavorable pour elles, sans trouver de ma part de véritable aide à la changer. D’une certaine façon, en faisant don de ce que je croyais le plus saillant de mon enquête, j’abolis une certaine dimension exotique du savoir échangé à l’école sans pour autant devenir le savant valorisé par l’école, qui transforme le monde, puisque même les réactions des garçons, désagréables aux filles, n’ont pas été modifiées par ma révélation. Gérard Pommier, après avoir relevé les multiples précautions oratoires qui sont prises de nos jours lorsqu’il est question de don, indique : « il faut donner tout en détruisant ce que l’on donne » [24]. Dans le cas de cette tentative de retour à de jeunes enquêtées se sont imbriquées une logique de don, qui aurait pu se satisfaire, et une logique plus utilitaire, dans ce cas contrariée. Toutefois, l’utilité n’est pas incompatible avec le don, comme nous invite à le concevoir Laurent Cordonnier qui distingue la transaction utilitariste, « mue par l’intérêt des parties contractantes » et l’échange utilitaire, comportant « une certaine utilité-fonctionnelle pour [les] destinataires. » [25] Une autre façon d’imbriquer les logiques d’action aurait pu être de présenter à ces jeunes le travail du chercheur de façon à abolir la distance symbolique qui les sépare du savant, dans le cas d’un savoir qui les concerne au premier chef. Peut-être aurait-il fallu alors moins viser ce qui les divise entre eux que ce qui remet en question de pesants jugements d’adultes à l’encontre de ce qu’ils et elles représentent dans leur ensemble. Ainsi, j’aurais pu, à partir de la même enquête, retrouvant là encore des conclusions de plus vastes études [26], mettre d’abord en avant leur reconnaissance du travail comme valeur éminente, aussi bien par les garçons que par les filles et ce, malgré les accusations récurrentes de paresse portées par certains enseignants.
Une fois mieux installé dans ce cadre de sociologie de la jeunesse, je me lance, pour la durée d’une année scolaire, dans l’approche ethnographique d’un lycée agricole. Il s’agit de réinvestir ce corps de méthodes, employé au moment de la recherche liée à ma thèse sur le métier de facteur en milieu rural isolé, dans ce monde, nouveau pour moi, de l’éducation auquel m’assigne mon rattachement institutionnel, auprès de cet « I.U.F.M. vert » assurant principalement un service de professionnalisation d’enseignants. Pour ce faire, je me rends dans un établissement regroupant lycée et centre de formation d’apprentis agricole, à la fréquence d’une fois au moins par semaine.
À la différence d’autres rédacteurs de journaux à partir d’une posture d’ « auto-observation » [27] (en interaction avec les jeunes), et de « réflexion systématique » [28], ma présence ne se justifie par aucune activité en rapport avec l’enseignement ou la vie scolaire. Il me faut donc travailler à la justifier, ce qui n’est pas trop difficile mais prend deux formes différentes. Auprès des personnes travaillant au lycée, je suis censé préparer le terrain à l’intégration de leur établissement dans un projet européen à venir. Aux élèves, je propose d’être le rapporteur des « vraies » conditions d’existence des jeunes en lycée agricole auprès des futur-e-s professeur-e-s [29] d’enseignement agricole.
Vu d’aujourd’hui, sept ans après, la principale observation de ce temps de recherche a été celle de la marginalisation morale et culturelle des fils d’agriculteurs au sein du lycée. Mais, à l’époque, ce n’est pas ce que je choisis de présenter aux enquêtés. On pourrait croire que je crains de voir se produire avec ces fils d’agriculteurs la même réaction qu’avec les filles du cas précédent ; en réalité, au moment de faire le retour aux enquêtés, ce trait d’analyse ne s’est pas encore dégagé.
Le retour se fait avant la fin de l’année scolaire pour pouvoir s’adresser à l’ensemble des contributeurs. Prenant la photographie comme « fille des sciences » [30], à partir du deuxième tiers de ma fréquentation ethnographique, soit au mois de mars, j’ai lancé à mes « informateurs », identifiés et en quelque sorte apprivoisés les mois précédents, l’invitation suivante : « Pourriez-vous photographier un endroit important pour la vie que vous menez au lycée ? » À partir de ce premier recueil, je retraite les images en insérant des fragments de propos recueillis au moment de la prise et des réflexions de sociologue portées par un avatar visuel permettant de me resituer dans le contexte d’enquête et constituant de ce fait une sorte de fil conducteur de l’exposition réalisée.
Celle-ci fait ainsi apparaître notamment la problématique du régime des libertés (dans la référence aux parents, vis-à-vis de l’administration d’établissement, dans la relation aux pairs…). Sa présentation dans l’espace du lycée m’oblige alors à une véritable négociation avec l’équipe de direction. Montrer des formes de transgression du règlement intérieur d’établissement n’est pas en soi un problème, mais il faut, pour la direction d’établissement, éviter trois risques : ne pas risquer la contravention au regard des normes de sécurité, par exemple en dévoilant les pans de tissu supposé inflammable qui sont exposés dans certaines chambres de l’internat ; ne pas donner l’impression de dilapider la dotation d’équipement du conseil régional, ce qui conduit à amoindrir la suggestion de fonction de repos associée par les jeunes au centre de documentation et d’information ; ne pas entacher l’image de l’établissement aux yeux des familles, ce qui conduit à limiter la vision d’une zone en travaux. Au total, un panneau sur vingt a entièrement disparu et deux autres ont été partiellement caviardés, à la façon des zones de secret militaire sur certaines photographies aériennes rendues publiques. Bien sûr, la mise en évidence de cette dimension de négociation peut paraître exclure le cadre de don – contre-don jusqu’ici avancé. Ainsi, Laurent Cordonnier pointe que « la deuxième caractéristique [après l’absence de concurrence] institutionnelle de l’échange-don est que la transaction s’effectue sans marchandage » [31]. Sans que l’on puisse aller au bout de la démonstration, on peut se reporter toutefois aux pages de Norbert Alter [32] où il indique notamment la coexistence possible d’une collaboration par le don – contre-don et de relations de concurrence qui paraissent pourtant l’exclure.
Pour tout le reste, on peut dire que le choix du média visuel a certainement ajouté une préoccupation esthétique à la visée de rendre compte. Bien sûr, les discours de l’art contemporain, introduisant une pluralité esthétique, tendent presque tous à fondre l’un dans l’autre. D’ailleurs, l’utilisation de la forme exposition a conduit à investir un lieu qui n’est pas le cadre habituel des relations apprenants-enseignants, celui d’un hall. On peut penser que cela a pu produire une sortie de la routine, nécessaire à signifier l’engagement, dans la logique du don – contre-don, pour laquelle Norbert Alter [33] donne l’exemple du restaurant à la place de la cantine. Mais on peut là encore se référer à Mauss, pour le lien qu’il fait entre don et ornement à partir de l’exemple des vay gu’a [34], mais encore pour rapprocher cette forme de retour aux enquêtés de la référence qu’il fait à l’ancien droit germanique [35]. En effet, par l’implantation de panneaux dont on peut se tenir à distance, sans paraître les rejeter, en invitant à passer voir, « quand vous voudrez », une exposition se tenant sur une quinzaine, plutôt qu’en invitant à une unique réunion de restitution, j’ai peut-être retrouvé cette ancienne précaution du don : on jette plutôt le présent qu’on ne le donne, pour édulcorer l’obligation écrasante qui serait faite à l’autre de le recevoir.
Au bout d’un certain temps d’enquêtes confinées dans un établissement scolaire se fait sentir le désir d’appréhender les questions de parcours de jeunesse dans un cadre plus largement territorial, où re-pointe peut-être mon passé de ruraliste. Je choisis alors de partir à la recherche d’enfants côtoyés quinze ans plus tôt lors de mes tournées postales en montagne. Entre temps ils et elles sont supposés être devenus de jeunes adultes et pouvoir donc révéler un parcours de jeunesse débuté en territoire rural montagnard.
Je me dis en moi-même que je me lance dans une enquête par retrouvailles, qui m’amène à évoquer avec mes interlocuteurs et interlocutrices le temps où j’étais facteur, les levées de boîte aux lettres de village sous le regard des enfants, les timbres récupérés pour eux, mais aussi un certain nombre de partages culturels dus à mes engagements de l’époque (initiation au violon traditionnel, transmission de contes, mises en scène des légendes locales, avec participation de ces enfants, à l’occasion de fêtes de vallée). Il est fort possible que certains des vingt-quatre jeunes femmes et douze jeunes hommes finalement retrouvés acceptent de me revoir non par pure politesse, comme on le ferait vis-à-vis d’un enquêteur anonyme, mais déjà comme une forme de contre-don à ce qui aurait été reçu dans l’enfance. Moi-même, au moment de ces retrouvailles, je me pose la question de la troisième étape, en somme celle du contre - contre-don à leur adresser. Cette fois, j’écarte délibérément la dimension esthétique (on l’a assez partagée, pour une bonne part d’entre eux, au temps des activités culturelles de l’enfance) et propose une aide supposée concrète. Actant que la plupart de ces jeunes en sont au carrefour de la vie où il faut savoir faire une bonne présentation de soi comme candidat à des études supplémentaires, ou à un emploi, je propose mon aide à la mise en forme de CV à partir de ma compréhension de leur parcours. Après tout, nos retrouvailles me permettent d’en recueillir les éléments épars. Je crois pouvoir prétendre apporter ainsi la plus-value de mon regard. Je n’ai pas conçu de retour pour l’ensemble de l’enquête avant l’étape de l’anonymat, craignant de dévoiler indûment des éléments trop personnels. Mais force m’est de reconnaître aujourd’hui, quatre ans après avoir démarré ce cycle d’enquête, qu’aucun des trente-six jeunes retrouvés n’a sollicité le service individuel proposé. Est-ce que ce contre-don était trop pratique pour convenir ? Que je n’étais pas jugé comme un prestataire fiable ? Peut-être cette non sollicitation révèle-t-elle aussi leur perception de la nature de leur propre don. En me confiant des éléments de leur vie, ils m’auraient peut-être fait un don plus d’ordre esthétique que pratique. En proposant un « contre - contre-don » censé servir leurs intérêts individuels dans un monde où le CV matérialise la concurrence qui pèse sur les demandeurs d’emploi, je suis peut-être tombé dans le panneau d’une vision trop « classique ». C’est en tout cas celle que les penseurs de la coopération entendent dépasser, tel Laurent Cordonnier qui voudrait promouvoir une idée selon laquelle « la réciprocité marchande ne relève pas uniquement d’un principe d’équivalence mis à jour par le jeu combiné de la concurrence et de l’intérêt individuel. » [36] Ce n’est d’ailleurs peut-être pas pour rien qu’un certain nombre d’entre eux me demandent par la suite si le livre projeté après mon travail d’enquête est prêt à être publié. Dans le fond, le contre-don attendu est peut-être là : contribuer, pour leur génération, non pas à « l’insertion » mais à une certaine reconnaissance esthétique. En outre, plus d’un jeune homme, plus d’une jeune femme, marque peut-être ainsi la reconnaissance de l’émotion avec laquelle j’évoque toujours ces perspectives de livre, comme j’ai été sensible à l’émotion avec laquelle tel ou telle a évoqué un épisode partagé de son enfance. Voilà encore une façon de s’inscrire dans la dimension du don – contre-don, selon Norbert Alter, qui l’applique au domaine professionnel sans que cela empêche de se rapporter à un cadre de collaboration plus large : « l’affectivité des échanges, la manifestation de l’émotion permet le soutien mutuel… » [37]
On a beau passer beaucoup de temps à des enquêtes, des interventions et des rédactions dans un cadre de sociologie de la jeunesse, un investissement ancien dans les arts de la scène re-pointe parfois. Il peut même arriver que la vie de scène ne se dissocie pas complètement de la vie de recherche. Depuis ces derniers mois, je me trouve ainsi « programmé » avec d’autres [38] sur des scènes locales à la façon d’un lecteur-performeur, usant notamment du pseudonyme et des intitulés ménageant leur part d’intrigue et de jonglerie verbale. À l’heure où ce texte se rédige, cette expérience est en cours, devant s’étendre sur plus d’une année. Elle se nomme Contre-Passatges [39] et se veut construction en quatre étapes de « don » scénique de textes et de musique, nourris progressivement de ce que les moments précédents de rencontre avec un public, supposé territorial, ont amené à vivre, sur un principe affiché de « don - contre-don » [40]. En réalité, ma participation à la première étape a été fortement nourrie par mes enquêtes de recherche préalable puisque ce territoire est celui où j’ai exercé le métier de facteur au moment de ma thèse mais aussi celui où j’ai, plus récemment, cherché à retrouver d’anciens enfants côtoyés alors dans le cadre d’une enquête récente. Le 19 mars 2011, dans une Maison des jeunes et de la culture d’un carrefour de vallées a donc été donné, par lecture-spectacle, devant un public drainé par les moyens de communication propres aux événements culturels locaux, un assemblage de textes dont certains bouts relèvent très directement desdites enquêtes. Le faire apparaître soulève peut-être une difficulté à me mettre en position de donateur, comme le voudrait une certaine conception de l’artiste : l’artiste donne et il n’est peut-être pas d’autre forme d’existence sociale à laquelle on associe davantage la qualité de générosité. On pourrait même voir dans ce monde des artistes l’exception à ce qu’avance Jacques T. Godbout : « Le don, par contre, est désormais tabou, interdit de discours. » [41] Est-ce s’assumer artiste ou bien s’assumer donateur qui est alors le plus difficile ? Toujours est-il qu’il est tentant de dire qu’une prestation scénique, censée générer un contre-don lui-même moteur d’évolution du spectacle, est en fait déjà une forme de retour d’enquête et n’est donc pas le don premier. Mais plus que cette rhétorique intime, une autre dimension de cette expérience est intéressante, celle qui résulte du partage de la scène avec d’autres performeurs essayant de dire aussi quelque chose du monde et quelque chose du lieu les accueillant. Conformément à la dimension éthique d’un certain nombre de collectifs artistiques actuels, allant à l’encontre du narcissisme individualiste prêté et parfois assumé par les artistes, il s’agit donc de donner dimension collective à la performance. Avec le clin d’œil de l’oxymore de « triple hapax » (le nom de scène de l’un des duo est Double hapax), les performeurs [42] apparaissent fondus en un collectif, échangeant avec un autre collectif, celui des spectateurs constituant aussi les accueillants d’un soir. Ainsi retrouve-t-on peut-être ce que Laurent Cordonnier relève comme l’une des dimensions pertinentes du don – contre-don selon Mauss : « ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s’obligent mutuellement, échangent et contractent… » [43]
Le retour de la recherche aux enquêtés n’est-il pas avant tout l’obsession des gens de la recherche ? Il y a de quoi être invité à y réfléchir, ne serait-ce qu’à la relecture d’un des textes fondateurs des sciences sociales actuelles, l’Essai sur le don de Marcel Mauss [44]. Par un acte de pure humilité qui replacerait la pratique de recherche au rang des pratiques sociales ordinaires, on peut l’inscrire dans cette obligation de rendre les présents. On y retrouve en même temps l’ambition de concerner une demande sociale, peut-être latente, et pas seulement la demande institutionnelle à laquelle se confrontent souvent exclusivement les programmes de recherche financés sur fonds publics. Ce n’est pas pour autant qu’une conception de retour se voulant utile aux enquêtés est bien reçue. Il peut en effet arriver que le résultat d’analyse ne soit pas toujours recevable tant se fait alors criant le besoin d’action pour changer une situation difficile ou simplement que ce prétendu don de vérité fait violence. Après tout, Mauss lui-même prenait grand soin de ne dévoiler qu’à certaines pages ses désirs de transformation sociale [45]… Mais cette non réception peut venir aussi de la confusion entre utilitaire et utilitariste. C’est précisément dans le dessein affiché de sortir du second, dont l’économisme peut être la muraille, qu’on a dernièrement revisité le cadre théorique proposé par Marcel Mauss. Celui-ci inclut dans la dimension du don – contre-don, certes de l’utilité, d’ailleurs réciproque, mais aussi de l’esthétique et de l’émotion dont le partage serait un fondement à de la collaboration, qui n’exclut certes pas diverses formes de concurrence. Aussi, se permettra-t-on ici de revendiquer des formes de retour qui vont délibérément emprunter à la forme artistique et même proposer une démarche qui allie l’enquête de recherche à la création artistique d’une forme de retour. Dans certains cas, le contenu sera plus évocation de l’enquête elle-même que de l’analyse qui a suivi. Il pourra notamment reprendre certains moments de vie vécus par l’enquêteur participant ou, pour parler comme Erving Goffman, sa façon de vivre « l’ensemble des contingences qui jouent sur un groupe d’individus » [46] et d’en faire une forme de reconnaissance de celles et de ceux qui ont accepté ce partage. Mais il pourra aussi se donner comme rôle celui du fameux reflet du miroir, donnant par l’effet de transposition propre à l’art toute latitude au spectateur-observé de s’y retrouver ou pas et permettant, par le partagé d’émotions également lié à un moment plus largement culturel que scientifique, que quelque chose se passe, pas seulement entre le chercheur et les enquêtés mais bien souvent au sein du collectif des personnes enquêtées elles-mêmes.
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[1] Par exemple : J.-P. Darré, L’invention des pratiques dans l’agriculture : vulgarisation et production locale des connaissances, Paris, Karthala, 1996.
[2] E. Goffman, « Rencontres de la Pacific Sociological Association » [1974], cité dans l’ouvrage Services publics -L’espace de l’usager (G.. Amar, G. Jeannot et I. Joseph, Paris, Editions de la RATP, 1991).
[3] Ibid.
[4] Ce changement de domaine, qui aura de quoi surprendre les personnes habituées au fonctionnement universitaire, est plus fréquent dans le système professionnel à dimension restreinte que constitue l’enseignement supérieur agricole.
[5] Laurent Aucher : qu’il en soit ici remercié !
[6] M. Mauss, Sociologie et anthropologie [1950], Paris, Presses universitaires de France, Quadrige, 1997.
[7] A. Caillé, « Ouverture maussienne », revue du MAUSS, n°36, second semestre 2010, p. 25-33.
[8] C. Lévi-Strauss, introduction à M. Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, Presses universitaires de France, Quadrige, 1950 (1997 pour la 7ème édition).
[9] M. Mauss, ibid., p.145.
[10] Ibid., p.147.
[11] Ibid., p.159.
[12] Ibid., p. 174-181.
[13] Ibid., p.274.
[14] Ibid., p.264.
[15] C. Tarot, « un inconnu célébrissime : Marcel Mauss », revue du MAUSS, n°36, second semestre 2010, p. 23.
[16] N. Alter, L’innovation ordinaire, Paris, Presses universitaires de France, Quadrige, Essais débats, 2000.
[17] L. Cordonnier, Coopération et réciprocité, Paris, Presses universitaires de France, Sociologies, 1997.
[18] M. Douglas, Comment pensent les institutions (trad. Anne Abeillé), Paris, La Découverte, MAUSS, 1999, p.165-177.
[19] J. T. Godbout, L’esprit du don, Paris, La découverte, 1992, p.86
[20] O. Galland et B. Roudet, Les valeurs des jeunes : tendances en France depuis 20 ans, Paris, L’Harmattan, 2002.
[21] G. Brougère, « Expériences ludiques des filles et des garçons » in Filles et garçons jusqu’à l’adolescence – socialisations différentielles, Lemel Yannick & Roudet Bernard (coord.), Paris, L’Harmattan, 1999, p.201.
[22] M. Mauss, ibid.,.264.
[23] P. Bourdieu, Raisons pratiques, Paris, Seuil, 1994, cité par Philippe Chanial, « Bourdieu, un « héritier » paradoxal ?, revue du MAUSS, n°36, second semestre 2010, p. 310.
[24] G. Pommier, « Existe-t-il une pulsion de donner ? Une remarque sur la place de l’obligation dans le paradigme de Marcel Mauss », revue du MAUSS, n°36, second semestre 2010, p. 250.
[25] L. Cordonnier, ibid., p.156
[26] O. Galland & B. Roudet, ibid., p.29-46.
[27] R. Hess, Le lycée au jour le jour, Meridiens Klincksieck, collection Analyse institutionnelle, 1989, p.172.
[28] Ibid.
[29] Pour le dire à la façon préconisée dans la mise en œuvre de la convention interministérielle sur l’égalité des chances entre femmes et hommes.
[30] S. Maresca, « Photographie et sciences de l’homme », Sciences Humaines, hors-série n°43, janvier-février 2004, p50.
[31] L. Cordonnier, ibid., p.165
[32] N. Alter, ibid., p.222-224
[33] N. Alter, ibid., p.216
[34] Voir note 14
[35] M. Mauss, ibid., p.254.
[36] L. Cordonnier, ibid., p.135.
[37] N. Alter, ibid., p.219
[38] Notamment une personne faisant le lien entre cette activité artistique et un emploi universitaire dans un département de lettres modernes.
[39] La programmation culturelle du Pays se nommant elle-même Passatges, évocation en langue gasconne à la fois des circulations et des couloirs de circulation humaine.
[40] Un principe affiché non pas tant dans la communication vers le public qu’au sein des partenaires culturels (une mairie, un pays, une scène de musique vivante, une école municipale de musique, un groupe folklorique, un groupe de création musicale contemporaine).
[41] J. T. Godbout, ibid., p.12.
[42] Décidément, il est tout aussi difficile d’assumer la position d’artiste que celle de donateur premier !
[43] Mauss [1985, p.150] cité par L. Cordonnier, ibid., p.137.
[44] Voir note 7
[45] Voir note 16
[46] E. Goffman, ibid.
Sahuc Philippe, « Don au chercheur et contre-don à de jeunes enquêtés », dans revue ¿ Interrogations ?, N°13. Le retour aux enquêtés, décembre 2011 [en ligne], http://revue-interrogations.org/Don-au-chercheur-et-contre-don-a (Consulté le 21 décembre 2024).