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Donaghey Jim

Si j’avais un marteau : « bricolage » et « fais-le toi-même », ou la radicalité anarchiste du Do‑It‑Yourself au-delà du punk

 




 Résumé

L’expression « Do-It-Yourself  » (traduite en français par « fais-le toi-même » ou par la notion de « bricolage ») a été recontextualisée à partir de ses racines dans un contexte de rénovation domestique dans les années 1910, puis s’est employée en musique et en politique à partir des années 1950. Mais de tels termes sont adoptés avec raison, et le noyau de leur signification originale perdure : le Do-It-Yourself comporte un élément inhérent de radicalité en ce qu’il repose sur l’action et sur l’idée de « faire », met l’accent sur la liberté d’expression, est lié à la production matérielle et culturelle et brouille les rôles prétendument distincts de producteur et de consommateur. Cependant, la radicalité au cœur du DIY est toujours soumise à la pression de la société de consommation et de l’entrepreneuriat, et des tensions similaires persistent au sein de la culture punk et du militantisme anarchiste influencés par le DIY.

Mots clés : Do-It-Yourself, bricolage, fais-le toi-même, anarchisme, production culturelle

 Abstract

If I Had a Hammer… : the anarchist radicality of Do-It-Yourself, beyond punk

The phrase ‘Do-It-Yourself’ (which, crucially, is translated in French as either ‘fais-le toi-même’ or ‘bricolage’) has been recontextualised from its roots in home improvement in the 1910s, being applied to musical and political contexts from the 1950s onwards. But these terms are adopted for a reason, and their original meanings have continued significance – there is an ineluctable strand of radicality that runs through Do-It-Yourself, stemming from : its basis in action and doing ; its emphasis on freedom of expression ; its ties to material and cultural production ; and its blurring of the supposedly distinct roles of producer and consumer. But this radical kernel is always under pressure from consumerism and entrepreneurialism, and these same tensions persist in DIY-informed punk culture and anarchist activism.

Keywords : Do-It-Yourself, Do-It-Together, anarchism, cultural production, resistance

C’est en faisant les choses par soi-même qu’on ressent le plus de joie de vivre – la joie de voir ses idées se réaliser, grâce à sa propre volonté et sa propre créativité ! (Peter Barclay and his Orchestra, 1955) [1].

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[À gauche] (Kommunistischer Studentinnenverband, c. 1981). KSV était un groupe d’étudiants communistes, mais l’imagerie a été largement réutilisée par les anarchistes (voir par exemple Microcosm Publishing (2019), No Gods No Masters (n.d.)). [À droite] (Nute, 2010) Légende originale : « Une version asiatique ouvrière de ’smash patriarcat’ » [2]. La refonte par Nute de l’affiche classique « If I Had a Hammer » est un autre exemple de réutilisation anarchiste de l’imagerie. Sur la plateforme DeviantArt, Nute liste ses « autres intérêts » comme « Politique, musique, libération animale, anarchisme, arts visuels, féminisme, activisme, décolonisation » [3] (Nute DeviantArt web page, n.d.).

Une remarque sur le titre : « Si j’avais un marteau » fait principalement référence aux affiches populaires, incluses ici dans la figure 1. Le marteau signifie « l’autonomisation », s’inspirant de la chanson de protestation du même nom de Pete Seeger (et Luke Hays) (1998 [1949]). La version ’musique de variétés’ de Claude François « Si J’avais un Marteau » (1963) est, selon Christophe Becker, « l’antithèse de la chanson de protestation américaine » qui a « perdu toute intention sociale, se transformant en une chanson sans message » [4] (Becker, 2024 : 471).

 Introduction

L’expression « Do-It-Yourself »  [5] » (traduite en français par « fais-le toi-même » ou par la notion de « bricolage ») revient souvent dans les discussions portant sur l’activisme politique et culturel, et appartient à cette catégorie de termes empruntés (ou dérobés) à un autre domaine. Tout comme « anarchiste » et « punk » ont été victimes d’appropriation, DIY a également changé de contexte d’utilisation (l’expression a tout d’abord surgi dans un contexte de rénovation domestique, puis s’est employée en musique et en politique à partir des années 1950). Mais de tels termes ne sont pas adoptés sans raison, et leur signification originale perdure : le Do-It-Yourself comporte un élément inhérent de radicalité en ce qu’il repose sur l’action et sur l’idée de ’faire’, met l’accent sur la liberté d’expression, est lié à la production matérielle et culturelle et brouille les rôles prétendument distincts de producteur et de consommateur. En considérant le contexte domestique d’origine du DIY comme point de départ, on constate que l’idée centrale de « bricolage » amateur continue de se manifester dans les différentes utilisations du terme au sein des mouvements anarchiste et punk. Cependant, la radicalité au cœur du DIY est toujours soumise à la pression de la société de consommation et de l’entrepreneuriat, et des tensions similaires persistent au sein de la culture punk et du militantisme anarchiste influencés par le DIY.

Cet article s’appuie sur une précédente publication en anglais : un chapitre d’introduction au volume récemment publié DIY or Die ! Do-It-Yourself, Do-It-Together & Punk Anarchism (Donaghey et al., 2024). Cette version française reprend la même focale et l’oriente en réfléchissant aux difficultés et aux tensions entre « bricolage » et « fais-le toi-même » (qui se cachent dans le terme anglais do-it-yourself). Cette introduction souligne l’émergence du DIY au-delà du punk (et même avant lui) et montre que le concept est (potentiellement) radical en soi. Cette introduction était complétée par de nombreux exemples internationaux de DIY et de DIT punk, expliqués dans les 20 chapitres composant l’ouvrage. Celui-ci entendait appréhender le DIY comme constitutif de l’identité d’une communauté, et cherchait à délimiter les contours flous du concept et de la pratique. Ce nouvel article, en français cette fois, entend poursuivre ce travail. La langue française révèle les tensions entre « bricolage » et « do it yourself ». Ainsi, en cherchant à éclairer les points de divergence existant entre ces deux approches, cet article entend contribuer à l’analyse critique de la production culturelle.

En guise de méthodologie, il serait tentant de s’en tenir simplement à « l’antiméthode » [6] de Korsyn (2003 : 32) et de ne rien dire de plus. Cependant, pour fournir une contextualisation plus poussée, l’approche est, dans son sens le plus large, ethnomusicologique, avec une accentuation des sciences sociales sur « la production et l’utilisation » [7] (Thompson Klein, Parncutt, 2010 : 137. Voir aussi Kraft et al., 1989). Mais ce qui est important, c’est qu’il s’agit d’une recherche d’initié, menée du point de vue d’un punk de toujours (Donaghey, 2017), qui part de ma propre expérience de l’entrelacement du punk et du DIY. L’« au-delà  », mentionné dans le titre, dénote l’accent mis par l’article sur d’autres déploiements antérieurs du Do-It-Yourself, dépassant l’accent universitaire commun sur le seul habitus contre-culturel.

 Le DIY entre production autonome, marchandise et société de consommation

Le terme anglais « Do-It-Yourself » a probablement été utilisé pour la première fois en 1912 aux États‑Unis par Garett Winslow, dans un article du magazine Suburban Life sur la décoration d’intérieur (Gelber, 1997, dans Smith, 2011 : 2). En français, une telle conception du DIY renvoie à la notion de « bricolage », tandis que l’interprétation plus politique du DIY se traduit généralement par « fais-le toi-même ». En anglais, cette distinction n’existe pas, mais, en réalité, la confusion qui résulte de l’interprétation du DIY dans le cadre de la rénovation domestique et du DIY dans celui de l’autogestion politique révèle l’essence même du terme. En effet, cette première utilisation du « Do-It-Yourself » laisse d’emblée transparaître le caractère amateur et autonome associé au terme : «  Les propriétaires de maison sont encouragés à repeindre leur demeure eux-mêmes au lieu d’engager des professionnels » [8] (Smith, 2011 : 2). Aux États-Unis, la mode du bricolage prend de l’ampleur à partir des années 1910 et pendant la période de l’entre-deux-guerres mais, comme le signale Harris (2012), ce mouvement émergent est rapidement redéfini pour devenir une activité facile à vendre aux consommateurs. Au Royaume-Uni, cette mode gagne réellement en popularité après la Deuxième Guerre mondiale et suit rapidement la même trajectoire : la production autonome (rendue nécessaire par les reconstructions de l’après‑guerre) laisse rapidement place à l’engouement pour « la consommation de la fin des années 1950 » [9] (Browne, 2000 : 131).

En effet, le bricolage occupe une place prépondérante durant la décennie des années 1950 (Shepherd, Shepherd, 2017). Le terme et le concept se propagent au monde de la culture, comme en témoigne une série de morceaux de musique : « Do It Yourself Calypso » (Paul Gilbert featuring Jimmy Diamond and His Septet, 1957) ; « Do It Yourself Merengue » (Simon Bolivar And His Band, 1957) ; « Do It Yourself Blues » (Tony Grimes, 1962). Il est difficile de déterminer si ces exemples cachent une signification plus profonde – aucune parole n’est là pour nous apporter d’information, les images ne contiennent pas d’indices et les normes commerciales de l’industrie encadrent fermement la production de chaque morceau – mais l’adoption du terme DIY par divers genres musicaux reflète la popularité dont jouit alors le concept.

D’autres exemples laissent davantage paraître leur caractère DIY. Le titre de Josh Macrae datant de 1961 et intitulé « Do It Yourself » fait intervenir le bricolage de manière innovante ; l’artiste incorpore des sons évoquant la rénovation d’une maison (le bruit d’un marteau frappant en rythme et le raclement d’une scie coupant le bois) dans sa chanson pop aux accents country. Plus tard, le même procédé musical est utilisé dans le morceau « DIY » des The Cut-Outs (1979). Cette utilisation innovante du bricolage à des fins musicales reflète les liens avec la consommation de cette activité, qui est réduite à un passe-temps, et les sons et les représentations de la rénovation domestique constituent des nouveautés servant à mieux commercialiser la musique. De manière révélatrice, la production des titres musicaux n’est aucunement guidée par une éthique fondée sur le « fais-le toi-même ». Le titre des The Cut-Outs, appartenant au genre punk/new wave, est enregistré et distribué par la major du disque EMI, et celui de Josh Macrae est produit par Pye records (qui, sans être une multinationale comme EMI, reste une entreprise commerciale).

L’album Do It Yourself de Ian Dury and the Blockheads (1979) est un autre exemple intéressant. Le genre musical des Blockheads s’apparente au punk et l’album est produit sous le label ’indépendant’ Stiff (qui était aussi le producteur du morceau « New Rose  » de The Damned, le premier single punk britannique, en 1976). Néanmoins, après 1977, Stiff Records est récupéré par des majors de l’industrie musicale (y compris EMI), qui sapent les revendications d’indépendance du label. Les productions musicales des Blockheads ne sont donc pas plus fondées sur l’éthique du « fais-le toi-même » que celles de The Cut‑Outs. En effet, l’argument commercial de la nouveauté du bricolage est aussi apparent dans l’album des Blockheads, dont paraissent plusieurs éditions (plus de 36) présentant divers papiers peints en couverture, conçus par l’entreprise de décoration Crown (Figure 2). Rapidement après son émergence, le terme « Do-It-Yourself » est associé au mouvement punk dans son esprit collectif (Coon, 1976) et, au vu de la renommée de Stiff comme label punk (entre autres), l’utilisation innovante du bricolage devient quelque peu ambiguë : le titre de l’album, Do It Yourself, et les papiers peints forment-ils une critique de l’industrie musicale et de l’agence de production ? Cela ne serait-il qu’un grossier stratagème de vente, reposant sur le désir des fans de posséder plusieurs éditions du disque ? Dans tous les cas, le succès commercial du disque n’annule-t-il pas tout le potentiel subversif de ce dernier ? La commercialisation habituellement associée à la production de marchandises génère inévitablement de nombreuses tensions avec le DIY.

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Figure 2

Exemples de pochettes alternatives pour Ian Dury and the Blockheads Do It Yourself (conçues par Barney Bubbles). D’autres articles promotionnels comprenaient « des pinceaux, du papier peint, des cravates en papier peint et même des boucles d’oreilles en forme de pot de peinture et de pinceau » [10] (Discogs.com, n.d.).

Il est aussi fréquent que les paroles abordent le thème du DIY en tant que forme d’émancipation et d’affirmation de soi, l’interprétant plutôt sous l’angle du « fais-le toi-même », comme dans le morceau disco de Gloria Gaynor « (If You Want It) Do It Yourself » (1975), dans « DIY » (1978) par Peter Gabriel (anciennement membre du groupe de rock progressif Genesis) et dans la production artistique de synthpop « Do It Yourself » de Gina X Performance. Dans ces exemples, le DIY correspond à un éloge confus de l’autonomie individuelle – curieusement, la sortie de ces chansons concorde avec l’essor du néolibéralisme – mais il existe tout de même une chance pour que les auditeurs y voient une source d’inspiration et de transformation pour eux-mêmes. Steven Taylor soutient que « la marchandisation d’un objet original peut diluer l’effet du produit pur, mais que cela ne lui enlève pas toute signification  » [11] (2003 : 13). Cependant, l’autonomie que clament ces artistes n’est même pas mise en pratique dans leur propre activité en tant qu’acteurs culturels (toutes ces chansons sont produites par des multinationales de l’industrie musicale), ce qui révèle la fausseté de leur appel.

À première vue, la chanson humoristique « Disco I.Y. (D.I.Y Disco) » par Disco Dick (1979) se range parfaitement dans la catégorie de musique de nouveauté, mais la voix hors champ parodique d’un ingénieur studio, qui crée une chanson disco à partir d’éléments musicaux constitutifs du genre, révèle sans doute une production dont l’éthique est axée sur le ’fais-le toi-même’, en ce qu’elle démystifie le processus créatif. Il est peu probable que la démystification ait été l’objectif véritable, mais la disparition de l’opacité habituelle liée à la production culturelle et l’accès accordé aux auditeurs sont des éléments clés du « fais-le toi-même ». Cet objectif est plus explicite dans l’album Do It Yourself Jazz Vol. 1 de Duke Jordan (1959). La promotion du disque le présentait comme un accompagnement au jeu, comme un outil pour apprendre à jouer avec d’autres musiciens – les solos de la face B avaient d’ailleurs été supprimés à cet effet. La frontière entre l’artiste et son public s’estompe tandis que ce dernier est invité à tenir le rôle de co‑interprète ; dans une certaine mesure, les éléments constitutifs du processus créatif sont, ici aussi, mis à nu. Cependant, cette version du disque démystifiée pour autodidactes s’oppose à l’existence du disque en tant que marchandise – d’ailleurs, le titre Do It Yourself n’apparaissait pas lors de la première parution, en 1955. D’une part, cela illustre l’importance croissante prise par le vocabulaire lié au Do-It-Yourself à la fin des années 1950 mais, d’autre part, cela atteste de la diffusion du terme en tant que simple outil publicitaire.

Ribac (2021) estime lui aussi que l’aspect autodidacte est un élément essentiel du DIY, combiné à une production culturelle amateur et à un assemblage bricolé de technologies musicales émergentes. Partant de cette définition, il range tout le monde, de Bing Crosby dans les années 1920 aux Beatles à la fin des années 1960, en passant par Elvis Presley dans les années 1940, dans la catégorie DIY (au sens de « fais-le toi-même »). Pete Dale (2011) insiste également sur l’accessibilité populaire et sur l’idée que ’tout le monde peut le faire’, contenue dans le « fais-le toi-même », mais Ribac va encore plus loin en élargissant le concept à la quasi-totalité des personnes qui n’ont pas été formées dans un conservatoire de musique classique. D’ailleurs, il convient de remarquer qu’Elvis Presley et les Beatles ont été la cible de l’iconoclasme et de l’antiélitisme des premiers punks : « Pas d’Elvis, de Beatles ou de Rolling Stones en 1977 » (The Clash, 1977).

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Figure 3

Pochette de Music for Gracious Living : Do It Yourself par Peter Barclay and his Orchestra (1955)

Dès ses débuts, la rénovation domestique au moyen du bricolage a été envisagée comme une alternative démocratique à la production professionnelle, « comme un processus de conception amateur et autonome, une activité de production moins éloignée de l’utilisateur final des biens créés » [12] (Atkinson, 2006). Dans la même veine, l’épigraphe de cet article est tirée d’un album agréable à écouter, intitulé Music for Gracious Living : Do It Yourself (Peter Barclay and his Orchestra, 1955). L’illustration de la couverture représente une vie de famille idéalisée, avec une différence marquée entre les rôles de genre, dans les États-Unis des années 1950 (figure 3), et la citation se trouve dans les notes de la pochette, à côté de banales suggestions concernant la rénovation de la maison. En d’autres termes, le disque ne pourrait pas être moins radical. Pourtant, cela n’a pas empêché cette citation d’être lue comme un hymne à la philosophie politique anarchiste : « La joie de vivre – la joie de voir ses idées se réaliser, grâce à sa propre volonté et sa propre créativité ! » [13] (Aux barricades !) Le potentiel de radicalité au cœur du Do-It-Yourself demeure, même lorsque le concept est présenté comme un mode de consommation normatif, ce qui aide à comprendre son importance au sein des mouvements punk et anarchiste de la fin du XXe siècle jusqu’à nos jours.

 Le Do-It-Yourself dans l’anarchisme

Qu’il soit accidentel ou naturel, le caractère anarchiste du DIY (au sens de « bricolage » comme à celui de « fais-le toi-même ») est attesté par de nombreuses similarités avec la philosophie politique de l’anarchisme, bien que le terme DIY ne soit utilisé dans le contexte de ce mouvement qu’à partir des années 1960. George McKay (1988 : 14) affirme que « les antécédents historiques et théoriques du DIY se retrouvent avec le plus de constance dans la pensée et la pratique anarchistes  » [14]. Les plus lointains antécédents que McKay va chercher sont présents chez Murray Bookchin (1921-2006), Colin Ward (1924-2010) et dans le livre sur l’anarchisme britannique de John Quail (publié en 1978), mais il est également possible de s’inspirer de théoriciens anarchistes classiques tels que Stirner (1806-1856), Proudhon (1809-1865), Kropotkine (1842-1921), Pouget (1860-1931) et Malatesta (1853-1932) pour soutenir que le concept du « fais-le toi-même » est « l’essence de l’action anarchiste  » [15] (Woodcock, 1986 : 421). Parmi les principales similarités du « fais-le toi-même » et de l’anarchisme figurent : une focalisation commune sur la production (y compris la production culturelle) ; la critique de la distinction entre producteur et consommateur et l’effacement de celle-ci ; l’accent mis sur l’autonomie et la liberté d’expression ; le potentiel pour un radicalisme révolutionnaire, ainsi que des philosophies d’action semblables. Toutefois, comme nous le verrons ci-dessous, des anarchistes ont formulé des critiques à l’égard des limites du « fais-le toi-même » et certains réfutent encore en bloc la radicalité du concept.

Production

Le terme DIY est employé dans un contexte explicitement anarchiste pour la première fois en 1963, par Geoffrey Ostergaard, dans le magazine Anarchy  : l’auteur décrit l’action directe de syndicalistes anarchistes comme « un mode d’action populaire de type ’do-it-yourself’ par essence » [16] (dans Ward, 1987 : 141). Il est à noter que cette adoption du DIY suit de très près la prolifération du terme à la fin des années 1950, discutée précédemment. Cette caractérisation de l’organisation du lieu de travail sur un modèle anarchiste a été reprise récemment pour décrire les Industrial Workers of the World (IWW) comme un «  syndicat DIY » [17] (Kirkpatrick, 2014 : 246 ; IWW Cymru, 2021), par opposition aux syndicats hiérarchisés reposant sur des compromis entre les classes. En désignant le militantisme sur le lieu de travail par le terme Do-It-Yourself, Ostergaard et le IWW établissent un lien utile avec l’accent mis sur la production dans le DIY. Jeffrey Shantz parle d’une « lutte des classes Do-It-Yourself », que sous-tendent la revalorisation de soi et le travail non aliénant (2012), et Kevin Dun (2012 : 234) décrit le DIY [18] comme « une forme de production culturelle qui peut transformer les consommateurs passifs en producteurs à part entière  » [19] . Bien que très actifs dans le mouvement anarchiste, Shantz et Dunn s’appuient ici sur des idées développées par des penseurs marxistes (Dunn sur les courants dérivés critiques du marxisme, adoptés par Walter Benjamin et par l’École de Francfort, et Shantz sur les idées d’Antonio Negri et des autonomistes). L’attention accordée aux politiques de production et la place occupée par l’anticapitalisme au sein des pratiques de DIY rendent ce chevauchement presque inévitable, mais l’analyse spécifiquement anarchiste du DIY permet de dépasser l’intérêt réducteur porté par les marxiens à la production et aux producteurs.

Producteur/consommateur

Au premier abord, l’affirmation de Dunn (par l’intermédiaire de Benjamin) selon laquelle le DIY est supposé transformer les consommateurs passifs en producteurs semble émancipatrice, mais elle fait l’impasse sur la consommation en tant que corollaire de la production. Comme le souligne aussi Laura Portwood-Stacer, « le principe du DIY peut s’appliquer, et s’applique, à presque tout ce que consomment les anarchistes » [20] (2013 : 13). Ce principe ne doit pas être confondu avec un simple mode de vie basé sur la consommation, où l’individu n’a de pouvoir que dans les limites du marché, mais peut être envisagé comme une étape menant à « la réintégration de la production [et] de la consommation » [21] (Shantz, 2012). Selon Sandra Jeppesen, le DIY s’applique au « processus de production, de distribution et de consommation  » [22] (2018 : 203 [je souligne]). En réalité, le brouillage entre production et consommation constitue l’un des piliers de l’anarchisme – pour citer Pierre-Joseph Proudhon : « Le producteur et le consommateur, dans la réalité des choses, comme dans la science économique, c’est toujours le même personnage, considéré seulement de deux points de vue différents » (1848 : 73). Cela étant dit, et comme l’illustre cet article, la production se retrouve invariablement au cœur des discussions portant sur le DIY au sens de « fais-le toi-même », au détriment de la consommation.

Liberté d’expression

L’autonomie de production (et de consommation) qui sous-tend le « fais-le toi-même » s’étend à la liberté d’expression. Cela est particulièrement manifeste dans les luttes du DIY contre les restrictions imposées à la liberté d’expression par des régimes oppressifs et dans les cultures de résistance fondées sur le Do-It-Together (« faites-le ensemble »). Max Stirner met l’accent sur l’aspect de liberté de production lorsqu’il parle de la presse :

De quoi la presse est-elle censée être libérée ? Sans doute de toute dépendance, tout attachement et toute servitude !… On peut supposer, sans nul doute, que, si vous vous êtes affranchis de la servitude, ce que vous composez et écrirez n’appartiendra qu’à vous, au lieu d’avoir été pensé et rédigé sous la coupe d’une forme d’autorité [23] (Stirner, 2017 [1845] : en ligne).

Dans le contexte contemporain, il est probablement excessif d’utiliser le terme « servitude » pour caractériser les contraintes auxquelles sont soumis les producteurs de culture, mais les entraves insidieuses de la dépendance et de l’attachement restent familières, et émergent en particulier lorsque la culture du « fais-le toi-même » gagne le grand public. Bien que l’aspect répressif ne soit pas toujours apparent, la popularité porte préjudice à la radicalité transformatrice du « fais-le toi-même », car « elle extrait le message fort du punk (ou de l’anarchisme, d’une manifestation, du hip-hop, etc.), qui est ensuite revendu aux gens, vidé de son ancienne signification » [24] (Jeppesen, 2011 : 29). Le « fais-le toi-même » est dépouillé de son sens, qui est remplacé par un mode de consommation sous-culturel, et les producteurs se plient aux priorités du marché (ou sont dominés par d’autres pouvoirs, tels que l’État).

Ceux qui abandonnent leur autonomie sont souvent appelés des « vendus » et font l’objet d’une vive animosité de la part des communautés DIY (des réseaux de producteurs culturels autonomes, qu’ils soient locaux ou mondiaux ; voir Global Punk par Dunn, 2016). Le volume DIY or Die !, par exemple, comprend des contributeurs de toute l’Europe, des États-Unis, d’Indonésie, de Chine, d’Argentine, de Colombie et du Brésil, démontrant une activité punk DIY/DIT, notamment : la production de films, de disques et de fanzines ; l’art de la performance ; les clubs sportifs ; et des espaces collectifs tels que les squats et les centres sociaux. Les «  vendus  » ne sont pas seulement perçus comme cupides : ils ont trahi la communauté des producteurs/consommateurs du « fais-le toi-même » en offrant leur capacité de production à l’ennemi (le capitalisme, l’État, quel qu’il soit). Pour O’Connor, c’est « l’autonomie de tout le domaine (de la scène, de la culture) qui est affaiblie » [25] (2008 : 24), et cela met en évidence la collectivité qui fait vivre la radicalité aux fondements du « fais-le toi-même » (ou, plutôt, du « faites‑le ensemble ») – la production et la consommation existent au sein d’un écosystème connecté, et non dans le cadre d’échanges commerciaux isolés. Cela montre aussi que les pratiques individuelles de « fais-le toi-même » sont susceptibles d’être récupérées par l’entrepreneuriat, et les personnes de devenir des mini-capitalistes ou « des magnats miniatures » [26] (CrimethInc., 2011 : 88). L’acte de se vendre étant perçu comme une trahison intolérable (« sale vendu ! », pourrait-on dire), le DIY semble s’inscrire radicalement en faux contre les formes de production et de consommation dominantes.

Le radicalisme révolutionnaire

Comme l’écrit Ruud Noys, « davantage de production axée sur le ’fais-le toi-même’ signifie moins de production capitaliste d’entreprise et moins de contrôle de l’État [27] » (2020 : 26). En étendant l’éthique du « fais-le toi-même » à la reproduction sociale, à l’éducation et à la famille, Woodcock explique en quoi le DIY est révolutionnaire et soutient que « plus les gens le mettront en pratique dans toutes les sphères, plus les structures d’oppression perdront en efficacité et plus l’autosuffisance individuelle et collective remplacera les relations de dépendance  » [28] (1986 : 421). Un tel défi directement jeté au capitalisme (et à l’État, aux autorités religieuses, etc.) ainsi que les efforts pratiques visant à remplacer les fonctions économiques et sociales de ce système sont inévitablement révolutionnaires. C’est aussi la récupération progressive de la liberté qui sous-tend la conception classique d’Émile Pouget de l’action directe anarchiste. Il écrit que les travailleurs en lutte « ne restent pas inactifs et ne négligent aucune chance de conquérir des améliorations parcellaires qui, réalisées par une diminution des privilèges capitalistes, constituent une sorte d’expropriation partielle et ouvrent la voie à des revendications de plus grande amplitude » (2003 [1907] : 7). Woodcock, ainsi que Shantz (qui, comme mentionné ci-dessus, utilise la notion autonomiste de revalorisation de soi) soutiennent que le changement des relations de production et de consommation a une incidence sur l’ensemble de la société. Faisant valoir ce même point de vue, Sean Martin-Iverson décrit le « fais-le toi-même » comme une forme de politique anarchiste préfiguratrice, et affirme que l’expansion de la production axée sur le « fais-le toi-même » produit aussi activement des valeurs sociales alternatives (c. 2014 : 109). Ainsi, l’expansion de la production/consommation axée sur le « fais-le toi-même » ne vise pas seulement à supplanter les formes majoritaires de production/de consommation (celles du capitalisme, de l’État – des «  méchants  ») : mises en œuvre, les pratiques de « fais-le toi-même » et de « faites-le ensemble » conduisent les personnes à adopter des points de vue et des comportements plus radicaux.

Action

Faisant écho à Pouget, McKay établit un lien entre sa célébration du militantisme de type « fais-le toi‑même » et le concept d’action directe et cite Quail pour défendre son propos. Selon lui, «  les anarchistes prêchent l’action directe, la spontanéité et l’autonomie et, évidemment, se développent sur cette base », et Quail affirme également que « la créativité tactique instantanée » [29] est un élément distinctif de l’anarchisme (1978 : 307-308). En effet, la spontanéité est souvent associée à l’anarchisme, mais le terme instantanéité est probablement plus juste (et moins problématique). Comme le dit McKay, « au sein de la culture DIY, une attention considérable est portée aux agissements concrets dans le domaine social ou politique » [30] (1998 : 4). De son côté, Pierre Kropotkine a lui aussi souligné l’importance des actes dans l’anarchisme : « Dès que nous en aurons la volonté, un moment suffira pour que justice se fasse  » (1880 : en ligne). McKay fait aussi ressortir l’urgence qui anime la contre-culture du « fais‑le toi‑même », en particulier dans l’instantanéité apocalyptique du militantisme écologique, et la citation de Kropotkine ci-dessus provient de son texte « Aux jeunes gens », par l’intermédiaire duquel il s’adresse à la jeunesse impétueuse. Tolstoï vient toucher la même corde sensible pour ce qui est de l’instantanéité dans son précepte classique : « Ainsi, souviens-toi que le temps le plus opportun est le seul, immédiat, et il est le plus important parce que c’est seulement à ce moment que nous sommes les maîtres de nous-mêmes » (1905 [1881] : 286).

La question de l’instantanéité présente autant d’intérêt pour les anarchistes contemporains que pour ceux des XIXe et XXe siècles : « Si ce n’est pas maintenant, alors quand ? » [31] était l’ultimatum lancé par Earth First ! dans leur magazine, appelé Do or Die et publié dans les années 1990 (McKay, 1998 : 11). L’idée d’action et d’instantanéité se trouve au cœur du DIY, même lorsque celui-ci s’applique au domaine (presque banal) de la rénovation domestique (le bricolage). C’est pourquoi le terme Do-It-Yourself a fini par être empreint d’autant de radicalité (« fais-le toi-même », « faites-le ensemble »), et a résisté à la récupération par les logiques de l’entrepreneuriat et de la société de consommation, malgré la pression constante que celles-ci exercent.

Limites

En s’opposant aux courants dominants, le « fais-le toi-même » se positionne nécessairement à l’écart, ce qui constitue le fondement des critiques anarchistes à l’égard du DIY. Fredy Perlman (1983 : 11) soutient que « cette forme de production ne peut avoir lieu que de manière marginale, l’appropriation et l’utilisation, par les humains, des matériaux et outils à leur disposition n’est possible qu’après l’abolition de la forme d’activité capitaliste » [32]. A.K. Thompson estime que « la majorité de la production axée sur le ’fais-le toi-même’ reste, par nature, figurative et révèle simplement l’intention qu’ont les personnes d’être des producteurs directs » [33] (2010 : 22). Stacy Thompson concède que la production axée sur le « fais-le toi-même » ne parvient pas à précipiter « la chute définitive du mode de production capitaliste » [34] (2004 : 81-82), ni localement ni temporairement. Ce pessimisme découle peut-être d’attentes élevées et inatteignables quant à ce que le Do-It-Yourself devrait, ou pourrait, permettre d’accomplir. Pour Noys, « reconnaître les limites du ’fais-le toi-même’ ne revient pas à dire que les pratiques associées ne sont pas utiles ni sources de transformation – le ’fais-le toi-même’ préfigure des économies alternatives et, dans une certaine mesure, symbolise ces possibilités, tout en fournissant une infrastructure matérielle aux cultures de résistance  » [35] (2020 : 32). « L’expropriation partielle » de Pouget est également pertinente dans ce contexte ; selon Errico Malatesta, un autre anarchiste classique, « l’anarchisme est nécessairement progressif  » [36] (1995 [1925] [je souligne]).

Dans cet article, je me suis concentré sur la radicalité du « fais-le toi-même », mais il est important de reconnaître, et c’est l’avis de Michelle Liptrot, que « le DIY punk n’est pas entièrement dénué de visée commerciale ni complètement autonome » [37] (2013 : 233). En plus de souligner les limites du caractère révolutionnaire de ce mouvement, certaines personnes célèbrent même les applications commerciales du DIY – l’entrepreneuriat punk capitaliste de l’autrice Caroline Moore en est un des exemples les plus frappants. De manière préventive, elle qualifie négligemment la réaction de la «  police punk » « d’ennuyeuse » (2016 : 91), en soutenant que les opposants à sa version axée sur le profit du « fais‑le toi-même », « ayant écouté trop de groupes anarchistes, anticapitalistes et punks hippies, ont une perception faussée de l’argent » [38] (Jeff Finley dans Moore, 2016 : 94). Le DIY capitaliste de Moore ne constitue, heureusement, qu’une composante minoritaire du panthéon de la production/consommation axée sur le « fais-le toi-même » mais le problème de l’assimilation par des logiques commerciales persiste. L’accroissement de l’attention accordée au « faites-le ensemble » et l’élargissement des cultures de résistance, entre autres, permettent toutefois d’éviter ces écueils.

 Conclusion et ouverture : le DIY punk, en bref

Dans cet article, je me suis penché sur les formes prises par le Do-It-Yourself dans l’anarchisme, davantage que dans le punk. Mon intention n’était pas de minimiser l’influence considérable du punk sur le DIY, mais d’établir les tensions fondamentales sur lesquelles repose l’existence complexe du Do-It-Yourself punk et anarchiste dans toutes sortes de contextes. Cependant, il serait bien malvenu de faire l’impasse sur l’ensemble du punk.

Le terme Do-it-Yourself est employé dans un contexte punk pour la première fois en octobre 1976 par Caroline Coon, dans un article du magazine britannique Melody Maker, ce qui, comme je l’ai montré, est loin d’être la première utilisation du terme en dehors du cadre de la rénovation domestique. Selon Dickhead Bidge (un pseudonyme qui se moque du sémioticien Dick Hebdige), « la “vertu” du ’fais-le toi-même’ dans le punk a surgi d’un besoin, mais s’est rapidement établie comme une manifestation saisissante de l’anarchisme intuitif inhérent aux débuts du punk, et comme un principe central et permanent des cultures punks qui existent à l’écart des courants dominants » [39] (2019 : 22). Le passage d’une interprétation du « fais-le toi‑même » au sens d’une nécessité à celle du « fais-le toi-même » au sens d’un principe devient apparent en 1979. Cette même année sortent les morceaux apparentés au punk des The Cut-Outs et de Ian Dury and the Blockheads, discutés ci-dessus, ainsi que des morceaux punks bien plus proches du « fais-le toi-même » des groupes The Grout (Do It Yourself, 1979), The Door And The Window (« D.I.Y », 1979) et Androids Of Mu (« Space For DIY Freaks », 1979). En 1979, les premiers morceaux de distributeurs influencés par le « fais-le toi-même » (et par l’anarchie), tels que Crass Records et Alternative Tentacles, voient également le jour – ces labels prennent le « fais-le toi-même » bien plus au sérieux que leurs précurseurs qui mettaient plus ou moins le DIY en pratique (notamment Small Wonder, New Hormones, Good Vibrations ou, comme mentionné ci-dessus, Stiff). D’une certaine manière, cela marque un retour au « fais-le toi-même » en tant que nécessité, car les labels commerciaux ne sont plus intéressés par le punk à ce moment-là, mais aussi le début des réseaux florissants de production, de distribution et de consommation fondés sur le « fais-le toi-même » (et le « faites-le ensemble ») et influencés par l’anarchisme qui s’observent aujourd’hui partout dans le monde. Enfin, comme je l’ai souligné, l’éthique du DIY a inspiré de très nombreuses formes de militantisme anarchiste associées au punk.

Ainsi, pour boucler la boucle, le marteau traverse les différentes analyses du DIY dans cet article : comme outil pour le bricoleur amateur, comme symbole du pouvoir du producteur, et comme symbole d’autonomisation et de libération (le métaphorique outil avec lequel « BRISER LE SYSTÈME »). Le DIY est toujours sous pression, au risque d’être récupéré dans des mantras d’autonomie individualiste ou réduit à une simple activité de consommation – notamment dans la production, la distribution et la consommation de produits punks. Mais, pour s’accorder avec George McKay, « le DIY mérite plus que le punk » [40] (2024 : 106). Retracer les racines du DIY au-delà (et bien avant) le punk permet de souligner la radicalité qui est au cœur même du fais-le toi-même et du bricolage.

Cet article a été traduit de l’anglais par Pierig Giraud

 Bibliographie

L’auteur a volontairement choisi de ne pas séparer les références bibliographiques des références discographiques : « Il est très important de conserver les deux ensemble. L’article prend les sources musicales au sérieux - elles ne constituent pas une ressource de second ordre. Il est inhérent à la méthodologie de l’article de les maintenir comme une source de connaissances tout aussi respectée ».

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Notes

[1] « Much of the joy of living is in doing things yourself – in seeing ideas translated into reality, through your own initiative and creativity ! » (Peter Barclay and his Orchestra, 1955).

[2] « A working class asian version of the « smash patriarchy » one » (Nute, 2010).

[3] « Politics, music, animal liberation, anarchism, visual arts, feminism, activism, decolonisation » (Nute DeviantArt web page, n.d.).

[4] « the antithesis of the American protest song » that has « lost all social intention, withering into a song without a message  » (Becker, 2024 : 471).

[5] Dans cet article, l’expression « Do-It-Yourself sera systématiquement écrite de cette manière. La version sans trait d’union n’apparaît que lorsque cette forme est utilisée par d’autres (en citant, par exemple, le titre d’un disque, comme ci-dessus).

[6] L’« antimethod  » de Korsyn peut être définie de la manière suivante : « Une activité incomplète, faisant de la critique un processus continu, plutôt qu’une étape qui sera remplacée par l’arrivée à une nouvelle orthodoxie ou à un nouveau consensus  » (Korsyn, 2003 : 50). [« an incomplete activity, making critique an ongoing process, rather than a stage that will be superseded by arriving at a new orthodoxy or consensus »].

[7] « production and use  » (Thompson Klein, Parncutt, 2010 : 137).

[8] « [homeowners are encouraged] to paint their houses themselves rather than hire professional painters » (Smith, 2011 : 2).

[9] « later 1950s consumerism  » (Browne, 2000 : 131).

[10] « paintbrushes, wallpaper, wallpaper ties and even earrings in the shape of a paint pot & brush » (Discogs.com, n.d.).

[11] « the commodification of an original artefact may dilute the impact of the pure product, but it doesn’t render it meaningless » (Taylor, 2003 : 13).

[12] « […] self-driven, self-directed amateur design and production activity carried out more closely to the end user of the goods created » (Atkinson, 2006).

[13] « the joy of living is … in seeing ideas translated into reality, through your own initiative and creativity » (Peter Barclay and his Orchestra, 1955).

[14] « DIY’s most consistent historical and theoretical antecedents lie in anarchist thought and practice  » (McKay, 1988 : 14).

[15] « the essence of anarchist action » (Woodcock, 1986 : 421).

[16] « a grass-roots do-it-yourself kind of action » (Ostergaard dans Ward, 1987 : 141).

[17] « DIY union  » (Kirkpatrick, 2014 : 246 ; IWW Cymru, 2021).

[18] Je garde ici le terme anglais « DIY » délibérément, afin de préserver la tension entre les notions de « bricolage » et de « fais-le toi-même ». Cette ambiguïté intéressante risquerait de disparaître si nous options pour l’une ou l’autre traduction dans la plupart des exemples ci-dessus.

[19] « a form of cultural production that can turn passive consumers into producers in their own right  » (Dunn, 2012 : 234).

[20] « [t]he DIY principle can be, and is, applied to almost everything anarchists consume » (Portwood-Stacer, 2013 : 13).

[21] « a re-integration of production and consumption » (Shantz, 2012 [accentuation ajoutée]).

[22] « the production, distribution, and consumption process » (Jeppesen, 2018 : 203 [accentuation ajoutée]).

[23] « What then is the press supposed to be freed from ? Surely from any dependence, adherence, and servitude ! … it can be assumed with certainty that if you have liberated yourself from servitude, that what you compose and write will also belong to you as your own, instead of having been thought and drawn up in the service of some power » (Stirner, 2017 [1845]).

[24] « [it] takes the powerful message out of punk (or anarchism, protest, hip-hop, etc.) and sells it back to people, emptied of its former meaning » (Jeppesen, 2011 : 29).

[25] « The autonomy of the entire field [scene, culture] is weakened  » (O’Connor, 2008 : 24).

[26] « magnate in miniature » (CrimethInc., 2011 : 88).

[27] « [m]ore DIY production means less corporate capitalist production and less State control » (Noys, 2020 : 26).

[28] « the more people apply it [DIY] on every level … the more ineffective restrictive structures will become and the more dependence will be replaced by individual and collective self-reliance  » (Woodcock, 1986 : 421).

[29] « The Anarchists have preached direct action, spontaneity and self-activity and evidently grow on what they preach […] immediate tactical creativeness [is a distinguishing feature of anarchism]  » (Quail, 1978 : 307-308).

[30] « There is a tremendous emphasis in DIY culture laid on actually doing something in the social or political realm  » (McKay, 1998 : 4).

[31] « If not now, when ? » (McKay, 1998 : 11).

[32] « [this form of production] can only be done marginally ; men’s [sic] appropriation and use of the materials and tools available to them can only take place after the overthrow of the capitalist form of activity » (Perlman, 1983 : 11).

[33] « [most DIY productionremains representational in character [and is indicative of] people’s intention to become direct producers » (A.K. Thompson, 2010 : 22).

[34] « a complete overthrow of the capitalist mode of production » (S. Thompson, 2004 : 81-82).

[35] « [a] recognition of DIY’s limitations is not to say that DIY is not worthwhile or transformative – it prefiguratively points to alternative economies, and to some degree embodies this alternative, while providing a material infrastructure for cultures of resistance  » (Noys, 2020 : 32).

[36] « anarchism is of necessity gradualist » (Malatesta, 1925 [accentuation ajoutée]).

[37] « [DIY punk] is neither completely autonomous nor completely autonomous » (Liptrot, 2013 : 233).

[38] « […] a skewed perception on money from listening to too many anarcho, anti-capitalist, hippie punk bands » (Jeff Finley dans Moore, 2016 : 94).

[39] « [t]he “virtue” of DIY [in punk] was discovered through necessity, but quickly became entrenched as a poignant manifestation of the intuitive anarchism inherent in early punk, and a continuing central tenet of punk cultures that exist outside of mainstream interference » (Bidge, 2019 : 22).

[40] « DIY deserves more than punk » (McKay, 2024 : 106).

Articles connexes :



-Transgression, appropriation et attachement à la marque : étude d’un singulier bricolage, par Muratore Isabelle, Nannipieri Olivier

-Du faire soi-même au faire ensemble : parcours d’empowerment en Humanlab, par Tehel Amélie

Pour citer l'article


Donaghey Jim, « Si j’avais un marteau : « bricolage » et « fais-le toi-même », ou la radicalité anarchiste du Do‑It‑Yourself au-delà du punk », dans revue ¿ Interrogations ?, N°39 - Créer, résister et faire soi-même : le DIY et ses imaginaires [en ligne], http://revue-interrogations.org/Si-j-avais-un-marteau-bricolage-et (Consulté le 21 décembre 2024).



ISSN électronique : 1778-3747

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