La question de l’identité dans la CMO (Communication Médiée par Ordinateur) devient une question fondamentale, surtout dans le Tchat. La considération de la dichotomie pseudonyme/avatar comme la première création identitaire du tchatteur nous incite à étudier ce phénomène dans les sites saoudiens du Tchat en exposant les éléments influant sur cette création. L’article se construit autour des deux questions du masquage derrière un pseudonyme et un avatar dans le Tchat et de la valeur identico-communicative de la dichotomie pseudonyme/avatar. A partir d’une méthode dite du sablier, s’appuyant sur un corpus en ligne de deux composants, questionnaire et entretiens, l’article conclut que le masquage des tchatteurs saoudiens est mis en œuvre à cause de contraintes politico-socio-religieuses. Le rôle identico-communicatif de la dichotomie ci-dessus réside dans la représentation d’une identité déclarative ’choisie’ par le tchatteur qui vise la réalisation de l’objectif communicatif de tchatter.
Mots-clés : identité, pseudonyme, avatar, masquage, Tchat.
The role of the nickname/avatar dichotomy in the identity-communicative construction : a case study of Saudi chat sites
The question of identity in the Computer-Mediated Communication has become an increasingly fundamental question in the chat environment. The consideration of the nickname/avatar dichotomy as the first identity creation of the chatter gives us incentive to study this phenomenon in Saudi websites dedicated to chat in order to identify its identity-communicative role. The article considers two major issues : hiding behind a nickname and an avatar while chatting, and, as a consequence, the identity-communicative value of this dichotomy. Based on an inductive method considering an on-line corpus of two components (questionnaire and interviews), the article concludes that the typical Saudi user implements hiding because of politico-socio-religious constraints. As for the identity-communicative role of the dichotomy, it roots in the representation of a declarative identity ’chosen’ to chatter, thus aiming at the realization of the communicative aim of chatting.
Keywords : identity, nickname, avatar, hiding, chat.
Depuis le début des recherches sur l’identité dans le Tchat, l’état de la littérature montre qu’elles sont liées à ce qu’on appelle ’le pseudonyme’ ou le nickname en anglais. Celui-ci est le nom que se choisit l’internaute et qui le désignera et l’identifiera auprès des autres connectés. Pourtant, il ne faut pas réduire le fait de s’identifier au nom seul, car l’identification pourrait passer par des éléments différents selon la place contextuelle : sociopolitique, affective, familiale, etc [1]. Le terme ’pseudonyme’ est défini couramment comme une dénomination choisie par une personne afin de masquer son identité. Il est donc le lieu où se construit une identité d’emprunt. A noter que celle-ci est conçue comme un produit interactionnel se construisant dans et par le cumul d’interactions successives d’une part. De l’autre, elle est conçue comme « étant fonction de l’usage social qui fait des ressources linguistiques gérées au niveau de la communauté linguistique […] un cadre interprétatif général aux comportements sociolinguistiques particuliers » [2]. En faisant un lien entre le pseudonyme et la notion d’identité, Bechar-Israeli insiste sur la considération du pseudonyme comme un indice qui ’dit’ qui sommes-nous et qui, par suite, informe les autres sur notre appartenance sociale, ethnique, religieuse, etc [3]. Les pseudonymes « constituent un lieu identitaire privilégié » [4], un substitut des marqueurs physiques du tchatteur, tels que le corps, le visage, etc.
D’un point de vue post-structuraliste, les pseudonymes peuvent être considérés non comme substitutifs du visage ou du corps, mais plutôt comme constitutifs de soi [5]. Bays souligne cette valeur indicatrice en considérant le pseudonyme comme le premier indicateur de l’individualité du tchatteur dans la rencontre d’un autre participant [6]. Shawli affirme cette valeur en précisant que « Le pseudonyme […] est un des éléments extralinguistiques, et le premier, qui permet d’ôter l’anonymat » [7]. La même valeur indicatrice d’identité prend une forme identico-communicative plus complexe lorsqu’on fait le lien entre elle et la décision de tchatter. Rigaut adopte cette idée en disant que « le premier temps de l’interaction se situe dans le décodage de son pseudo, dans l’interprétation de la référence sur laquelle celui-ci est établi, afin de décider de prendre ou non l’initiative de la conversation » [8]. Pourtant, l’utilisation, souvent techniquement obligatoire, d’un pseudonyme pourrait porter une autre dimension liée au fait de se masquer [9] car « les masques et l’autoexhibition font partie de la grammaire du cyberespace, comme les séquences chocs et les images fortes font partie de la grammaire de la télévision » [10].
Au sens socio-communicatif d’un côté et psychosocial de l’autre, le Tchat est un moyen communicatif discursif. Dans ce sens, c’est à partir du discours que l’on peut accomplir l’identification identitaire de tel ou tel tchatteur car « les échanges entre individus, qu’ils soient menés dans un contexte réel ou en ligne, ont aussi des effets importants sur la construction de l’identité d’une personne » [11]. En fait, l’aspect discursif n’est pas lié aux seules conversations du Tchat, mais apparaît inhérent aux pseudonymes. Le terme « échange » précité porte donc ici selon nous sur toutes productions langagières dans le Tchat, dont les pseudonymes.
Selon Mucchielli, l’identité est l’un des problèmes essentiels de toute situation de communication. C’est le tchatteur lui-même qui ferait l’action de s’identifier et non pas son partenaire. Par exemple, dans la dimension discursive du Tchat, une question très fréquente ayant pour forme le sigle « asv », qui demande l’âge, le sexe et la ville, représentant des éléments de la façade personnelle [12], peut recevoir une réponse contenant des informations personnelles vraies ou fausses considérées comme des indices primitifs de l’identité en prenant en compte que celle-ci est changeante car elle est dynamique du point de vue du paradigme subjectiviste des sciences humaines. Alors, c’est à partir des informations transmises au destinataire que celui-ci annule partiellement l’anonymat de son partenaire car « un individu qui accepte de présenter certaines de ses caractéristiques permet la reconnaissance de lui-même par autrui. Cette reconnaissance est une étape importante dans le processus de déploiement de la présence sociale […] c’est une manifestation de l’identité » [13]. « L’image construite de soi est donc soumise à la réponse de l’autre » [14].
Les expériences jouent un rôle remarquable lorsque l’on essaye d’identifier et d’évaluer l’autre. Nous pouvons comprendre, donc, que l’identification est une action individuelle qui compte sur le traitement d’une autre action individuelle, quantitative et qualitative : celle de la transformation des informations. Pour Goffman aussi, la présentation de soi repose sur l’ensemble des caractéristiques qu’un individu rend accessible à autrui. C’est pourquoi il n’est pas facile dans le Tchat de bien connaître l’autre, et de bien l’identifier socialement, psychologiquement, idéologiquement, etc., particulièrement si, d’une part, on élimine la notion de statut de Linton et celle de place et rapport de places de Flahault [15] à cause de la réincarnation de certains tchatteurs, et si on élimine également le concept de l’identité interactionnelle de Sacks [16]. Par conséquent, cela devient très difficile de connaître le niveau d’identité à partir duquel parle cet autre : énonce-t-il son identité (identité affirmée) ? Présente-t-il son identité (identité présentée), ou seulement certaines parties de son identité (identité de façade), ou certaines données délivrées délibérément (identité déclarative) ? Présente-t-il totalement, ou partiellement, ce qu’il ne veut pas être (identité négative représentée), ou son identité mixte où le réel se trouve avec le virtuel, ou encore son identité produite par le lien social selon des fonctionnalités déterminées par un système (identité numérique) ?
De plus, si on veut parler de l’identité dans le Tchat, certaines questions importantes se posent : Comment peut-on vérifier l’identité de l’autre ? Comment peut-on examiner l’usurpation de l’autre ? Et si on sait comment, est-il nécessaire de la vérifier ? Ne peut-on pas être en relation avec un autre sans vérification de la validité des informations qu’il nous a transmises ? Vérifie-t-on toujours les informations des autres dans notre vie ’réelle’ ? Selon nous, l’importance dans ce type communicatif c’est l’identité ’déclarée’, l’autre tel qu’il est devant nous sur l’écran, même s’il est parfois anonyme.
Dans cet article, nous abordons le sujet de l’identité dans le Tchat en Arabie Saoudite à partir de la première création du tchatteur : le pseudonyme. Le choix de ce terrain s’appuie sur plusieurs éléments : le fait d’être un membre de la société saoudienne, l’existence des pseudonymes ayant une relation contradictoire avec la nature dite ’conservatrice’ de la société, le très faible nombre d’études sur le Tchat faites en Arabie Saoudite et le désir de continuer à chercher dans ce domaine scientifique. Nous mettons l’accent, d’abord, sur les raisons de se masquer par un pseudonyme. Ensuite, nous abordons le sujet en insistant sur la valeur représentative identico-communicative dans le Tchat. Enfin, nous cherchons l’effet de l’autre sur la dimension constructive de l’identité dans le Tchat et nous abordons les notions d’instabilité identitaire et de stratégie identico-communicative dans le Tchat.
Contrairement aux autres études déjà faites sur le sujet, nous ne nous bornons pas au seul pseudonyme comme élément de la construction identitaire dans le Tchat. En effet, d’après nos observations participantes des sites saoudiens du Tchat, où l’accès ne nécessite aucune démarche d’inscription ou de paiement, nous trouvons que les pseudonymes ne sont plus les seuls éléments primitifs de ’l’identité’ du tchatteur. Désormais, ils sont accompagnés d’images (avatars). L’avatar représente une image choisie, par un tchatteur dans le Tchat, qui accompagne le pseudonyme de ce tchatteur dans la liste des connectés sans aucune nécessité d’une relation entre cette image et le corps du tchatteur [17]. L’avatar représenterait l’image qui est, selon Pierce, un ensemble de signes. Cette image est considérée comme le résultat d’une chaîne de traitement de l’information, selon Shannon [18]. Par conséquent, l’avatar impliquerait les trois notions formulant la pyramide sémiotique de l’image : symbole, icône et indice.
Une fois qu’on accède au service du Tchat, on tombe sur un écran divisé en deux zones. Celle de droite se consacre aux noms des canaux de site, tandis que l’autre, à gauche, se consacre aux activités des tchatteurs, telles que les échanges conversationnels et les activités d’administrateurs du site (compétitions, conseils, etc.). Lorsqu’on choisit un salon de Tchat, un nouvel écran divisé en deux zones remplace le premier. Sur cet écran, on trouve les pseudonymes des tchatteurs, selon un classement alphabétique d’ASCII ’American Standard Code for Information Interchange’, accompagnés de leur avatar choisi dans la zone de droite [19] tandis que les activités des tchatteurs et du site sont à gauche. Le fait que chaque tchatteur apparait dans le site de Tchat par un pseudonyme et un avatar nous amène à nous interroger quant au rôle joué par ces deux éléments dans la construction identico-communicative dans le Tchat. Ces deux éléments apparaissent ensemble, soit dans la liste de connectés, soit simultanément avec chaque énoncé adressé par le tchatteur. Parce que pseudonyme et avatar présentant une relation de coexistence (illustrée ci-dessous), nous préférons parler d’une dichotomie pseudonyme/avatar (désormais P/A) plutôt que de deux éléments séparés :
Cette dichotomie représente le premier élément identitaire du tchatteur. Grâce à l’influence de cet élément identitaire dans la chaîne communicative, la dimension identico-communicative de la dichotomie P/A se met en valeur. En fait, l’existence de pseudonymes et d’avatars côte-à-côte nous incite à étudier ce phénomène dichotomique, et juxtaposé, en visant deux objectifs principaux : d’une part, saisir les raisons du masquage chez les tchatteurs saoudiens, la relation de cette action avec la construction identitaire dans le Tchat et l’influence de ce masquage sur l’opération communicative de tchatteur ; d’autre part, identifier l’importance représentative et la valeur identico-communicative de la dichotomie P/A chez les tchatteurs saoudiens en faisant une comparaison entre ces deux composants de la dichotomie. Le concept d’identité dans cet article se limite donc à trois critères : le masquage, le pseudonyme et l’avatar.
Considérant une société désignée habituellement comme une société conservatrice, celle d’Arabie Saoudite, et le développement techno-communicatif présenté par la CMO (Communication Médiée par Ordinateur) jusqu’alors inédit à l’intérieur de cette société, l’article expose le rôle de la dichotomie P/A comme le premier élément identitaire dans la construction identico-communicative des tchatteurs, usagers du Tchat, dans les sites saoudiens du Tchat. Il s’intéresse à la relation entre ce type de construction et la dimension politico-socio-religieuse de ces tchatteurs d’un point de vue sociolinguistique. Y a-t-il une influence de l’arrière-plan socioculturel saoudien sur la construction identico-communicative des tchatteurs saoudiens ? Si oui, dans quel sens et à quelle mesure ? D’ailleurs, en posant comme hypothèse que le Tchat représente pour les tchatteurs saoudiens une vraie piste de liberté au point qu’on le pratique afin de se libérer de toutes sortes de contraintes socioculturelles en communiquant avec les autres, quelle spécificité socioculturelle porte ce moyen de CMO en Arabie Saoudite par rapport aux autres pays, spécialement, occidentaux ?
Nous adoptons dans cette étude la méthodologie du sablier où on part du global (par des observations participantes) à l’analytique (via enquête et entretiens) pour arriver à une synthèse interprétative. Le corpus sur lequel nous fondons notre analyse est constitué de deux composantes : une enquête et des entretiens. Notre travail implique une orientation pluridisciplinaire comme beaucoup d’études faites sur le Tchat : sociolinguistique, sociotechnique, socio-communicative, psychosociale, etc. La conjugaison de ces différentes voies de recherche nous permet de mieux réaliser nos objectifs. Notre terrain de recherche est un site saoudien du Tchat (www.te3p.com) où se trouvent des centaines des tchatteurs (pour la plupart des tchatteurs saoudiens). Concrètement, comme dans le cadre d’études portant sur d’autres pays et d’autres sites, lorsqu’on parle d’ « un site saoudien du Tchat » on désigne en fait un des services existant sur ce site et non pas le seul service proposé par le site. En effet, nous ne nous intéressons qu’à un seul ’salon’ dans ce site du Tchat, le principal, où se trouve la moitié des tchatteurs accédant au site. Au contraire des autres salons du site, chacun peut accéder à ce salon à tout moment car le nombre maximal des tchatteurs autorisés y est très élevé. Afin d’accéder aux salons du Tchat, il faut impérativement introduire un pseudonyme qui ne doit pas être pris par un(e) autre tchatteur(euse) au moment de l’accès. La distinction alors est une obligation même si on se distingue simplement par le fait d’ajouter des points, de doubler un graphème, etc., en prenant en compte l’espace (nombre de caractères) limité du pseudonyme. Pourtant, on n’a pas toute la liberté de choisir le pseudonyme que l’on désire à cause d’un certain contrôle administratif de la part du site qui pourrait interdire l’utilisation de tel ou tel pseudonyme. Par conséquent, on ne peut pas accéder au Tchat sans changer le pseudonyme ’refusé’. Les pseudonymes ayant une connotation sexuelle, politique, vulgaire ne sont pas les bienvenus. Evidemment, ce type de restriction pourrait influer sur la construction identitaire des tchatteurs, puisque l’expression de soi n’a pas une totale liberté. Cependant, ce contrôle effectué sur la liberté de s’exprimer est un contrôle de nature technique. Alors, si on est interdit d’accès au Tchat à cause de l’utilisation d’un mot inacceptable par le site, le même mot ne le sera plus en le modifiant par le doublement d’un graphème par exemple. Quant aux avatars, le tchatteur peut n’en choisir qu’un seul parmi les six cent dix-huit proposés par le site. A noter qu’au contraire des pseudonymes, plusieurs tchatteurs peuvent choisir le même avatar. En cas d’oubli ou de non-choix d’un avatar, une image neutre contenant le nom du site s’affiche à côté du pseudonyme.
Il est à noter que nous invitons les tchatteurs à participer à notre enquête en ligne en leur donnant toute la liberté d’accepter ou de refuser l’invitation sans aucune obligation : c’est une participation volontaire. D’abord, nous présentons notre sujet ainsi que la manière de répondre à nos questions en deux lignes. Ensuite, en cas d’accord (cent vingt cas), nous envoyons les questions de l’enquête une par une en attendant la réponse à la question envoyée avant d’envoyer la suivante. En cas de refus (cent soixante-deux cas), nous remercions le tchatteur et quittons l’écran du Tchat à deux. Nous pensons qu’une telle méthodologie s’accorde bien avec la nature virtuelle de notre sujet. Notre choix des participants est complètement arbitraire, les caractéristiques de la population sont floues et nous n’accordons pas d’importance au pseudonyme du participant ni à son avatar.
L’enquête se construit autour de deux axes principaux : la valeur représentative de la dichotomie P/A et l’influence de cette valeur sur la dimension communicative d’une part, et la valeur identitaire de la dichotomie P/A d’autre part.
Nous adoptons le même principe méthodologique quant à nos quatre entretiens, tous réalisés en ligne volontairement. Notons que, comme c’est le cas pour tous les sites saoudiens du Tchat, il est impossible d’enregistrer les conversations faites sur ce site, que ce soit sur le mode du Tchat public, ou du Tchat privé. Nous sommes donc obligé de transcrire les énoncés de chaque entretien un par un grâce à un logiciel de traitement de texte au moment de l’entretien.
L’Arabie Saoudite est un pays où toute la population est musulmane. L’Islam y domine tout : la finance, l’administration, les relations sociales, etc. « Dans tout récit du développement du Royaume d’Arabie Saoudite, on retrouve un fil conducteur qui relie les différents épisodes, et ce fil conducteur, c’est l’Islam » [20]. La religion ici ne porte pas seulement sur la ritualisation religieuse, mais elle s’intéresse aux valeurs au sens socioculturel du terme. Pourtant, de nouvelles valeurs prennent progressivement leur place dans cette société et se transforment de l’informel vers le formel [21]. Ces éléments socioculturels obtiendraient leur validation de la société même, consciemment et inconsciemment, en particulier de la part des jeunes qui représentent la majorité des tchatteurs. Mucchielli remarque cette caractéristique de la nouvelle génération en disant que « Les jeunes générations ne sont pas élevées dans les mêmes conditions que leur parents […] Chaque génération a sa perception de la société, ses modèles culturels, ses idéaux […] les jeunes générations vivent le décalage entre les normes de référence de leur parents et les conduites réelles de ceux-ci » [22].
Le masquage ou la dissimulation dont nous parlons ici s’intéresse à l’anonymat. Aucun des tchatteurs interrogés dans le cadre de notre recherche n’utilise son vrai nom en tchattant et tous se cachent toujours derrière un pseudonyme. La situation du masquage donne au tchatteur la liberté de s’identifier et de s’exprimer sans prendre comme référence les valeurs et les normes de la société qui impose des contraintes au tchatteur, qui s’efforce d’y obéir. Le tchatteur dans le Tchat est donc dans un univers différent du sien hors du Tchat. On y est loin du contrôle social au sens général du terme, mais, en même temps, se trouve un autre contrôle social, favorisé, où on peut évaluer ses actions librement avec le regard même d’autrui, au sens sartrien du terme, ce qu’on ne peut pas faire ailleurs. Dans ce sens, le tchatteur croit en la possibilité de changer les manières de personnages qu’il en a assez de jouer. Il essaye de faire quelque chose du Moi. En se masquant, on rejette notre ’être collectif’ (Durkheim) qui correspond aux systèmes d’idées, de sentiments et d’habitudes qui expriment en nous non pas notre personnalité, mais le groupe dont nous faisons partie. Ce masquage met à part certaines croyances et pratiques morales, certaines traditions nationales, etc. C’est pourquoi le masquage sert à faire tout ce qu’on veut faire librement, selon nos témoins, simultanément avec le désir de ne pas être reconnu par quiconque, parce que, simplement, on fait des choses qui ne sont pas socialement acceptables. « Avec la création de […] personnage-écran […] s’ouvre la possibilité d’un discours que l’on a qualifié d’intime, de ’plus vrai’ sensé être dégagé de tous les travestissements sociaux » [23]. Dans ce sens, les tchatteurs saoudiens se trouvent dans une situation similaire à celle de tchatteurs appartenant au monde occidental. Cependant, leur spécificité apparaît lorsqu’on comprend que pour les Occidentaux, le fait de se masquer pour dire tout ce qu’on désire ne s’oppose pas aux valeurs socioculturelles de leur société d’appartenance. Car dans les sociétés occidentales on peut légalement dire plus que dans la société saoudienne sans avoir peur de sanction. Le masquage y apparaît davantage comme un choix personnel. Pour les tchatteurs saoudiens, le fait de se masquer pour dire tout ce qu’on désire est une obligation socioculturelle car on peut être sanctionné si on ’dépasse’ certaines limites religieuses, politiques ou sociales (limites plus contraignantes que dans les sociétés occidentales). Il est à noter que, selon nos témoins et d’après notre observation participante, les dimensions sexuelles au sens socio-politico-religieux du terme font partie des trois principales thématiques retenues dans les conversations des tchatteurs saoudiens.
D’après Jaureguiberry, la manipulation de soi à laquelle certains internautes se livrent en empruntant un sexe, âge, statut, etc., autre que le leur dans le Tchat se multiplie. C’est toujours parce que l’identité empruntée ne peut pas être réellement jouée dans la société qu’elle l’est virtuellement sur Internet. Alors, selon nous, on a deux images identitaires différentes : une au sein de sa société, le Moi social, et une autre, voire des autres, au sein du Tchat, le Moi individuel qui devient le Soi de tchatteur. La première essaye souvent de garder les valeurs socioculturelles de la société, tandis que l’autre essaye souvent de se libérer des contraintes socioculturelles. « Sous un angle socioculturel, le Tchat […] des Saoudiens représente pour ces derniers un ’portail’ de libération, au plan des normes linguistiques, sociales ou culturelles » [24], car « le virtuel autorise des expériences inédites et libère l’imagination que le réel en vient à être vécu différemment ou que de nouvelles exigences apparaissent » [25].
Le fait de remplir case « pseudonyme » lors d’une inscription au Tchat est une ’obligation’ technique pour les utilisateurs dans les sites saoudiens de Tchat pour pouvoir accéder aux salons du Tchat même si la case peut-être remplie par des points « … ». Quant à l’avatar, il est qualifié de ’choix’. L’aspect technique des composants de la dichotomie est donc différent. Loin du point de vue technique, la majorité de nos enquêtés considère le pseudonyme comme représentant leur véritable identité. La véritable identité porte ici sur certains caractères : physiques, sociaux, psychiques selon le référent de chaque tchatteur. Alors, on déclare ce qu’on pense comme nous présentant et simultanément ce qu’on pense comme pouvant établir une chaîne communicative entre soi et l’autre, voire les autres. Le tchatteur par cela se retrouve entre deux éléments qui influent sur son identité tchattienne. Souvent, on n’utilise cette ’identité tchattienne’ que dans le Tchat. D’après une de nos témoins, son pseudonyme désignant sa véritable identité est un critère qui la représente franchement afin de s’engager conversationellement. Pourtant, elle effectue des changements sur le pseudonyme en gardant la valeur identitaire de celui-ci. Pour elle, son référent est son physique. Alors, elle utilise des pseudonymes tels que que : « la belle pour les filles », « la blonde pour les nanas », « la femme aux yeux verts pour les filles chaudes », etc. Cela représente un bon exemple du masquage à cause des contraintes socioculturelles. Il est claire que l’enquêtée ci-dessus est lesbienne ce qui est carrément refusé politiquement, religieusement et socialement en Arabie Saoudite surtout par les non-homosexuels. Les choses se compliquent si on apprend que la majorité des conversations du Tchat des Saoudiens se déroulent autour du sexe comme un thème récurrent. Celui-ci est un des trois tabous de la société à côté de la religion et la politique. A partir de cela, l’identité tchattienne, ou l’identité déclarée ici, des tchatteurs saoudiens ne peut être qu’une identité empruntée pour réaliser des objectifs personnels : des rencontres en réel (dans le monde physique), des paroles en toute liberté (dans le monde virtuel), etc. Par ce fait, le Tchat représente une des aires rares de liberté en Arabie Saoudite. Selon un de nos témoins « je tchatte parce que […] personne ne peut me reconnaître même si je pratique la vulgarité ou le sexe comme tous les tchatteurs avec qui je parle ou ceux qui se cachent derrière des pseudonymes dans le Tchat ».
Pour le tiers d’enquêtés, l’avatar choisi porte sur leurs identités désirées. Le sens du désir ici a la situation circonstancielle comme référent. Pour nos enquêtés, l’avatar décrit leur pseudonyme plus qu’il ne le signifie. Cette description nous confirme la position de base du pseudonyme par rapport à l’avatar dans la dichotomie P/A. Cette position s’interprète par le fait que l’avatar est un composant dépendant du pseudonyme. D’autre part, cela nous montre le pouvoir du pseudonyme dans le Tchat au point qu’il est signifiant en propre.
Certains de nos enquêtés gardent leur pseudonyme en tchattant et ne le changent pas en raison du passé réussi, au sens communicatif du terme, du pseudonyme utilisé. Par ce fait, le tchatteur cherche la réalisation de son but de tchatter : l’engagement conversationnel, ce qui ne pourrait pas se réaliser en changeant le pseudonyme utilisé. Le lien est fort entre le pseudonyme et le tchatteur au point que celui-ci ne le change même pas lorsqu’il change de salon de Tchat.
La valeur communicative du pseudonyme ne se borne pas à attirer l’attention des tchatteurs pour lancer la conversation, mais demeure dans la conscience du tchatteur par le fait qu’elle joue un rôle primordial dans l’acceptation/le refus de s’engager dans une conversation lancée par le tchatteur. Dans ce sens, le pseudonyme, a une valeur identitaire par le fait que le tchatteur le prend en compte consciemment et lui donne une position identifiable pour lui. Le résultat de cette identification vient de l’autre tchatteur par l’acceptation ou le refus de l’engagement conversationnel. L’identification ici « oriente tout le processus de la communication avec autrui » [26].
D’ailleurs, et quant à l’avatar, nous trouvons que le quart de nos enquêtés seulement gardent leur avatar en tchattant et ne le changent pas. Selon nos enquêtés, nous pouvons conclure que les deux composants de la dichotomie identitaire P/A se ressemblent au niveau des raisons pour lesquelles les tchatteurs les gardent chaque fois qu’ils accèdent au Tchat. Il est donc clair que la perception du tchatteur par les autres est une des premières choses auxquelles il pense en accédant au Tchat.
A côté des tchatteurs bien attachés à leur pseudonyme et leur avatar, il y en a d’autres qui ne le sont pas. Ces autres tchatteurs ont une autre stratégie tchattienne basée sur l’instabilité identitaire. Comme on peut le constater de ce terme même, l’essentiel de cette stratégie c’est le changement. Celui-ci se pratique aux deux niveaux de la dichotomie P/A. D’après nos enquêtés, la plupart d’entre ceux ayant une instabilité identitaire changent leur avatar en changeant leur objectif de Tchat. Le changement de pseudonyme représente le deuxième type de changement. Cela peut s’effectuer tant dans la même séance que dans différentes séances. Le fait que le changement s’effectue sur l’avatar plus que le pseudonyme s’interprète par le résultat ci-dessus concernant les raisons d’attachement à l’avatar (raisons identitaires et communicatives). L’importance de ce changement est partagée entre les attachés et les non-attachés à l’avatar même si on n’a pas la même désignation catégorielle : nécessité identitaire et identité nécessaire.
Certains enquêtés changent leur pseudonyme en changeant de salon de Tchat. D’un point de vue psychosocial, ils cherchent la satisfaction. Celle-ci porte sur l’estimation de soi dans un environnement d’appartenance. Lorsqu’un tchatteur pense qu’il est refusé dans un salon donné du Tchat, du fait surtout d’un non-engagement conversationnel, la première chose à laquelle il pense comme stratégie c’est d’aller accéder à un autre salon. Tout de suite, il cherche l’appartenance à ce salon soit par la création d’un pseudonyme appartenant au salon comme « trentaine » pour un salon surnommé « les trentaines » soit par le choix d’un avatar ayant une relation avec le salon. En fait, par ce type de changement de salon, le tchatteur peut avoir plusieurs identités de façade en prenant en compte le fait que la fonction de cette identité est de masquer.
Dans beaucoup moins de situations, les tchatteurs changent leur pseudonyme ou/et avatar afin de se re-dissimuler pour que personne ne les reconnaisse. Le tchatteur adopte cette stratégie particulièrement pour échapper aux jugements par autrui portant sur une évaluation négative de la part de cet autrui, soit dans le même salon du Tchat, soit dans un autre. Selon nos témoins, on adopte cette même stratégie aussi lorsqu’on cherche à actualiser sa présence dans le Tchat et à s’engager dans une autre, voire d’autres, conversation(s).
La présentation de soi est l’étape primaire dans la reconnaissance d’une identité individuelle dans le Tchat comme type de CMO. Elle initie le processus de déploiement de la présence sociale. Pour Mucchielli « chaque identité trouve […] son fondement dans l’ensemble des autres identités » [27]. A partir de là, on peut constater que la reconnaissance de son identité passe par autrui. Fortin estime cette théorie comme la phase qui permet l’émergence d’une présence sociale [28]. Dans un environnement de CMO comme le Tchat, cette présence renvoie « au degré de sensation, de perception et de réaction par rapport à une autre entité » [29]. Alors, on existe car les autres sentent son existence, ou selon Sartre « je me vois parce qu’on me voit » [30].
Dans le Tchat, certains tchatteurs essayent de trouver l’appartenance à un salon donné en créant, d’abord, un pseudonyme s’accordant avec ce salon. Leurs activités conversationnelles, ensuite, renforcent ou affaiblissent cette appartenance. La conséquence c’est l’acceptation des membres du salon de Tchat ou le rejet. Pour ces tchatteurs, l’acceptation représente la réussite. Or l’échec, ou le rejet, ne veut pas dire le changement de salon directement. L’espoir reste, et restera toujours selon nos témoins puisqu’on peut changer de pseudonyme plusieurs fois et réessayer encore plusieurs fois de s’intégrer dans le même salon.
Certains autres tchatteurs dépassent cette étape d’appartenance sociale en s’orientant vers un autre individu. Le tchatteur cherche à s’accorder avec un autre tchatteur bien précis afin d’établir un engagement conversationnel avec lui. Cette action passe toujours par la création de pseudonyme ayant le sens de concordance avec l’autre pseudonyme ’ciblé’. L’avatar choisi, selon nos témoins, renforce toujours la signification de ce pseudonyme créé par une voie descriptive. Par exemple, on peut trouver un pseudonyme tel « je suis là pour les seules » ou « le dompteur de la solitude » ciblant un autre tel « la seule » ou « je déteste la solitude ». Selon nos témoins, il arrive parfois qu’un pseudonyme plaise à un tchatteur surtout si celui-ci est accompagné d’un avatar ’séduisant’. Alors, le tchatteur quitte le salon tout de suite pour un moment afin d’y rentrer avec un autre pseudonyme bien accordé au pseudonyme déjà existant. Cette image de pseudonyme sert, d’autre part, à mettre en place une convivialité entre les deux tchatteurs en question. Dans ce sens, ce dialogue paralinguistique nous semble comme un code dans la construction identitaire où on nivèle le terrain pour effectuer une conversation à deux. Cela s’accorde bien avec la considération de l’identité comme un produit interactionnel selon Burger [31].
Le fait même de créer un pseudonyme ou choisir un avatar quelconque pour attirer l’attention des autres tchatteurs afin de s’engager dans une conversation porte sur le besoin d’exister. Dans ce cas, c’est l’existence et non plus l’appartenance que cherche le tchatteur où « Le premier besoin est […] de se sentir exister aux yeux d’autrui » [32].
Dans les cas ci-dessus, le tchatteur représente quelqu’un pour quelqu’un d’autre. Par conséquent, il n’est plus lui car il est un autre. Cet autre favorise une identité circonstancielle visant un objectif bien identifié : s’engager dans une conversation. L’élément principal partagé entre l’appartenance et l’existence dans le Tchat, ci-dessus, c’est l’objectif d’engagement conversationnel. On voit que, dans les deux axes, il détermine le comportement du tchatteur. Par conséquent, ce dernier se déguise avec un masque identico-communicatif n’ayant que le pseudonyme et l’avatar comme titre. Grâce à cette clé identitaire dichotomique, le tchatteur trouve sa place dans la liste de connectés (socio-techniquement), trouve son chemin dans le fil de conversations (socio-linguistiquement) et trouve sa position au milieu des tchatteurs (psycho-socialement).
Dans cet article, nous essayons de mettre l’accent sur le concept de la construction identico-communicative dans les sites saoudiens du Tchat en partant de l’idée que ce principe passe par la dichotomie P/A et en utilisant un corpus issu de l’administration d’un questionnaire et d’entretiens en ligne. A partir de notre recherche, nous trouvons, dans un premier temps, que le masque est un acte habituel chez les tchatteurs saoudiens mis en œuvre à cause des contraintes socioculturelles. L’habitant d’Arabie Saoudite vit dans une société conservatrice où il ne peut pas être ’libre’ de ses comportements ni faire tout ce qu’il veut sauf s’il est masqué, ce que permet le Tchat [33]. Le contexte politico-socio-religieux favorise cette situation du masquage. Celui-ci est considéré pour les tchatteurs saoudiens comme une obligation pour obtenir une liberté de s’exprimer. Selon Tisseron « Les mondes virtuels […] renouent en quelque sorte avec la tradition du carnaval, en s’autorisant à dire des choses que l’on ne s’autorise pas habituellement, parce qu’on est masqué » [34].
A cause de l’absence de marqueurs physiques, les tchatteurs cherchent à s’identifier et faire passer le maximum d’informations sur eux qui les aident à réaliser leurs objectifs de tchatter. Ils utilisent tous les éléments disponibles pour y arriver. Les informations envoyées ne sont pas nécessairement ’vraies’ mais plutôt désirées. L’avatar est un élément ajouté au pseudonyme, l’élément identitaire de base, qui peut les aider à réaliser cet objectif d’identification pour autrui. Pourtant, l’utilisation permanente, par certains tchatteurs, de pseudonyme ou d’avatar représente un des indices de la relation entre ces éléments en utilisation et leur utilisateur. Cependant, ce pseudonyme ou cet avatar en usage ne représente pas nécessairement l’identité de l’utilisateur existant au monde physique. Car on peut s’attacher à un pseudonyme ou un avatar seulement pour se faire connaître, et par conséquent on crée l’identité par laquelle on veut que les autres nous reconnaissent. D’ailleurs, on trouve un autre type de tchatteurs pour lequel l’identité dans le Tchat est une identité déclarative circonstancielle où le tchatteur lui-même est la seule source des informations délivrées délibérément par son pseudonyme utilisé et son avatar choisi à un moment donné selon son objectif de tchatter, à l’opposition de l’identité agissante ou calculée qui se trouvent, selon Fanny, dans les autres types de CMO comme Facebook ou U-lik [35]. Par cette voie, la dichotomie donne naissance à ce que nous appelons ’la pseudo-entité’. Celle-ci ne se met en scène que pour déclarer l’objectif de tchatter.
Il est nécessaire de prendre en compte deux éléments sociopolitiques, portant sur un axe technique, exercés sur la liberté de la construction identitaire des Saoudiens dans le Tchat. Le premier élément est l’impossibilité d’enregistrer les conversations. Cet élément permet de garder une belle image de la société où seulement les participants à/aux conversation(s) peuvent connaitre l’autre visage de la société. Le deuxième élément est l’existence du contrôle administratif qui interdit tout pseudonyme ne respectant pas les normes socioculturelles du pays en visant, toujours, le même objectif ci-dessus.
Malgré ces deux éléments, la construction identico-communicative des tchatteurs saoudiens trouve son chemin dans les sites saoudiens du Tchat. Cette construction porte soit sur un objectif socio-communicatif (l’engagement conversationnel), soit sur un objectif psychosocial (obtention de liberté en tchattant). L’utilisation de la dichotomie P/A représente un élément primordial dans la stratégie communicative globale du tchatteur, stratégie entendue comme la manière qu’un certain tchatteur adopte pour arriver à son objectif final d’accéder au Tchat. De nouveau, on trouve une relation étroite entre les éléments paralinguistiques et les éléments identitaires. Et une fois de plus, le terme objectif se met en place. Cette relation tripolaire (éléments paralinguistiques : P/A – éléments identitaires – objectif socio-communicatif ou/et psychosocial) nous affirme que l’on ne peut pas séparer la création de pseudonyme et le choix d’avatar de l’identité de tchatteur, autant qu’on ne peut pas séparer les deux composants de la dichotomie identitaire de l’objectif de tchatter.
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[1] A. Mucchielli, L’identité, Paris, PUF, 1986.
[2] I. Pierozak, Le français tchaté. Une étude en trois dimensions – sociolinguistique, syntaxique et graphique – d’usages IRC, Thèse de doctorat de l’Université d’Aix-Marseille I, 3 volumes, 2003, p. 689.
[3] H. Bechar-Israeli, « From
[4] I. Pierozak, op. cit, p. 708.
[5] J. Butler, Bodies That Matter : On the Discursive Limits of Sex, New York, London, Routledge, 1993.
[6] H. Bays, « Framing and face in Internet exchanges : A socio-cognitive approach », Linguistik online, 1, janvier 1998.
[7] A. Shawli, Le Tchat privé des Saoudiens (arabe et français) : approche sociolinguistique, Thèse de doctorat, 2009, p. 224.
[8] P. Rigaut, Au-delà du virtuel, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 117.
[9] L. Ruedenberg et al., « Virtual virtuosos : Play and performance at the computer keyboard », Electronic Journal of Communication, 4/5, 1995.
[10] H. Rheingold, Les communautés virtuelles, Paris, Addison-Wesley, 1995.
[11] J-M. Couillard, Communication médiatisée et présence sociale : une étude de cas sur des cours entièrement à distance de niveau universitaire, Mémoire de maitrise, Université Laval, 1 mars 2010, p. 10.
[12] E. Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne II : Les relations en public, Paris, Minuit, 1973, p. 30.
[13] J-M. Couillard, op. cit., p. 80.
[14] F. Perea, « L’identité numérique : de la cité à l’écran : Quelques aspects de la représentation de soi dans l’espace numérique », Les Enjeux de l’information et de la communication, 2010, p. 10.
[15] Pour plus d’explications sur ces notions cf. R. Vion, La communication verbale. Analyse des interactions, Paris, Hachette, Linguistique, 1992, pp. 78-80.
[16] Ce concept exige l’engagement dans une conversation donnée car il s’appuie sur l’organisation des tours de parole et la structuration conjointe et ordonnée de l’échange (H. Sacks et al., « A Simplest systematics for the organization of turn-taking in conversation »,, Language, 4/50, décembre 1974).
[17] Notre conceptualisation du terme avatar n’est pas la même que celle de l’avatar des jeux vidéo de Mouron où la principale caractéristique d’un avatar, selon lui, est « l’absence de lien avec une personne réelle » (F. Mouron, « Internet et identité virtuelle des personnes », Revue de la recherche juridique - Droit prospectif, 124, 2008/4, p. 30).
[18] Dans N. Everaert-Desmedt, Le processus interprétatif. Introduction à la sémiotique de Ch.S. Peirce, Liège, Mardaga, 1990.
[19] Cette zone droite de l’écran est multifonctionnelle. A partir de simples clics le tchatteur peut interdire à d’autre(s) tchatteur(s) de lui envoyer des messages, il peut déclarer sa situation comme occupée, il peut afficher tous les pseudonymes/avatars de tous les tchatteurs existant dans le site quel que soit leur ’salon’, etc.
[20] F. Al-Farsy, Modernité et tradition : L’équation saoudienne, Guernsey : Knight Communication Ltd, 1992, p. 21.
[21] E. T. Hall, Le langage silencieux [1959], Paris, Seuil, 1984.
[22] A. Mucchielli, op. cit., p. 99.
[23] F. Perea, « L’identité numérique : de la cité à l’écran. Quelques aspects de la représentation de soi dans l’espace numérique », Les Enjeux de l’information et de la communication, 2010, p. 11.
[24] A. Shawli, « Le Tchat privé des Saoudiens (arabe et français) », Cahier de Linguistique, 36/2, 2010, p. 94.
[25] F. Jauréguiberry, « Le Moi, le Soi et. Internet », Sociologie et société, 2/32, 2000, p. 140.
[26] A. Mucchielli, op. cit., p. 60.
[27] A. Mucchielli, op. cit., p. 36.
[28] A. Fortin, « Espace social, réseau et communauté à l’ère d’internet », dans Communautés et socialites : formes efforces du lien social dans la modernité tardive, Eric Gagnon et Francine Saillant (dir.), Montréal, Liber, 2005, pp. 95-107.
[29] C-H. Tu & M. McIsaac, « The relationship of social presence and interaction in online classes », The American Journal of Distance Education, 3/16, 2002, p. 146.
[30] J-P Sartre, SOS Philosophie.
[31] M. Burger, « L’identité négociée : ’rapports de place(s)’ dans un entretien télédiffusé », Cahier de Linguistique Française, 17, 1995, pp. 9-33.
[32] E-M. Lipiansky, Identité et communication : l’expérience groupale, Paris, PUF, 1992, p. 143.
[33] A noter que, selon notre observation participante, la plupart des pseudonymes utilisés dans les sites saoudiens du Tchat (et notamment sur le site de notre recherche) ont une connotation sexuelle indéniable.
[34] S. Tisseron, 2009, dans un ’Entretien avec Philippe Quéau’, diffusé à l’adresse, http://queau.eu/ extrait d’un entretien réalisé avec http://1libertaire.free.fr/tisseron4.html, dans F Perea, op. cit., p. 11.
[35] G. Fanny, « Communication médiée par ordinateur : un processus identitaire informatisé, vers une identité mixte », Congrès 2009 du CR33 de l’AISLF (Association Internationale des Sociologues de Langue Française), 2010.
Shawli Ashraf, « Le rôle de la dichotomie pseudonyme/avatar dans la construction identico-communicative : cas des sites saoudiens du Tchat », dans revue ¿ Interrogations ?, N°15. Identité fictive et fictionnalisation de l’identité (I), décembre 2012 [en ligne], https://revue-interrogations.org/Le-role-de-la-dichotomie (Consulté le 21 novembre 2024).